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Notre animal vieillit mal?

Notre animal vieillit mal?

Auteur : Coup de Pouce

Notre chien est malade. Pas facile de composer quand sentiments, morale et gros sous s’en mêlent!

On est tombée sous le charme au moment de l'adopter. C'était hier, il avait à peine quelques semaines... Aujourd'hui, Fido a vieilli et souffre de mille bobos. Il est devenu lent, a des bosses un peu partout et peine à nous suivre, lui qui courait toujours devant. À l'horizon se profilent la nécessité de lui prodiguer des soins, qui impliquent temps et argent, et celle, retardable mais inéluctable, de le laisser partir un jour ou l'autre. Entre les deux, une vaste zone grise où s'affrontent sentiments et dollars, raison et compassion, tristesse et réalisme.

Vieillissement de notre animal: de l'inconfort à la souffrance

Même s'il ne parle pas, on peut se douter que l'animal vieillissant, comme l'être humain d'âge comparable, vit de l'inconfort, souffre même. «L'arthrose, notamment, est une maladie dégénérative avec laquelle la douleur s'accentue, explique le Dr Éric Troncy, spécialiste de la douleur animale à la faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal; 20 % des chiens et chats en souffrent, et ce taux augmente à 80 % chez les bêtes âgées de 8 ans et plus.»

On a des doutes? On soupçonne quelque chose? «Il faut rester à l'affût, conseille le Dr Troncy. Tout changement de personnalité est un indicateur précieux. Une agressivité soudaine ou un manque d'interaction peuvent cacher des maux moins visibles. L'appétit, souvent le premier élément que l'on considère, n'est pas le seul indice, car une bête gourmande peut le rester jusqu'à la fin.» En cas d'incertitude, on gagne à consulter, car, comme le souligne le vétérinaire, «malgré le déficit de communication crucial avec nos patients à quatre pattes, il existe des moyens très sophistiqués de détecter la douleur.»

À mesure que l'animal vieillit, se multiplient les bobos et surgissent les maladies plus graves, dont celle qui l'emportera un jour. Chez les chiens, dont l'espérance de vie moyenne est d'environ 13 ans, on parle de cancer et d'atteintes cardiaques et rénales; chez les chats, qui vivent environ 17 ans, on parle de diabète, de lipidose hépatique et d'atteintes cardiaques et rénales.

 

Vieillissement de notre animal: la question des soins

La bonne nouvelle: «La médecine animale actuelle est aussi sophistiquée que la médecine humaine et le moindre traitement disponible pour l'homme l'est aussi pour son animal de compagnie»,assure le Dr Troncy.

La mauvaise: Il faut payer de notre poche. Et c'est ici que la dimension émotive, autant que notre situation financière, entre en jeu. Dur dur de rester froide devant la souffrance de notre animal quand il vit avec nous depuis 10 ans ou plus, ou quand on a grandi avec lui et que sa présence a réconforté nos premières peines d'amour. «Mais c'est cher et ça pose des dilemmes moraux, souligne le Dr Troncy. Certaines personnes choisiront d'annuler les vacances pour offrir des traitements à leur bête; d'autres font euthanasier sans tenter de traiter. Entre les deux, toute une panoplie de stratégies peuvent être envisagées.»

«On n'a pas tous 5 000 $ pour faire opérer notre chat ou notre lapin, concède la Dre Marie-Ève Nadeau, oncologue vétérinaire rattachée à l'Université de Montréal. Cela dit, parfois, donner une année de survie à notre animal en contrôlant sa douleur peut représenter beaucoup pour notre équilibre émotif. Ça donne le temps d'apprivoiser l'idée qu'il faudra, tôt ou tard, songer à l'euthanasie. J'ai vu des gens rongés par la culpabilité parce qu'ils avaient fait tuer leur animal. J'en ai vu d'autres en colère parce que les traitements n'avaient pas réussi... Les frais ne sont pas des placements à rendement garanti, et, même si on choisit de traiter, les décisions que l'on prend devront constamment être réévaluées en cours de traitement, en mettant dans la balance nos émotions, notre budget et notre cheminement face à l'attachement qu'on ressent pour notre animal. Ces éléments changent en cours de route.»

Vieillissement de notre animal: devant l'inévitable

Les experts s'entendent, il n'existe pas de chemin tracé qui mène à la décision ultime. Chaque cas est unique. «Il faut s'assurer d'une bonne communication, d'abord avec notre animal mais aussi avec notre vétérinaire, conseille le Dr Louis-Philippe de Lorimier, oncologue vétérinaire à l'Hôpital vétérinaire Rive-Sud, à Brossard. Chaque vie a sa fin, c'est certain, mais la décision de soigner ou de faire euthanasier représente un dilemme immense. Il faut évaluer si la condition de l'animal nous donne la possibilité d'intervenir, si le maître a les ressources en temps et en argent, et s'il a le désir de le faire. Ce dernier élément est ultra personnel. Les réponses appartiennent à chacun et ne peuvent être jugées par personne. Oui, un jour ou l'autre, il faut arriver à la décision ultime. Mais c'est moins difficile lorsqu'on est mieux préparé.»

Merci aux Drs Éric Troncy, Louis-Philippe de Lorimier et Marie-Ève Nadeau pour leur généreux apport à ce reportage.

 

 

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