13 ans et plus
Que faire quand notre ado se révèle trop sur les réseaux sociaux?
Photographe : Anne Villeneuve
Quand ils sont petits, on sait tout d’eux. En vieillissant, toutefois, nos enfants ont besoin de leur intimité. Lorsqu’ils laissent filtrer un de leurs petits secrets à travers les réseaux sociaux, le choc, qu’il soit positif ou négatif, peut être grand pour les parents.
En jetant un coup d’œil aux vidéos publiées par sa fille sur TikTok, Andréa a eu une surprise: sa préado de 12 ans s’était mise au tricot... sans lui en souffler mot. «Elle avait commencé ça chez son père, quelques mois auparavant, raconte la mère de 35 ans. J’étais heureuse de découvrir son nouveau hobby... mais étonnée de l’apprendre de cette façon. Un peu déçue aussi, je dois dire.»
Pour Manon, mère de quatre garçons âgés de 8 à 18 ans, la déception a viré à la colère. En scrutant les photos du profil Instagram de son aîné, elle a compris qu’il avait participé à un rassemblement entre amis pendant la période des fêtes, alors que les consignes sanitaires en vue de limiter la propagation du coronavirus l’interdisaient. «J’étais bleue! lance-t-elle en entrevue. Je savais qu’il jouait au hockey dehors, avec un ou deux amis, mais pas qu’il entrait dans l’appartement de l’un d’eux et allait prendre une bière!»
Manon et Andréa sont catégoriques: ce qui choque le plus, c’est le mensonge, la cachotterie. Et la découverte surprise via un canal «public». «Je me sentais trahie, pas seulement personnellement, mais dans mes valeurs également», nous confie Manon, une technicienne en laboratoire de 43 ans.
© Unsplash | Matheus Ferrero
Selon Annie Rousseau, psychologue à la Clinique de médecine de l’adolescence du Centre hospitalier universitaire de Québec, la meilleure façon de réagir est de prendre le temps d’aborder le sujet calmement, en parlant de ce qu’on ressent. «On s’assied avec notre jeune et l’on en parle, avec ouverture, dit-elle. On lui dit que cela nous ébranle, qu’on n’est pas d’accord et qu’on se sent à l’envers, triste ou inquiet. Il faut nommer ce que l’on ressent.» Elle rappelle qu’il est normal que le préado ou l’ado ne nous dise pas tout. «Il a droit à son intimité. L’influence de ses amis prend de plus en plus de place. Il faut lui laisser son autonomie et la liberté de choisir. Ce qu’on veut, c’est garder une bonne communication et être là pour le soutenir.»
Par ailleurs, un accompagnement adéquat pour naviguer sur les médias sociaux est essentiel. Il peut nous éviter ce genre de situation. «Est-ce que nous, en tant que parents, on a une bonne pratique? se questionne Marc Alexandre Ladouceur, spécialiste en éducation aux médias chez HabiloMédias. Les enfants nous imitent...»
Il souligne l’importance de vérifier ce que notre enfant regarde et publie sur les réseaux sociaux, mais sans verser dans «l’espionnage». «Lorsqu’il s’inscrit, on peut lui demander son mot de passe en lui expliquant qu’en cas d’urgence ou si l’on sent qu’il y a un problème, on souhaite avoir accès à son appareil et à ses réseaux sociaux.» Chez Manon et Andréa, une franche discussion a permis de mettre cartes sur table sans envenimer la relation. «Et je me suis mise au tricot!» annonce Andréa en riant.