Psychologie
Téléphones intelligents: décrocher en 3 étapes
Photographe : Pixabay
On aimerait se libérer (un peu, beaucoup) du poids qu’a notre téléphone intelligent dans notre vie? Stratégies et conseils pour nous aider à faire le point et à nous déconnecter le coeur léger.
1. Observer notre utilisation
On veut prendre conscience du temps que l’on consacre à notre si précieux objet? L’application Moment permet de calculer le total de minutes qu’on a passées sur notre iPhone en une journée et le nombre de fois qu’on a utilisé l’appareil. On peut également mesurer notre niveau de dépendance à notre téléphone intelligent en vérifiant si les affirmations suivantes nous concernent.
> Je suis une «réseautrice» fidèle
Un mot savant prononcé par fiston, une étoile filante aperçue en camping, un fou du volant qui nous a coupé la route: on le rapporte illico sur Facebook ou Twitter. «Cela démontre une certaine dépendance à ces formes d’expression de soi et, par conséquent, aux J’aime et aux commentaires, dit Frédérique Château, consultante en téléphonie mobile et auteure du livre Techno détox.
Toutefois, si cette habitude n’a pas d’impact négatif sur notre vie quotidienne ou notre moral, elle n’est pas nuisible.»
> Je ne suis pas jasante
En groupe, on tend à délaisser nos vis-à-vis pour nous perdre dans notre écran de cinq pouces.
> Je ne pense qu'à lui
On se tourne vers notre doudou électronique en premier pour tromper notre ennui. Privée de sa présence, on s’impatiente, on s’attriste, on devient irritée ou même en colère. On n’a qu’une idée: le retrouver au plus vite.
> J’énerve mon entourage
Si notre conjoint, notre enfant ou un ami nous dit: «Pourrais-tu lâcher ton portable deux secondes?», on tend l’oreille, parce que ça dénote un certain abus. «On ne s’en rend pas toujours compte, mais les autres, eux, le voient», affirme Mme Château.
2. Redéfinir nos besoins
Certains de nos comportements sont peut-être devenus des automatismes et ne nous apportent pas grand-chose. Si on s’aperçoit qu’on regarde systématiquement notre cellulaire quand on s’ennuie, il y a lieu de s’interroger. «En prendre conscience est un pas dans la bonne direction, dit Marie-Anne Sergerie, psychologue spécialisée en cyberdépendance. On se demande ensuite ce qu’on pourrait faire à la place. Certes, on peut choisir d’aller sur notre téléphone, mais on peut aussi décider de lire un livre, d’aller voir des amis ou de faire une promenade.»
Même chose si on se sent hyper sollicitée parce qu’on est incapable de résister à la tentation de regarder notre téléphone à chaque notification. Doit-on absolument en prendre connaissance sur-le-champ? Est-ce que ces interruptions nuisent à notre productivité? Il est bon de se poser la question.
3. Reprogrammer nos habitudes
Voici quelques techniques futées qui favorisent une utilisation raisonnable.
> Y aller mollo. On se teste au début, à petite dose. «On se réserve 10 minutes sans consulter notre téléphone intelligent ou notre tablette», conseille Frédérique Château.
> Immobiliser le mobile. On s’exerce à ne pas le trimballer partout avec nous dans la maison. On commence par une pièce à la fois, par exemple la salle de bains ou la salle à manger.
> Battre notre record. On se met au défi. Par exemple, dès qu’on entre dans la maison, on dépose notre portable sur une table, l’écran bien visible, puis on calcule le temps qu’on est capable de tenir le coup avant de vérifier nos messages ou d’y répondre. On s’entraîne à le laisser de côté. Quand on résiste 10 minutes, on double l’objectif à 20, et ainsi de suite.
> Éviter les tentations. Bips, musiques, signaux clignotants... Si le spectacle son et lumière que nous offre notre portable est trop alléchant, on passe en mode vibration ou on désactive carrément les signaux d’appel et de message. «On peut reconfigurer les paramètres de notre messagerie de façon qu’on ne soit pas dérangé pendant qu’on travaille sur un dossier qui demande toute notre concentration», dit Mme Sergerie. On peut également choisir la disposition des icônes d’application de manière à placer les plus tentants (Facebook et compagnie) sur le troisième écran.
> Lui fermer le clapet. On se demande si c’est nécessaire que notre téléphone soit toujours ouvert. «Dans la planification de notre journée, on songe à des moments où on pourrait l’éteindre», suggère Marie-Anne Sergerie.
> Tolérer l’inconfort. Si on utilise notre cellulaire pour combler un vide, un certain malaise pourrait s’installer dès qu’on se résout à ne plus le faire. Mais qu’on ne se décourage pas, nous dit Mme Sergerie: «Ce sentiment se résorbe au fur et à mesure que l’on comprend la place qu’il occupe dans notre vie et qu’on trouve d’autres façons de satisfaire nos besoins.»
> Utiliser les bonnes applis. AdBlock Plus, pour faire sauter les pubs intrusives; SelfControl, Freedom, FocusMe ou Cold Turkey pour bloquer temporairement nos serveurs de courriels et sites web préféré.
À TESTER ENTRE AMIS
Pour retrouver l’art de la conversation, certains ont adopté des stratégies sympas. Frédérique Château rapporte l’exemple d’amis qui, lorsqu’ils se réunissent autour d’une table dans un bar ou un café, déposent tous leur portable devant eux, en s’assurant que le signal d’appel ou de message est activé. «Le premier qui craque en consultant son appareil offre la tournée aux autres! »»
POUR ALLER PLUS LOIN
Outils gratuits d’auto-observation de nos habitudes d’utilisation et de réseautage:
Tendances, applis et autres pour mieux dépenser notre temps:
Techno détox, Frédérique Château, éditions Télémaque, avec tests d’auto-évaluation.
Accro!, Dr Laurent Karila et Annabel Benhaiem, éditions Flammarion.