Nutrition
L'anémie: les causes, les symptômes et comment s'alimenter
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L’anémie ferriprive se détecte au moyen d'une analyse sanguine révélant un taux d’hémoglobine anormalement bas, le plus fréquemment causé par un manque de fer dans notre alimentation.
Voici quelques astuces pour que nos repas en contiennent assez.
Qu’est-ce que l’anémie ferriprive?
Le fer joue un rôle important dans notre organisme. Il se trouve notamment dans l’hémoglobine, la composante des globules rouges qui transporte l’oxygène de nos poumons vers nos cellules pour les nourrir. C’est elle qui colore notre sang en rouge. «En cas d’anémie, le transport de l’oxygène dans nos cellules se fait plus difficilement. Elles peinent alors à remplir leur fonction habituelle», explique la Dre Anne-Isabelle Dionne, médecin et directrice médicale du Centre Axis.
Quelles sont les causes?
L’anémie peut être causée par une diminution de la production des globules rouges (carence en fer, en vitamines B9 et B12, malnutrition, maladies chroniques, cancers) et la destruction des globules rouges (perte de sang importante de nature gynécologique ou digestive).
Quels en sont les principaux signes et symptômes?
Si notre cerveau, nos poumons et nos muscles manquent d’oxygène, on peut ressentir une baisse d’énergie, de la fatigue. La Dre Dionne ajoute que cela peut réduire nos facultés cognitives et entraîner une humeur triste, voire dépressive.
Selon le Manuel Merck, on peut également observer des vertiges, une pâleur cutanée, une perte d’endurance, de l’essoufflement, de même que le syndrome des jambes sans repos (besoin irrépressible de bouger les jambes dû à un inconfort). Une anémie sévère qui ne serait pas soignée peut mener jusqu’à l’insuffisance cardiaque.
Quand doit-on consulter?
«Si l’on a des saignements digestifs, comme du sang dans les selles, des selles noires ou des menstruations tellement abondantes qu’on change notre tampon toutes les heures et qu’en plus, on ressent plusieurs symptômes d’anémie, comme la fatigue et l’essoufflement, il faut absolument consulter pour découvrir la cause», affirme la Dre Dionne.
Comment obtenir un diagnostic?
Si l’on présente des symptômes et que l’on consulte un médecin ou une infirmière praticienne spécialisée, on répond à un questionnaire et on subit une analyse sanguine pour déterminer la cause de notre anémie. «Dans le cas de l’anémie ferriprive, la première cause à éliminer est les saignements pouvant résulter des menstruations abondantes ou des maladies inflammatoires de l’intestin, par exemple, explique la médecin. On va aussi chercher des troubles alimentaires», ajoute-t-elle. Il faut découvrir la cause pour corriger l’anémie.
Lorsque ce déficit en fer est lié à notre alimentation, la nutritionniste Karine Drouin précise que ce peut être dû à un manque dans notre alimentation ou à une difficulté à absorber le fer.
Qui sont les personnes plus à risque?
Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à faire de l’anémie ferriprive, principalement à cause des menstruations et des grossesses. «Les personnes âgées qui sont dénutries mangent moins d’aliments sources de fer et ont parfois du mal à bien l’absorber, explique la Dre Dionne.
Les gens souffrant de maladies inflammatoires intestinales, comme celles de Crohn ou cœliaque, de même que ceux ayant subi des interventions en chirurgie bariatrique sont plus à risque, car eux aussi absorbent moins bien le fer. On peut également penser aux personnes qui présentent des troubles alimentaires, comme l’anorexie et la boulimie.» La prise de certains médicaments, comme ceux traitant le diabète ou les antiacides pour l’estomac, peut aussi augmenter le risque anémique.
Du côté nutritionnel, «les personnes ayant un régime végétarien ou végane non équilibré, qui ne consomment pas tous les groupes alimentaires ou qui sont aux prises avec de l’insécurité alimentaire sont davantage exposées à un déficit», indique Karine Drouin, nutritionniste-diététiste, qui pratique en clinique privée et publique.
Selon Santé Canada, nos besoins en fer sont 1,8 fois plus élevés si l’on ne mange aucun fer provenant de sources animales, car le fer provenant de sources végétales n’est pas aussi bien absorbé par notre organisme.
