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Faut-il régulariser les travailleurs sans-papiers?

Faut-il régulariser les travailleurs sans-papiers?

Istockphoto.com Photographe : Istockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

L'organisme Solidarité sans frontières revendique la régularisation de tous les immigrants illégaux au pays. Toutefois, pas question pour le gouvernement Harper de leur accorder l'amnistie. Cela serait injuste envers ceux qui ont recours aux procédures légales, estime-t-on, et encouragerait l'immigration illégale.

«Le problème est que si vous régularisez ces employés d'usine, demain matin ils ne seront plus employés d'usine. C'est parce qu'ils sont clandestins qu'ils acceptent deux dollars l'heure, et des conditions de santé et de sécurité inadéquates, pour travailler dans une usine sale, mal aérée,», affirme François Crépeau, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en droit international des migrations de l'Université de Montréal.

Puisque 100% d'entre eux travaillent, estime-t-il, il est évident que cette main-d'oeuvre bon marché et non qualifiée est essentielle à l'économie canadienne. Mais les politiques d'immigration actuelles ne comblent pas les besoins de plusieurs secteurs économiques. «Pour une usine de viande, vous n'avez pas besoin d'un ingénieur. Vous avez besoin de bras. Pour ramasser des fraises, vous n'avez pas besoin d'un avocat ou d'un médecin. Vous avez besoin de bras. Nos politiques d'immigration ne recrutent pas de bras depuis déjà 30 ans », affirme François Crépeau. Actuellement, il y a des manques criants dans certains domaines.»

De l'esclavagisme moderne

Les clandestins travaillent dans la construction en Ontario, dans les champs du Québec, dans les usines, à la plonge des restaurants ou comme employées domestiques. Dans plusieurs cas, l'exploitation est telle, affirme François Crépeau, qu'il s'agit d'esclavagisme moderne. «C'est facile de ne pas payer quelqu'un qui est en situation de grande vulnérabilité, qui n'a pas de papiers et qui peut être dénoncé à tout moment», souligne François Crépeau. Certains employeurs menacent leurs employés de les dénoncer, une forme d'abus psychologique qui leur permet de faire main basse sur l'argent qui se trouve dans l'enveloppe au moment de la paie. En effet, les sans-papiers sont payés comptant, sous le salaire minimum.

 Sans la protection d'un programme de santé et sécurité au travail, sans carte d'assurance maladie et aux prises avec des salaires de misère, les clandestins ont un accès très limité aux soins de santé. De plus, le fait de vivre parfois à plusieurs dans des logements insalubres, sans aucun recours contre le propriétaire, n'aide en rien leur état de santé. À la précarité matérielle et physique qui accompagne la précarité de statut s'ajoute souvent une profonde détresse psychologique. La clandestinité se vit dans la crainte, le stress et l'isolement. La peur perpétuelle d'être dénoncés oblige les sans-papiers à se méfier de tous.

Pour certains, les conditions de sous-humanité qui ponctuent la vie qu'ils mènent ici s'avèrent pires que leur situation dans leur pays d'origine.

Lire aussi: Dangereux, immigrer au Canada?

Sources

Organisme Solidarité sans frontières


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