Travail

On s'est fait mettre à la porte. Et après?

On s'est fait mettre à la porte. Et après?

Auteur : Coup de Pouce

«Une mise à pied n'est pas un désaveu total de l'individu», souligne d'emblée la psychologue organisationnelle et auteure Éveline Marcil-Denault. Selon la spécialiste, un renvoi n'est pas un événement hors du commun dans une carrière. «On a tendance à vouloir le cacher, mais on créé ainsi l'effet inverse, note-t-elle. Ce qu'on tente de dissimuler semble en fait beaucoup plus effrayant que la simple réalité.»

Une vraie blessure
D'abord, un licenciement représente une blessure à l'égo. «Si, en plus, une grande partie de notre valorisation passe par le travail, le coup sera solide, consent la psychologue. Toutefois, il faut peut-être comprendre de cette épreuve qu'on ne doit pas mettre tous nos œufs dans le même panier.» Un peu comme un deuil, la perte d'emploi se vit en différentes étapes, plus ou moins longues selon chacun.

«Le choc initial sera proportionnel au niveau de conscience de l'employé par rapport à ce qui se passait au travail. Parfois, l'employé sait qu'il a accumulé un dossier de retards ou de mauvais rendements, et que son employeur a prévu des mesures pour éviter d'en arriver au renvoi», précise Éveline Marcil-Denault. «Après quelques mandats plus intéressants, je suis retournée à un boulot plus routinier, moins stimulant, raconte Stéphanie, 31 ans, agente de bureau. J'ai perdu ma motivation et ça se ressentait dans mon travail. Je me suis fait remercier quelques mois plus tard, après avoir déjà reçu un avertissement.»

Selon la psychologue, si le salarié estime que son employeur a suivi les règles d'équité procédurale en agissant professionnellement, par étapes, qu'il lui a donné les moyens de s'améliorer ou de changer, il acceptera plus facilement la décision finale. Néanmoins, sur le coup, apprendre qu'on ne fait plus l'affaire reste difficile émotionnellement. «On ressentira bien souvent de la tristesse, de la colère et on vivra du déni», explique Nathalie Martin, présidente d'Enjeux Carrière et conseillère en orientation. Même si elle s'y attendait, Stéphanie a été ébranlée lorsqu'elle a reçu la nouvelle. «Mais j'ai compris par la suite que c'était ce qu'il me fallait pour me forcer à quitter une sécurité d'emploi, et oser me réorienter et trouver un travail qui me ressemblait davantage.»Reprendre sa vie en main
Après le coup initial survient souvent une période de réflexions et de bilans. «C'est souvent dans des moments difficiles qu'on en apprend le plus sur soi», indique Éveline Marcil-Denault. On essaie donc de faire le ménage dans les sphères de notre vie qui peuvent aussi affecter notre performance au travail. Par exemple, si une relation amoureuse conflictuelle accapare toute notre attention, il nous sera difficile de mettre de l'énergie dans notre travail.

«On évalue dans quoi on est bonne, puis on cible les compétences qui nous manquent pour obtenir un nouvel emploi et ce qu'il faudrait faire pour le décrocher. Bien sûr, notre projet doit être réaliste», indique Nathalie Martin. On profitera également de cette période pour se concentrer sur qui on est vraiment et définir les projets qu'on aimerait réaliser dans les prochaines années. Un exercice qui nous permettra d'y voir clair et de repartir du bon pied. Est-ce que je voudrais un emploi moins routinier? Plus ou moins de responsabilités? Est-ce que je veux un horaire plus souple? Travailler moins d'heures? Est-ce que j'aime vraiment diriger une équipe? Etc. Ce type de questions nous aidera à mieux définir ce qu'on veut.

Nathalie Martin propose un exercice efficace, celui du «miroir»: on refait notre curriculum vitae en y inscrivant toutes les tâches, les responsabilités, les mandats et les projets qu'on a réalisés. On n'oublie pas d'y inclure nos participations à l'organisation du party de Noël ou nos implications sociales. «En mettant sur papier cet inventaire, cela nous aide à retrouver notre dignité», affirme la spécialiste.