Cette carence nutritionnelle en fer serait particulièrement répandue dans le monde. Statistique Canada estime qu’elle touche environ 5% de la population canadienne et que cette proportion est plus élevée chez les femmes (8%). Du côté des enfants, cela pourrait varier entre 3,5% et 10,5% d’entre eux, selon le Programme canadien de surveillance pédiatrique.
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Quels aliments doit-on privilégier?
«On va bien sûr consommer le plus possible d’aliments riches en fer, comme le foie, les œufs, le bœuf, l’agneau, le poulet, le porc, les huîtres, etc. Pour les végétariens, on pense aux légumineuses, aux noix et aux graines», énumère la nutritionniste. Le Guide alimentaire canadien suggère aussi de manger des légumes vert foncé, des aliments à grains entiers et des produits céréaliers enrichis.
Pour favoriser l’absorption, la nutritionniste conseille d’ajouter des aliments riches en vitamine C à nos repas. «Il y a beaucoup de vitamine C dans les fruits et légumes. En suivant l’assiette équilibrée qui est une demi-assiette en fruits et légumes, un quart en protéines et un quart en grains entiers, en général, on ne manque pas de vitamine C.» Elle suggère aussi de combiner des sources de fer végétales et animales lorsque notre régime le permet.
Enfin, Santé Canada recommande d’attendre deux heures après notre repas avant de boire un thé ou un café ou de prendre des suppléments de calcium, pour ne pas nuire à l’absorption du fer.
Quelle quantité de fer devrait-on consommer quotidiennement?
Santé Canada recommande différents apports nutritionnels en fer selon l’âge et le sexe:
- Enfants (1-3 ans) 7 mg
- Enfants (4-8 ans) 10 mg
- Adolescents (14-18 ans) 11 mg
- Adolescentes (14-18 ans) 15 mg
- Hommes adultes et femmes (51 ans et plus) 8 mg
- Femmes (19-50 ans) 18 mg
- Femmes enceintes 27 mg
Consommer beaucoup de fer, c’est dangereux?
Il est plutôt rare de consommer trop de fer seulement par notre alimentation, rapportent les expertes. Un excès de fer peut survenir lorsqu’on prend des suppléments de fer, qu’on en absorbe pendant trop longtemps ou qu’on souffre d’une maladie, comme l’hémochromatose, indique le Manuel Merck.
La Dre Dionne explique que «un excès de fer est très néfaste pour l’organisme. Il peut causer du stress oxydatif et produire des radicaux libres dans le corps qui vont attaquer l’ADN des cellules et nuire à leur performance.» Lorsqu’on est traité pour l’anémie ferriprive, les analyses de sang servent à contrôler nos réserves de fer.
Les suppléments: pour anémiques seulement
Il est possible qu’on obtienne une ordonnance pour prendre des suppléments de fer, le plus souvent sous forme de comprimés ou de capsules. Toutefois, «ces suppléments ne devraient jamais être utilisés pour quelqu’un qui ne souffre pas d’anémie. Ce peut être dangereux», prévient la Dre Dionne.
Si l’on a des besoins occasionnels, par exemple lorsque nos menstruations sont abondantes, «c’est correct d’aller chercher une multivitamine plus riche en fer. Il n’y a pas de danger à en prendre pendant une ou deux semaines», nuance-t-elle.
Lorsque notre carence en fer est causée par un manque dans notre alimentation, il est nécessaire de la changer, car le supplément n’est qu’une aide temporaire pour soutenir nos besoins, précise la nutritionniste Karine Drouin. Elle rappelle l’importance de respecter le dosage et les modalités d’administration des suppléments de fer, de même que les recommandations de notre professionnel de la santé. On doit aussi savoir que la prise de suppléments peut occasionner des troubles gastro-intestinaux, comme la nausée, la constipation et la diarrhée, entre autres.
Prévenir l’anémie ferriprive?
«Le Guide alimentaire canadien est une très bonne source pour apprendre à combler ses besoins alimentaires. On peut aussi consulter une nutritionniste si notre alimentation ne nous semble pas bien équilibrée et qu’elle ne répond pas à tous nos besoins», suggère Karine Drouin. Cette spécialiste fera une évaluation complète en posant des questions sur nos maladies et nos habitudes, nutritionnelles et autres, explique-t-elle. «On a un rôle d’accompagnement et d’éducation. On respecte le rythme du patient et ce qu’il est prêt à changer. On s’appuie aussi sur ses préférences pour adapter son alimentation, au besoin», conclut-elle.