Travail
Entrevue et recherche d'emploi: Des trucs pour ressortir du lot
Photographe : Plainpicture
On ne trouve plus un boulot aujourd’hui de la même manière qu’il y a 20 ans. Si certaines règles sont restées, d’autres ont complètement changé. Des experts répondent à nos questions pour nous aider à faire ressortir notre candidature du lot.
Nos experts:
Jean-Sébastien Côté, consultant principal acquisition de talents à l’agence de placement Randstad
Yvane Le Dot, coach en marketing personnel et experte LinkedIn
Rémi Lachance, président de la firme en ressources humaines et en recrutement Proxima Centauri
Marie Nolwenn Trillot, présidente de l’agence de placement Totem
Sandrine Théard, présidente de la firme de formation en recrutement La source humaine
Qu’est-ce qui demeure vrai pour dénicher l’emploi de nos rêves?
«Des dizaines de candidats ont sans doute les mêmes qualifications que nous. Le meilleur moyen de faire monter notre CV dans la pile ou d’obtenir une entrevue, c’est d’être recommandée par quelqu’un. On aura alors une chance de se vendre! Il faut donc parler le plus possible de notre recherche d’emploi dans notre entourage.» — Rémi Lachance
«On approche nos contacts professionnels et l’on participe à des événements qui réunissent des gens du milieu qui nous intéressent, comme des 5 à 7 ou des conférences. L’attitude est importante. Ainsi, on ne quête pas un emploi, mais on se manifeste en disant quelque chose comme “S’il y a un poste qui se libère, tiens-moi au courant.”» — Marie Nolwenn Trillot
«Il faut être proactive et ne pas attendre d’être sans emploi pour démontrer notre valeur, suivre des formations et développer notre réseau professionnel. En fait, on doit gérer de façon continue notre carrière et notre employabilité en s’assurant d’être vue et reconnue. Les membres de notre réseau penseront alors naturellement à nous quand une occasion se présentera.» — Yvane Le Dot
Comment se démarquer?
«Quand un poste est affiché, l’employeur peut recevoir des centaines de CV. Si l’on a le nom de la personne responsable du recrutement, on peut l’appeler pour réitérer notre intérêt, mais sans toutefois la harceler. On appelle une fois, et on laisse un message si l’on tombe sur sa boîte vocale. Évidemment, si dans l’offre on précise de ne pas appeler, on s’abstient de le faire.» — Marie Nolwenn Trillot
«En général, la sobriété est de mise. Mais si l’on cherche un emploi dans un domaine créatif, comme la publicité, le graphisme ou le marketing, on peut se permettre plus d’originalité. Le blogue “CV originaux” (cv-originaux.fr) présente plusieurs exemples de CV insolites.» — Sandrine Théard
Peut-on se rendre à l’improviste dans une entreprise pour offrir nos services?
«Oui, surtout si l’on cherche un emploi en soutien industriel ou dans un commerce. Même si aucun poste n’est ouvert pour le moment, cette démarche n’est pas perdue. Si l’on a fait une bonne impression, notre CV pourrait se retrouver au-dessus de la pile quand l’entreprise embauchera. Apporter son CV en personne, ça se fait aussi dans les agences de placement, comme la nôtre, qui sont toujours à la recherche de bons candidats.» — Jean-Sébastien Côté
Quelles sont les erreurs fréquentes des chercheurs d’emploi?