«Aussi, il est possible d'aller consulter à peu de frais – souvent dans des centres comme le Y – des conseillers en orientation pour nous aider à faire ce bilan», suggère Éveline Marcil-Denault. Il est aussi possible de s'adresser à différents centres de recherche d'emploi qui nous aiguilleront dans notre démarche.Le retour vers le marché de l'emploi
Réintégrer le marché de l'emploi après une mise à pied peut sembler une montagne insurmontable. «Mais si on reste dans notre garde-robe, on peut être certaine que personne ne s'intéressera à nous, souligne Nathalie Martin. Il faut être dans la parade et se faire voir.» Pour se faire, on n'hésite pas à réveiller notre réseau de contacts et à cogner aux portes des entreprises. «Il faut arrêter de croire qu'un renvoi est une tache noire dans notre dossier», dit-elle. Hélène, une professionnelle en communication de 37 ans, s'est confiée à un couple d'amis. «En racontant ce qui s'est passé, comment j'avais vécu la perte d'emploi et comment j'envisageais l'avenir, je me suis libérée d'un poids. C'était de plus en plus facile d'en parler. Je me rendais compte que je n'étais pas la seule à qui c'était arrivé. On a tous des histoires de pertes d'emploi autour de nous. Et j'ai pu bénéficier de leurs réseaux de contacts pour obtenir au moins une entrevue.»

«Le meilleur moyen pour se pratiquer à expliquer ce qui s'est passé est de le raconter à nos amis et à nos connaissances, conseille Éveline Marcil-Denault. Les premières tentatives seront boiteuses. On va même peut-être mentir ou on ne trouvera pas les mots justes, mais plus on le racontera, plus ce sera fluide.» En entrevue, on n'insiste pas sur la rupture d'emploi, mais davantage sur les apprentissages qu'on en a tirés. Ainsi, on dégage un sentiment de confiance et on montre qu'on a cheminé depuis. «Plus on sera capable de mettre le doigt sur ce qui n'a pas marché avec notre emploi précédent, moins on aura l'impression que la mise à pied nous a affectée personnellement, et moins on focalisera sur cette expérience durant une entrevue d'embauche», affirme la psychologue.

Puisque les recruteurs aiment connaître comment sont et se transforment les gens, on aura à répondre à de nombreuses questions sur nos expériences personnelles. On se met en valeur en résumant notre bilan et les décisions qu'on a prises quant à notre carrière et comment on croit que ce nouvel emploi concorde bien avec ce qu'on est.À se rappeler lors d'une entrevue d'embauche
  • Si on est mal à l'aise avec le fait d'avoir été renvoyée, cela transparaîtra dans notre langage non verbal (débit rapide, regard fuyant, etc.). On doit assumer et avoir confiance!
  • On évite de dire: «Je savais que vous me poseriez cette question-là», quand le recruteur nous questionne sur les raisons de notre départ. On lance ainsi le signal qu'on est mal à l'aise d'en parler.
  • On est brève et succincte. On nomme le différend, mais sans entrer dans les détails. On essaie plutôt de faire ressortir les apprentissages qu'on en a tirés et notre évolution depuis. On met l'emphase sur ce qu'on voudrait faire tout en faisant valoir nos acquis et nos compétences.
  • On ne ment pas.
  • On ne règle pas nos comptes avec notre ancien employeur.
  • On évite les allusions négatives. Au lieu de «Je n'aime pas le travail routinier», on dit plutôt «J'aime avoir de nouveaux défis chaque jour».
  • On se prépare avec un ami, un consultant ou devant un miroir aux diverses questions qu'on nous posera. Deux questions-clés: «Pourquoi avez-vous quitté votre emploi?» et «Vous posez votre candidature pour un poste X alors que vous travailliez dans un poste Y. Pourquoi un tel changement?»

    Pour aller plus loin
    Entrevue d'embauche, de Stéphane Gagnon, Septembre éditeur, 2008,
    Découvrez vos points forts, de Marcus Buckingham et Donald Clifton, Pearson Education, 2008, 47,95 $
    Aujourd'hui je trouve le job idéal, de Stéphane Deguire, Éditions de l'Homme, 2007, 27,95 $
    Le travail, source de questionnements, d'Éveline Marcil-Denault, Québécor, 2003, 19,95 $
    Le Guide de survie Jobboom – Perte d'emploi
    Enjeux Carrière – Gestion de carrière, coaching et orientation professionnelle
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