Santé
10 conseils pour aider à prévenir le prolapsus
Photographe : Getty Images
Selon l’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec, la descente d’organes, aussi connue sous le nom de prolapsus génital, touche 40 % des femmes de plus de 50 ans.
Même si cette pathologie est de plus en plus connue, elle reste cependant une source de peur et d’embarras pour celles qui en souffrent. Seulement 15 % des femmes consultent et reçoivent un traitement.
Les prolapsus génitaux se caractérisent par la chute d’un organe depuis son emplacement initial. Si la vessie est l’organe le plus souvent touché, le rectum, l’utérus et le vagin peuvent aussi l’être. Selon l’organe concerné et le niveau de la descente, les symptômes du prolapsus diffèrent. «Une personne qui en est à un stade avancé n’a pas plus de symptômes qu’une personne qui commence à en souffrir», précise la physiothérapeute Sarah Patry, spécialiste en rééducation périnéale et pelvienne.
Les femmes atteintes d’un prolapsus peuvent sentir une pression, une lourdeur, des douleurs au bas du dos et au coccyx ou encore avoir la sensation d’une boule vaginale (le sentiment d’être assises sur une balle), surtout en position debout, en fin de journée et quand elles toussent ou après un effort. Dans les grades plus avancés, le prolapsus peut même sortir à l’extérieur du vagin. Les symptômes peuvent disparaître en position couchée.
«Certaines femmes ont des problèmes de miction se traduisant par des fuites d’urine involontaires ou des difficultés à vider complètement leur vessie parce que l’organe affaissé comprime l’urètre. Des douleurs lors des rapports sexuels sont aussi attribuables à la chute d’un organe, tout comme des difficultés à aller à la selle», explique Sarah Patry.
L’accouchement montré du doigt
Au fil des ans, les muscles et les ligaments du périnée peuvent s’affaiblir, principalement chez les femmes qui ont accouché. D’ailleurs, on dit qu’environ une femme qui a enfanté sur deux aura une descente d’organes. Celles qui n’ont pas eu d’enfant aussi peuvent être touchées par le prolapsus, qui est somme toute assez fréquent après la ménopause.
La constipation chronique, l’obésité, la pratique de certaines activités intenses, comme lever des poids très lourds ou courir des marathons, sont des facteurs aggravants, tout comme la toux chronique et le tabagisme. Par ailleurs, des anomalies génitales et des antécédents chirurgicaux, comme l’hystérectomie, font également partie des facteurs de risque.
© Getty Images
Est-ce que ça se soigne?
Les descentes d’organes peuvent être anxiogènes, dérangeantes, voire limitantes mais, heureusement, des traitements existent! Notre premier réflexe devrait être de consulter une physiothérapeute en rééducation périnéale et pelvienne, qui nous outillera et nous guidera pour diminuer le plus possible les symptômes désagréables. S’attendre à une disparition complète du problème n’est pas très réaliste, mais il est possible d’en ralentir la progression et de retarder une éventuelle intervention chirurgicale.
Les traitements offerts vont de la physiothérapie à l’opération. Généralement, des exercices de renforcement atténuent grandement les symptômes. En effet, des études récentes ont montré qu’un bon entraînement centré sur le plancher pelvien permet d’améliorer la situation chez environ 20 % des femmes ayant un prolapsus léger ou modéré. «Il faut compter de 6 à 12 mois d’efforts avant de voir des résultats», dit Sarah Patry, qui recommande trois séances de renforcement de 10 à 20 minutes par semaine.
Souvent, il est également bénéfique de modifier sa posture, ses habitudes de vie, sa façon de forcer, de soulever des charges et même de respirer. En gros, il faut faire en sorte qu’il y ait le moins de pression possible sur les organes. L’opération est bien souvent évitable et ne devrait représenter qu’un dernier recours, à cause des coûts et d’un taux de récidive élevé. Avec des traitements appropriés, on peut arriver à des résultats plus que satisfaisants!
Un outil précieux
Les physiothérapeutes en rééducation périnéale et pelvienne peuvent, avec une ordonnance du médecin de famille ou du gynécologue, faire l’installation d’un pessaire. Cet anneau flexible est inséré dans le vagin pour maintenir en place l’utérus, la vessie ou le rectum, ou pour contrôler l’incontinence urinaire. Totalement sécuritaire, il ne peut se déplacer dans le corps, car le vagin ne communique avec aucun autre organe.
