Psychologie
Fini l’acharnement à tout prix: vous avez le droit de renoncer
Photographe : Pexels | Vlada Karpovich
Persévérer, persévérer, toujours persévérer... C’est ce qu’on nous martèle depuis l’enfance.
Et si savoir abandonner, plutôt qu’être synonyme d’échec, nous menait en fait vers le succès? Fini l’acharnement à tout prix: on cultive dès maintenant l’art de renoncer.
Dans un monde où la persévérance est souvent célébrée comme la clé du succès, Annie Duke, une ancienne championne de poker professionnelle, propose une perspective audacieuse et contre-intuitive dans son ouvrage L’art de renoncer.
Pour les femmes, cette approche résonne avec une pertinence particulière. Elles sont encore trop souvent encouragées à tout gérer: carrière, famille, aspirations personnelles. L’idée de renoncer peut sembler contre-productive. Pourtant, l’autrice suggère que c’est précisément dans l’acte de renoncer, de reconnaître les batailles qui ne méritent pas d’être menées que réside une forme de libération et d’autonomie.
Les pièges de la persévérance
S’accrocher à des projets voués à l’échec se révèle une stratégie désastreuse. Notre énergie baisse, nos ressources s’épuisent et notre motivation fout le camp, nous laissant dans un état de frustration et de grande fatigue.
Mais pourquoi est-il si difficile de renoncer? Annie Duke met en lumière les biais cognitifs qui obscurcissent notre jugement et nous poussent à investir davantage dans des projets perdants.
Quand on investit beaucoup de ressources dans un projet ou une décision, on devient souvent réticents à abandonner, même si l’on se rend compte que le bateau prend l’eau. Cette tendance à vouloir éviter le gaspillage, qu’Annie Duke appelle les «coûts irrécupérables», nous conduit parfois à rester dans l’erreur. Prenons l’exemple d’une universitaire qui continue à étudier dans un domaine qui ne l’intéresse pas, simplement parce qu’elle a déjà investi énormément de temps et d’argent. En ne renonçant pas, elle risque de dépenser encore plus pour finir dans une carrière qui ne la rendra pas heureuse.
Persister, mais à quel prix?
Un autre phénomène, connu sous le nom d’«escalade de l’engagement», montre que les gens ont tendance à s’investir davantage dans une voie choisie, même en cas d’échec apparent. Plutôt que d’admettre leur erreur, beaucoup préfèrent persévérer, parfois au prix de sacrifices considérables. On pense ici à une personne qui poursuivrait une relation qu’elle sait toxique, parce qu’elle y a déjà trop investi de temps et de compromis.
Ça se complique encore avec l’«effet de dotation». Plus on avance dans la réalisation d’un objectif ou plus on participe à une décision, plus on s’y attache, ce qui renforce notre réticence à changer. Si la direction d’une entreprise investit dans la formation d’une employée, par exemple, il peut être difficile de la mettre sur la touche en cas d’incompétence.
Ces tendances rendent l’abandon difficile. Mais en prenant conscience de ces biais, on peut adopter des stratégies pour surmonter ces obstacles et prendre des décisions plus éclairées.
L’importance d’être bien entourée
Il est encore plus efficace de combiner ces critères de renoncement et l’avis d’un coach, d’une bonne amie, d’un mentor ou d’un thérapeute, bref, d’une personne qui a nos intérêts à cœur et de lui demander: «Je veux que tu me donnes ton avis sur ce qui est le mieux pour moi à long terme, même si ça peut être douloureux sur le moment.» Cette personne est susceptible de jouer un rôle important dans la reconnaissance des signaux d’alarme qu’on pourrait ignorer ou minimiser.
Ces stratégies, jumelées à une analyse honnête et réaliste des situations, nous aident à décider de renoncer de façon éclairée et bénéfique, tant sur le plan personnel que sur le plan professionnel.
Les avantages de renoncer intelligemment
Saviez-vous que renoncer intelligemment comporte de nombreux avantages? Apprendre à lâcher prise permet de limiter les pertes et de préserver ses ressources. En abandonnant un projet voué à l’échec, on évite de gaspiller du temps, de l’énergie et de l’argent. Cette capacité à renoncer nous donne également la chance de nous concentrer sur des projets plus prometteurs.
Savoir abandonner permet aussi de s’adapter rapidement aux changements et de saisir de nouvelles occasions. On peut ainsi apprendre de nos erreurs et éviter de les répéter. En comprenant les raisons de nos échecs, on peut en tirer des leçons précieuses pour l’avenir.
Enfin, renoncer intelligemment contribuera à diminuer notre niveau de stress et à améliorer notre bien-être. S’entêter dans des projets sans avenir peut effectivement être une source de stress considérable. Bref, le choix judicieux d’abandonner a un effet positif sur notre santé mentale et physique.
Une compétence essentielle
L’art de renoncer, c’est finalement reconnaître que, parfois, le meilleur chemin vers le succès est de savoir quand faire demi-tour. C’est une compétence qui demande du courage, de la sagesse et une bonne dose d’humour. Il faut avouer nos échecs, en rire et passer à autre chose. N’ayons donc pas peur de renoncer. Ce n’est pas un signe de faiblesse, mais une marque de bon sens!
3 stratégies pratiques pour renoncer
1. Reconnaître les signaux d'alarme
Annie Duke fournit des méthodes et outils concrets pour nous aider à prendre cette décision difficile. Elle insiste par exemple sur l’importance de reconnaître les signaux d’alarme et d’établir des critères de «mise à mort», des balises qui définissent clairement quand il est temps d’abandonner une entreprise, un projet ou une relation.
2. Être ouvert aux indices futurs
On ne devrait pas se fier uniquement à son jugement sur le moment pour décider d’abandonner une entreprise ou une activité. On doit plutôt se poser la question suivante: quels sont les signaux futurs qui pourraient indiquer qu’il est temps de s’arrêter? Par exemple, si l’on participe à un marathon, on pourrait décider à l’avance de se retirer si le personnel médical conseille d’abandonner à un moment donné.
3. Se donner une échéance
Dans le contexte professionnel, si l’on se sent malheureuse, on pourrait se demander: «combien de temps suis-je prête à rester dans cette situation?» On se donne peut-être trois mois supplémentaires. Ensuite, il est important de réfléchir aux signaux qui indiqueraient que les choses s’améliorent ou, au contraire, qu’on est toujours malheureuse.
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