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Comment aider son chien à développer son odorat
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La détection d’odeurs est un sport canin qui permet de développer une relation exceptionnelle entre l’humain et le chien. Et c’est Pitou qui se tape tout le boulot!
Nous avons tous déjà vu des chiens travailler avec des policiers pour trouver, grâce à leur flair, des explosifs, des stupéfiants ou des personnes perdues en forêt. Mais le puissant pouvoir olfactif de ces animaux peut aussi être mis à profit dans le cadre d’une activité ludique permettant au duo humain-canin de travailler main dans la... patte.
Très populaire dans le reste du pays, la détection d’odeurs s’enseigne depuis environ cinq ans au Québec. C’est en s’inspirant de ce qui se faisait aux États-Unis que des organismes comme la Sporting Detection Dogs Association (SDDA) ont vu le jour afin de développer cette activité au Canada et de la transformer en sport en mettant sur pied des compétitions.
Le principe est simple, explique Marie-Noëlle Côté, juge au sein de la SDDA: «Le chien doit associer un parfum, qui est une huile essentielle, à une récompense. Lorsqu’il repère l’odeur, on lui remet une friandise ou un jouet, puis on lui demande de s’asseoir, de se coucher ou de figer.»
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Nous conseillons fortement de suivre quelques cours avec un entraîneur qualifié. La première leçon a pour but de former le manieur. «Comme les parfums sont imperceptibles à l’œil nu, il est important d’apprendre à les manier pour ne pas déposer des effluves partout dans l’environnement de travail», précise Maryse Perreault, intervenante en comportement canin et spécialiste en détection d’odeurs. Les séances qui suivent s’avèrent utiles pour faire comprendre au chien l’association odeur-récompense.
Les huiles essentielles utilisées par la SDDA sont le thé des bois, le pin ainsi que le thym, rouge et blanc. Il faut savoir que ce ne sont pas toutes les huiles essentielles qui peuvent servir, car certaines d’entre elles ont un potentiel toxique chez le chien. Mieux vaut s’adresser à une ressource compétente en la matière avant d’en faire l’utilisation.
Les prix varient autour de 150 $ pour une série d’environ cinq cours de groupe. Cependant, l’idéal est de commencer par des séances privées ou des cours en ligne, car il y aura moins de distractions pour l’animal. Dans ce cas, il faudra débourser environ 300 $. Nul besoin d’investir dans un équipement; seuls quelques pots vides en plastique ou en métal et des pailles dans lesquelles on cache un coton-tige parfumé à l’huile essentielle sont nécessaires.
Mme Perreault soutient que toutes les races sont aptes à pratiquer ce sport et qu’aucun prérequis n’est nécessaire. «Connaissez-vous un chien qui n’aime pas renifler? C’est instinctif. L’important est qu’il soit motivé à travailler. Plus l’animal sera autonome, plus il sera performant.» Pour voir si Pitou aime jouer avec son odorat, nous pouvons nous amuser à cacher des friandises dans nos mains ou dans des contenants et les lui faire chercher.
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Les bénéfices sont nombreux. Le chien apprend à travailler de façon autonome; lui seul doit localiser l’odeur. Aussi, cette activité cognitive exige une grande dépense énergétique tellement elle stimule le cerveau de l’animal, ce qui est favorable aux bêtes hyperactives. La détection d’odeurs peut contribuer, donc, à enrayer certains problèmes de comportement. Toutefois, ce qui est le plus probant, c’est la connivence développée entre le manieur et son compagnon. Stéphanie De Champlain pratique la détection d’odeurs depuis deux ans et demi avec Gimli, un Welsh Corgi Pembroke. «Ce sport fut le point de départ de la complicité qui existe aujourd’hui entre Gimli et moi. Il a pu constater que j’étais une personne digne de confiance», raconte-t-elle.
Bien qu’elles soient encore peu nombreuses, des compétitions s’organisent au Québec. Pour en savoir davantage, il suffit de consulter le site de la SDDA, celui du Club canin canadien ou de s’informer auprès d’entraîneurs professionnels membres du Regroupement québécois des intervenants en éducation canine.
L’odorat chez le chien: puissant!
Sentir, c’est ce que le chien fait de mieux. C’est pourquoi il importe de le laisser renifler lors des balades. Maryse Perreault aime dire que l’humain vit dans un monde de couleurs, parce qu’il perçoit les choses qui l’entourent avec ses yeux, alors que le chien vit dans un monde d’odeurs grâce à un système olfactif qui, selon le American Kennel Club, lui permet de discerner les senteurs de 10 000 à 100 000 fois mieux que l’homme.
En effet, il possède un peu plus de 200 millions de récepteurs olfactifs, contrairement à 5 millions pour l’humain. Outre ces récepteurs, l’organe voméronasal — appelé aussi organe de Jacobson —, situé au-dessus de la voûte du palais, permet à l’animal de reconnaître des émanations non perceptibles par l’humain, comme les phéromones. À titre comparatif, cet organe mesure 130 cm2 en moyenne chez le chien contre seulement 3 cm2 en moyenne chez l’homme. C’est, entre autres, grâce à la puissance de leur odorat que certains canidés peuvent être formés pour porter assistance à des personnes dans le besoin.