13 ans et plus

Témoignage: Prendre congé pour être avec son ado

Témoignage: Prendre congé pour être avec son ado

  Photographe : Anne Villeneuve

«Au travail, j’ai choisi de ralentir, puis d’arrêter.» Martine, mère de deux adolescentes, se félicite de cette décision. Et si le meilleur moment pour prendre un congé parental était à l’adolescence de son enfant?

«Je sentais que mes filles vivaient toutes sortes de choses, et mon emploi, très prenant, m’empêchait de les accompagner comme j’en avais envie, raconte cette graphiste de 42 ans. J’en ai discuté avec mon conjoint, et j’ai stoppé les contrats. Pour le moment du moins.»

Entre les allers-retours pour les cours de natation de son aînée qui fait partie d’une équipe de compétition, les activités parascolaires, les suivis scolaires (sa benjamine accumulait les échecs), Martine ne savait plus où donner de la tête. Son conjoint étant souvent parti à l’extérieur pour le travail, elle a jonglé avec toutes sortes de scénarios avant de faire le choix de prendre une pause professionnelle: «Je travaillais à temps plein dans une boîte de pub, raconte-t-elle. Je suis ensuite tombée à temps partiel, pour finalement me lancer à mon compte. Je gère mes horaires, c’est un gros avantage avec une famille!»

Mais même en choisissant ses contrats, Martine avait l’impression de n’être jamais tout à fait présente auprès de ses filles, qui vivent les tourbillons et les soubresauts de leur vie d’ado. «L’une fait de l’anxiété de performance, l’autre avait de gros problèmes d’estime de soi, nous confie la mère. J’avais l’impression que tout était en train de m’échapper... Plein de petites choses m’inquiétaient.»

Rappelons que le Régime québécois d’assurance parentale soutient financièrement les parents dans «leur volonté de consacrer plus de temps à leurs enfants dans les premiers mois de leur vie», peut-on lire sur le site web du programme instauré en 2006. Selon un récent sondage de la firme Arborus, 54 % des parents, à l’échelle mondiale, souhaiteraient avoir plus de temps à consacrer à leurs ados.

Une étude publiée par trois sociologues dans le Journal of Marriage and Family révèle que ce n’est pas le temps passé avec les enfants en bas âge qui influence leur développement, mais bien celui qui leur est consacré au cours de la période allant de 12 à 18 ans! Voilà une donnée étonnante... qui ne rallie pas tous les spécialistes.

Pour Olivier Jamoulle, pédiatre au Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, le plus important, c’est le temps vécu en famille, point. «À moins d’un besoin particulier de l’adolescent, défini dans le temps, je ne vois pas trop la pertinence de prendre congé, note-t-il. Si le parent est trop proche de son enfant, le processus d’autonomisation du jeune risque d’être plus difficile, plus compliqué... Or il est essentiel!»

Selon lui, les parents devraient mettre l’accent sur une bonne communication, une relation de confiance et passer du temps en famille. «Il est prouvé que cela a un effet positif sur l’anxiété, les problèmes de santé mentale et les conduites à risque», conclut-il.

 

 

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