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Mouvement Idle No More: pour les femmes autochtones

Mouvement Idle No More: pour les femmes autochtones

Catherine Giroux Photographe : Catherine Giroux Auteur : Coup de Pouce

Pas besoin de super-pouvoirs pour changer le monde. La preuve, des femmes comme Widia Larivière, cofondatrice du mouvement Idle No More au Québec, font bouger les choses à leur façon.

«Beaucoup de préjugés circulent encore: les autochtones sont paresseux, vivent aux crochets de l'État, sont alcooliques, violents, etc.» Widia Larivière parle en connaissance de cause, puisqu'elle a elle-même été victime de préjugés. Forte des encouragements de sa mère, qui lui répétait l'importance de connaître sa culture autochtone et d'en être fière, la jeune femme a su tirer le meilleur de son identité double. Née d'une mère algonquine et d'un père québécois, elle avait «la conviction d'être la mieux placée pour faire le pont entre les cultures québécoise et autochtone». De là son désir d'implication.

Né à l'automne 2012 en Saskatchewan, le mouvement Idle No More n'aurait pas eu un écho aussi grand au Québec si ce n'avait été de Widia Larivière et de son amie Mélissa Molen-Dupuis. «À cause de la barrière de la langue surtout, le mouvement n'avait pas autant d'échos au Québec. On a donc proposé d'organiser une manifestation via les médias sociaux. La réponse a été immédiate.»

Idle No More était une réponse au projet de loi omnibus C-45 du gouvernement Harper, devenu depuis la Loi de 2012 sur l'emploi et la croissance. Une loi qui redéfinit, entre autres, la protection des eaux navigables et modifie la façon de déterminer l'utilisation des terres des réserves. Une loi jugée inacceptable par la majorité des peuples autochtones et de nombreux sympathisants, car elle bafouerait plusieurs traités ancestraux. «Même si nos actions n'ont pas fait en sorte d'abroger les lois, Idle No More a eu un impact très positif, dit Widia. D'abord, l'intérêt des médias et de la population en général pour la question autochtone s'est ravivé. Ça a aussi donné à plusieurs partisans un sentiment de fierté et de pouvoir.»

Ses études en relations internationales et en relations interethniques, et l'emploi de coordonnatrice du volet jeunesse de l'organisme Femmes autochtones du Québec qu'elle occupe depuis 2009, sont au diapason avec les valeurs de Widia. La jeune femme a rapidement pris conscience du mur invisible qui sépare les peuples autochtones et le peuple québécois. «Il y a une grande méconnaissance des peuples autochtones, déplore-t-elle. On vit les uns à côté des autres, mais on ne se connaît pas. Sans renier les problèmes sociaux qui existent au sein des communautés autochtones, Widia croit que plusieurs d'entre eux ont des racines très profondes et que, pour comprendre cela, on doit mieux connaître leur histoire. «Plusieurs pans de l'histoire autochtone ne sont pas enseignés dans les écoles, et c'est dommage.»

Toujours active dans Idle No More - rassemblements, manifestions, séances d'éducation populaire sont encore à l'ordre du jour -, Widia prend également le micro pour dénoncer tout ce qui mérite de l'être. Comme, par exemple, la disparation de 1 200 femmes autochtones au cours des 30 dernières années. «Une situation qui est dénoncée par toutes les organisations possibles et même par les gouvernements provinciaux, mais... toujours rien du côté d'Ottawa, constate la jeune femme. C'est aberrant.»

Widia Larivière n'a que 30 ans. Elle ne fait que commencer à se faire entendre. Et il y a de fortes chances que de plus en plus de voix viennent s'ajouter à la sienne. «Je vois de plus en plus de jeunes autochtones qui sont politisés et qui ont envie de s'impliquer, dit-elle. On doit leur faire confiance. Ils sont allumés, dynamiques et innovateurs!»

Infos: idlenomore.ca, facebook.com/IdleNoMoreQuebec

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