Loisirs et culture
Entrevue avec Marie-Chantal Perron
Photographe : Martine Doucet
Talentueuse jusqu’au bout des doigts, la comédienne, qui manie aussi la plume à merveille, sait comment créer du beau.
Entretien avec une artiste de cœur.
Votre roman graphique Copine et Copine abordait le sujet de la relation entre belle-mère et belle-fille. Votre prochain roman, Les douze mois de Marie, aussi. Souhaitez-vous réhabiliter le rôle de la belle-mère?
À l’époque, j’avais une belle-fille à qui je lisais des contes avant qu’elle s’endorme. Dans ces histoires, les belles-mères incarnaient toujours de mauvaises femmes. Je lui ai dit: «Un jour, il y aura un livre avec une belle relation belle-mère/belle-fille.» Je me suis donc plongée dans le projet de Copine et Copine pour elle.
Dans le cas des Douze mois de Marie, je ne m’adresse pas au même public. On parle souvent des gens qui ont été quittés, mais très peu de ceux qui partent et qui portent l’odieux de faire exploser une relation, une famille. On vit à une époque où les familles recomposées se décomposent. Il y a une zone d’ombre qui persiste et qui, pour moi, devait être mise en lumière: un beau-parent vit 5, 10, voire 15 ans avec un enfant qui n’est pas le sien, mais qu’il aime comme si c’était le sien. Parce qu’il cesse d’être en couple avec le père ou la mère de cet enfant, il ne joue plus aucun rôle? C’est de ça que je voulais parler. Marie sait qu’elle doit quitter son conjoint avec qui elle n’est plus heureuse, mais elle est profondément amoureuse d’une enfant qui n’est pas la sienne et qu’elle ne veut pas perdre.
Vous dites que ce récit faisait 2000 mots au départ et que c’est Pierre Bernard qui vous a insufflé le courage de persévérer. Qu’est-ce qui vous freinait?
Au début, j’avais un calendrier poétique en tête. Je ne pensais vraiment pas que ça finirait en roman! J’ai envoyé mon matériel à mon ami Pierre Bernard pour qu’il me dise si, selon lui, je tenais un bon filon. Son enthousiasme m’a encouragée. Des dialogues sont arrivés et la partie poétique est devenue narrative. L’idée originale des 12 mois me restait en tête, alors j’ai demandé à Geneviève Boivin-Roussy – qui non seulement est actrice, mais aussi artiste peintre – d’illustrer ce que le personnage vit de mois en mois. Je suis vraiment fière de son travail.
Pourquoi avoir choisi l’autofiction?
J’aime que le lecteur ait l’impression d’être dans l’intimité de la personne qui s’adresse à lui, même s’il sait qu’il y a toujours une part d’invention. Je trouve ça beau. Il y a quelque chose d’intime dans le «je». On a accès à un pan secret, qu’il soit vrai ou non. Mais ce qu’il y a de merveilleux dans la fiction, c’est qu’on peut inventer la suite, l'avenir.
LE LIVRE SUR SA TABLE DE CHEVET
L’Arabe du futur, de Riad Sattouf. J’adore les romans graphiques! C’est une série autobiographique de cinq tomes que je viens de commencer.
LA SÉRIE QU’ELLE REGARDE
Le bonheur, de François Avard, est un gros coup de cœur télévisuel! D’habitude, je regarde les séries en rafale, mais là, j’attends mon petit 20 minutes de bonheur chaque semaine et j’adore ça.
LA MUSIQUE QU’ELLE ÉCOUTE
Je n’écoute pas de musique en ce moment. J’avais trop de mots dans ma tête et, dans ce temps-là, ça prend toute la place.
L’ARTISTE SUR SON RADAR
Sophie Nélisse. Je l’ai trouvée vraiment trippante dans Yellowjackets.
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