Psychologie

Témoignage: faire son coming out durant les Fêtes

Témoignage: faire son coming out durant les Fêtes

  Photographe : Lucila Perini | agoodson.com

Nous étions assis sur le canapé bleu à nous raconter nos vies, comme nous le faisions chaque Noël, et c’est sorti d’un jet: «Je suis gai.»

Ma cousine, avec qui j’entretiens une belle relation, m’a dit: «OK».

Une fois passée la surprise de cette révélation inopinée, elle a accueilli mon secret avec bienveillance et m’a posé plusieurs questions. Elle s’en doutait, mais attendait que je sois prêt à lui en parler.

 

Et ce jour était venu. J’étais prêt, mais quand même pas assez pour faire un appel à la nation. J’avais sélectionné certains alliés dans la famille qui se chargeraient de passer le mot aux leurs. Ma sortie du placard à mon clan rapproché – à mes parents, puis à ma sœur et à mon frère – avait déjà été assez éprouvante comme ça. 

«Il existe une multitude de façons de faire son coming out. Certaines personnes vont préférer le faire elles-mêmes pour contrôler l’information qui les concerne. D’autres vont dire: “Je consens à ce que tu en parles aux autres.” Or la ligne est mince entre en parler avec le consentement de l’autre et faire le coming out à la place de l’autre. Le faire sans le consentement de la personne, c’est quelque chose de super violent, alors il faut être prudent», explique Guillaume Perrier, intervenant chez AlterHéros.

J’avais 30 ans le jour où j’ai décidé de dire à ma mère que j’aimais les hommes. Mon masque était devenu trop lourd à porter. J’avais l’impression de mentir à tout le monde et de ne pas pouvoir être qui je suis réellement. Lors de cette conversation, je lui ai avoué avoir eu des idées noires tellement mes souffrances étaient grandes. Et je pense que c’est ce qui lui a fait le plus de peine. Je n’étais pas heureux, et je ne voulais pas que ma famille ait à vivre avec le fardeau de la honte et des regards. Quand elle m’a dit qu’elle m’aimait et que rien n’allait changer, un poids de 40 livres a disparu de mes épaules. Je suis allé décanter chez moi et j’ai couché les émotions qui m’habitaient sur papier. Ma mère voulait que je reste à souper, mais comme elle était la seule à connaître la vérité, je n’en avais pas la force ni le courage. Mon père et mon grand-père y seraient, et je ne voyais pas comment je pourrais les regarder dans les yeux sans faillir. Dans la famille, il y a de la «grosse» testostérone: ça joue au hockey, ça parle fort, ça boit de la bière. Je craignais de décevoir et c’est ce qui m’a retenu si longtemps.

 

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«La détresse psychologique chez les personnes LGBTQ, c’est un enjeu de société et de santé publique. On n’en parle tellement pas assez! affirme M. Perrier. Les jeunes homosexuels et ceux qui se questionnent en général sur leur orientation sont jusqu’à 30 % plus à risque de se suicider que les jeunes hétéros. C’est immense! Et c’est encore plus élevé chez les jeunes bisexuels, trans et non binaires. La peur, la honte intériorisée et l’homophobie sont souvent source de détresse psychologique.

Quand un jeune obtient le soutien de sa famille, les risques suicidaires disparaissent ou, du moins, diminuent de façon considérable. C’est tellement important, le rôle que la famille va jouer dans l’accompagnement de son enfant! Le défi en tant qu’organismes, en tant que société, c’est d’aider ces familles à s’outiller convenablement.»

 

Je n’en ai jamais parlé directement avec mon père, mais j’ai senti dans son regard et dans son sous-texte qu’il acceptait et m’aimerait toujours. Il nous a quittés, et je le sais fier de moi. Cette pensée m’apaise.

Il s’est écoulé 10 ans depuis mon coming out. Avoir su, je l’aurais fait bien avant. Je suis désormais en paix avec qui je suis. Je ne connaîtrai jamais la nonchalance que suppose le fait d’être hétéro. Si je change d’emploi ou que je fais de nouvelles rencontres, je dois constamment évaluer le degré d’ouverture et de respect à l’égard de la différence. Mais contrairement à ce que certains croient, je n’ai pas fait un «choix».

«Le fait d’être LGBTQ ne constitue pas un choix. Au même titre qu’être hétéro ou cisgenre. Ce qu’on choisit, c’est de vivre en concordance avec qui on est. On ne choisit pas nos attirances, comme on ne choisit pas nos goûts gastronomiques. Je ne choisis pas de ne pas aimer la noix de coco. C’est comme ça et c’est tout», conclut l’expert. 

 

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