Cependant, s’il est trop petit, il peut être expulsé à la suite d’un effort. Le pessaire n’entrave en rien les relations sexuelles et requiert un entretien simple, avec de l’eau et du savon. Si certains modèles doivent être enlevés quotidiennement, d’autres peuvent être portés plusieurs jours, voire quelques semaines sans devoir être retirés. Entretenu adéquatement, le pessaire a une durée de vie de plusieurs années. Il comporte très peu de risques pour la santé, le principal étant l’irritation des muqueuses vaginales s’il est mal positionné ou si les muqueuses sont trop minces en raison de sécheresse vaginale.
© Shutterstock
Et le sport...
La sédentarité fait partie des facteurs de risque d’un prolapsus. Il est donc conseillé de pratiquer une activité physique régulière et adaptée. Mais attention! Certains sports peuvent contribuer à l’apparition d’un prolapsus à cause des pressions effectuées sur le périnée, en particulier ceux nécessitant le soulèvement de lourdes charges, la course à pied sur de longues distances, le CrossFit, ainsi que ceux impliquant des chocs, comme le step, la corde à sauter, le trampoline ou le tennis. Par ailleurs, les femmes qui reprennent trop rapidement une activité sportive intense (course à pied, danse, aérobie, etc.) après la grossesse augmentent leur risque de souffrir d’un prolapsus. La plupart du temps, les structures ne sont pas encore assez solides pour supporter les impacts. On recommande d’attendre au moins trois mois avant de reprendre une activité physique après une grossesse.
Un exercice payant!
Le plancher pelvien, un groupe de muscles situés à la base du bassin, supporte plusieurs organes. Il nous permet de contrôler certains orifices, comme l’urètre et l’anus, afin de retenir l’urine, les selles et les gaz. Pour renforcer ces muscles, on fait des contractions volontaires répétées, comme si on voulait retenir l’urine ou un gaz. On s’exerce d’abord en position couchée puis, lorsque ça devient facile, en position assise et debout. Surtout, on ne bloque pas la respiration. La physiothérapeute recommande de commencer par 5 contractions de 5 secondes, puis d’atteindre 10 contractions de 10 secondes.
© Shutterstock
10 conseils pour aider à prévenir le prolapsus
- Maintenir un poids santé. L’obésité cause une pression importante sur les organes pelviens.
- Effectuer des exercices du plancher pelvien régulièrement.
- Rééduquer le périnée après un accouchement.
- Éviter de soulever des charges trop lourdes.
- Éviter de fumer. Ce n’est pas encore tout à fait ancré dans les consciences collectives, mais le tabagisme aggrave le prolapsus. La cigarette modifie la qualité des tissus et fait tousser davantage, ce qui provoque une pression vers le bas.
- Éviter la constipation en mangeant assez de fibres, en étant active et en buvant suffisamment d’eau.
- Adopter une bonne technique de défécation. Les physiothérapeutes recommandent, lorsqu’on est assise sur la toilette, de mettre nos pieds sur un banc, afin de relever les genoux. Mieux vaut expirer au moment de forcer, au lieu de bloquer la respiration.
- Corriger sa posture pour ne pas augmenter la pression sur les viscères. En s’étirant, on répartit mieux le poids au niveau du ventre.
- Soigner toute toux chronique. Tousser régulièrement provoque des pressions répétées sur le périnée et contribue à la descente d’organes.
- Pour celles qui s’entraînent ou qui soulèvent de lourdes charges dans le cadre de leur travail, Sarah Patry conseille de contracter le plancher pelvien en expirant dans la portion difficile de l’exercice.
De fausses croyances
- La descente d’organes est dangereuse pour la santé. Même si elle peut paraître impressionnante, la descente d’organes n’est pas dangereuse. Cependant, il est évident qu’elle peut nuire aux activités de la vie quotidienne et même les restreindre.
- Les relations sexuelles deviennent impossibles. Il est vrai que la gêne, la peur qu’il soit dangereux ou impossible d’avoir une relation sexuelle, ou encore l’appréhension des réactions du partenaire peuvent avoir des conséquences sur la sexualité de la femme. En réalité, une fois qu’on comprend ce qui se passe et qu’on travaille à améliorer la situation, les relations sexuelles avec ou sans pénétration peuvent très bien avoir lieu.
- Seules les femmes de plus de 50 ans sont affectées. Même si cette pathologie touche majoritairement les femmes d’un certain âge, les jeunes peuvent aussi être atteintes, surtout celles ayant eu un accouchement difficile (forceps, long travail, gros bébé, etc.) ou des grossesses à répétition. La descente d’organes ne se déclenchera pas forcément immédiatement après un accouchement. Les symptômes peuvent mettre des décennies avant d’apparaître. Il est important de mentionner qu’une femme touchée pourra encore avoir des enfants. Elle devra cependant porter une attention particulière à la santé de son plancher pelvien.
Recommandé
5 aliments anti-inflammatoire à ajouter à son alimentation
Pour consulter l'article complet, cliquez ici