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Mieux comprendre notre flore vaginale

Mieux comprendre notre flore vaginale

  Photographe : Shutterstock

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Mieux comprendre notre flore vaginale

Notre vagin est habité par des bactéries qui jouent un rôle crucial pour notre santé. 

En effet, elles contribuent au maintien d’un pH équilibré et nous protègent contre l’invasion d’autres agents pathogènes. Explications.

Ce qu’on appelle la flore vaginale est en réalité notre microbiote vaginal, c'est-à-dire un ensemble de bactéries naturellement présentes dans la cavité vaginale. Si le mot «microbiote» ne nous est pas inconnu, c’est qu’il tend à remplacer le terme «flore», déjà largement utilisé pour parler des groupes de microorganismes présents dans notre corps.

On connaît bien la flore intestinale – ou microbiote intestinal – qui abrite, elle aussi, des milliards de bactéries jouant un rôle important. Ce qui se passe plus bas, dans notre vagin, c’est la même chose! Ce rassemblement de bactéries travaille à nous garder en bonne santé... et à chasser les agents pathogènes.

 

Quelles sont ces bactéries?

Notre microbiote vaginal comporte principalement un  type de bactéries nommées lactobacilles. «En fait, il y a cinq grands types de microorganismes, dont un seul n’est pas dominé par les lactobacilles. Les quatre autres le sont, et c’est bien ainsi. C’est ce qu’on veut retrouver en plus grande quantité, car ce sont les plus adéquats», explique le Dr Jean-Charles Pasquier, gynécologue au CHUS et professeur au Département d’obstétrique-gynécologie de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. 

Les lactobacilles permettent entre autres d’abaisser le pH du vagin, le rendant ainsi plus acide. Il devient donc un milieu moins propice à la colonisation du vagin par des bactéries nuisibles. Cependant, il y a plus: ils diminuent le nombre de sites possibles pour les agents pathogènes. «C’est un peu comme quand on ne veut pas de voisins au cinéma! On va mettre notre manteau à gauche et notre sac à droite pour occuper les sites possibles. Les lactobacilles prennent la place que pourraient prendre  certains agents pathogènes», dit le spécialiste. Sans le travail des lactobacilles, il y aurait un vide qui pourrait être comblé par une bactérie indésirable.

 

En mouvance et en évolution

Comme bien des organes en nous, notre microbiote n’échappe pas à l’influence des hormones, et plus particulièrement de l’œstrogène. C’est à l’adolescence que se crée le microbiote vaginal. Lorsque les adolescentes ont leurs premières règles, les œstrogènes se mettent en place. Il y a alors un épaississement de la muqueuse du vagin. Il y a aussi une production de glycogène, que les lactobacilles utilisent pour abaisser le pH du vagin, ce qui a pour effet de stimuler la prolifération de ces «bonnes bactéries». Il s’agit d’un ensemble d’actions simultanées vouées à maintenir un bon équilibre.

Qui dit hormones dit fluctuations. Selon les phases de notre cycle menstruel, si l’on est enceinte, si l’on allaite ou si l’on est en préménopause, notre niveau d’œstrogènes évolue, change... et notre microbiote aussi. «À la ménopause, c’est exactement le chemin inverse. La baisse d’hormones affecte le pH du microbiote, et les lactobacilles sont potentiellement moins dominants», précise le Dr Pasquier.

 

Un déséquilibre en vue

Quand il y a un déséquilibre, c’est que les lactobacilles, moins nombreux, laissent passer des microorganismes néfastes qui se mettent à coloniser le vagin. Parmi les symptômes, on note des démangeaisons, une odeur de poisson, des pertes, un inconfort ou une infection urinaire.

«Cependant, il faut faire attention: un déséquilibre ne vient pas forcément avec des symptômes, souligne le spécialiste. Symptômes ou pas, s’il y a une altération du microbiote, il peut aussi y avoir une altération de l’organe – dans ce cas-ci le vagin –, par exemple, un amincissement ou de la sécheresse.» On associe même le déséquilibre de la flore vaginale à un plus haut risque d’avoir un enfant prématuré. C’est dire à quel point celle-ci joue un rôle de protection, en empêchant les agents pathogènes de migrer à l’intérieur du col de l’utérus.

À la source des déséquilibres, on note les variations hormonales, mais également la prise d’antibiotiques et différents aspects de nos habitudes de vie, comme le tabagisme, le stress ainsi que l’utilisation de certains  produits. «Un traitement aux antibiotiques permet de tuer de mauvais germes, mais il peut aussi éliminer les bons», indique le Dr Pasquier. Voilà pourquoi il ne faut pas miser que sur les antibiotiques pour retrouver notre équilibre, car ils pourraient causer un autre déséquilibre. La prise de probiotiques est une façon d’aider le microbiote, mais leur action a des limites. «Les probiotiques agissent le temps qu’ils sont là, mais ils ne se reproduisent pas. Ils seront utiles, mais ils ne seront que de passage», dit le spécialiste, qui insiste sur le fait qu’on devrait faire davantage de recherches pour mieux comprendre la santé féminine.

Dans le cas du microbiote vaginal, la transplantation de sécrétions saines qui pourraient se renouveler et se développer serait plus utile, mais ce traitement n’existe pas encore. Comme les déséquilibres du microbiote intestinal ont des effets sur le cerveau et sur l’humeur, qui sait s’il n’en va pas de même pour le microbiote vaginal?

 

5 comportements à adopter

  • On évite de trop se laver! Autrement, on risque de détruire les bonnes bactéries.
  • On utilise un savon au pH neutre, sans colorant.
  • On porte des sous-vêtements en coton, et on les enlève la nuit.
  • On adopte une saine hygiène de vie, avec le moins de stress possible.
  • On se rappelle que la prise d’antibiotiques n’est pas sans conséquences pour notre microbiote.

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