Loisirs et culture

Entrevue avec Simon Boulerice

Entrevue avec Simon Boulerice

  Photographe : Julien Faugère

Auteur, comédien et metteur en scène, Simon Boulerice publie à un rythme effréné. À 35 ans, il a déjà signé plus d’une trentaine d’oeuvres. Nous l’avons rencontré dans le cadre de la sortie de Moi aussi j’aime les hommes, un échange épistolaire entre deux hommes gais issus de deux générations différentes.

Comment Moi aussi j’aime les hommes est-il né?

L’idée est venue d’Alain Labonté qui désirait présenter la vision de deux homosexuels de deux générations différentes sur les questions LGBTQ (lesbiennes, gaies, bisexuelles, trans, queer). Alain m’a écrit sa première lettre en réaction à une vidéo qui avait circulé en 2015 et qui présentait l’exécution violente d’homosexuels par des membres de l’État islamique. Ç’a été le point de départ de nos échanges qui se trouvent en intégralité dans le livre.

Comment as-tu trouvé cet exercice?

Il y a eu quelque chose de plus «impliquant» que dans mes romans, où, même si je m’inspire beaucoup de ma vie personnelle, je suis toujours sous le couvert de l’autofiction. Lorsque j’écrivais à Alain, je me relisais plus que jamais pour m’assurer que ma réflexion était suffisamment ouverte et nuancée.

Qu’est-ce que tu aimerais que ce livre apporte?

S’il y a un message que j’aimerais faire passer, surtout aux jeunes du secondaire, c’est que ça va aller mieux. J’aurais tellement aimé ça qu’on me le dise, surtout à cette période de l’adolescence qui n’a pas été facile pour moi. C’est une période où tu forges ton identité et où tu es avec des gens qui peuvent être violents et intimidateurs. Tu vis tout ça et tu te sens étouffé.

Tu publieras également bientôt un nouveau roman jeunesse, Le dernier qui sort éteint la lumière. En quoi est-ce différent d’écrire pour ce public?

Pour moi, il n’y a pas vraiment de différence. Quand j’écris, je pense d’abord à moi. J’écris sur ce que je connais et j’essaie d’être le plus honnête possible par rapport à ce que ressentent mes personnages. Dans certains de mes livres et de mes pièces, il y a des répliques qui charment les enfants, et d’autres, les parents. J’aime qu’il y ait plusieurs niveaux de lecture.

CV

2007. Diplômé du collège Lionel-Groulx en interprétation théâtrale

2014. Récipiendaire du Prix jeunesse des libraires du Québec pour Edgar Paillettes

Auteur de 35 romans, contes, recueils de poésie et pièces de théâtre.

Sur son radar

Vincent Biron. «Il a réalisé Prank, son premier long métrage de fiction. C’est un film à la fois drôle et touchant qui pose un regard émouvant sur l’amitié et l’adolescence. Nous collaborerons d’ailleurs ensemble prochainement, car il a acheté les droits de ma pièce Pig qu’il désire adapter pour le grand écran.»

Il a dit

«Je crois sincèrement que les garçons sont vulnérables, que les filles ont de la poigne. Et j’ai envie de proposer autre chose que ce bleu-garçon et ce rose-fille. J’en ai même un peu marre, à vrai dire.» Extrait de Moi aussi j’aime les hommes

Une oeuvre marquante

Thérèse pour joie et orchestre d’Hélène Monette. «Cette auteure québécoise, décédée en 2015, possède la capacité unique de voir la beauté partout. Au Québec, c’est certainement l’auteure qui m’a le plus incité à magnifier le banal. Cet ouvrage en particulier, écrit en hommage à sa soeur morte en 2005, m’a vraiment touché.» (Éditions du Boréal, 2008)

Moi aussi j’aime les hommes, Stanké, 2017, 200 p., 22,95$.

 

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