«Se limiter à s’asseoir chaque matin devant son ordinateur pour postuler en ligne, ce n’est pas très efficace! Il faut aussi essayer de se faire connaître auprès des entreprises qui nous intéressent à l’aide du réseautage numérique et en personne.» — Yvane Le Dot
«Beaucoup de candidats répondent à des offres d’emplois pour lesquels ils ne sont pas qualifiés du tout. C’est inutile! On pose notre candidature seulement quand on possède la majorité des exigences du poste. Pour se démarquer, on doit avoir le profil qui répond à la bonne offre.» — Sandrine Théard
«Il faut éviter de postuler pour plein de postes à la fois. Lorsqu’un recruteur nous appelle et qu’on ne se souvient plus de l’emploi dont il nous parle, ça paraît très mal. On devrait poser notre candidature seulement pour les emplois qui nous intéressent vraiment et se faire un aide-mémoire quant aux spécifications liées aux postes.» — Jean-Sébastien Côté
«Certaines personnes prennent l’appel du recruteur même si elles ne sont pas en mesure de parler, par exemple lorsqu’elles font l’épicerie avec leurs enfants. Il vaut mieux laisser la boîte vocale prendre le message et rappeler plus tard. Une autre erreur courante, c’est de se tromper dans le nom de l’entreprise ou de la personne à qui l’on envoie notre candidature. Ça dénote un manque de rigueur. Il faut relire nos documents avant de les envoyer.» — Sandrine Théard
À l’ère des médias sociaux, le CV a-t-il encore sa place? Et, si oui, comment s’assurer que le nôtre ressorte du lot?
«Le CV est encore essentiel, sauf peut-être pour les artistes, qui peuvent présenter seulement leur portfolio. Toutefois, beaucoup de gens omettent d’adapter leur CV au poste convoité. Or, les recruteurs les parcourent en moyenne en 11 petites secondes: ils n’ont pas le temps de lire entre les lignes pour tenter de voir comment les compétences du candidat s’arriment à l’emploi offert. On retravaille donc notre CV pour mettre l’accent sur nos compétences et sur nos réalisations reliées aux exigences indiquées dans la description du poste.» — Marie Nolwenn Trillot
«On chiffre les résultats de nos réalisations. On indique les gains de temps, d’argent, d’efficacité que notre travail a entraînés. Mais attention, tout doit être véridique.» — Yvane Le Dot
«On ne se limite pas à énumérer les tâches liées à nos emplois précédents. On donne des détails, on quantifie. Par exemple, une représentante peut indiquer qu’elle gérait 300 comptes clients et un budget total de 5 millions de dollars. Ça donne une meilleure idée de nos capacités.» — Marie Nolwenn Trillot
«On détaille davantage nos fonctions des cinq dernières années ou des deux derniers postes qu’on a occupés. Les emplois précédents peuvent être seulement énumérés. Et il n’est pas nécessaire de reculer jusqu’à nos emplois d’été, à moins de sortir de l’école! La longueur idéale d’un CV est de deux ou trois pages.» — Rémi Lachance
Est-ce vrai que des algorithmes sont utilisés pour passer les CV en revue?
«Ça se fait surtout dans les grandes entreprises. Les agences de placement comme la nôtre ne se servent habituellement pas d’algorithmes basés sur des mots-clés.» — Jean-Sébastien Côté
«Une bonne pratique consiste à reprendre dans notre CV certains mots importants de l’offre d’emploi. Si un premier tri est effectué à l’aide d’algorithmes, il y a plus de chances que notre CV soit repéré.» — Rémi Lachance
LinkedIn peut-il vraiment nous aider à trouver un emploi?
«C’est une belle vitrine pour se faire valoir… surtout si l’on ne cherche pas d’emploi. Idéalement, c’est avant d’être en recherche d’emploi qu’on commence à se bâtir un réseau professionnel sur LinkedIn.» — Marie Nolwenn Trillot
«Les recruteurs s’en servent pour identifier des candidats passifs, c’est-à-dire des gens qui ont déjà un emploi. Pour cela, ils font des recherches par mots-clés reliés à des expertises et à des compétences. Et ils n’utilisent jamais des termes comme “en recherche active” ou “en recherche d’emploi”! C’est pourquoi on ne doit pas inscrire ces mots sur notre profil. D’autant plus que ça ne donne pas très envie de nous contacter. On peut continuer d’indiquer notre ancien poste pendant environ trois mois. Après, si l’on n’a toujours pas d’emploi, on peut inscrire quelque chose comme “Secteur visé: droit des affaires” ou “Industrie visée: entreprise agroalimentaire”. Il faut aussi miser sur notre titre professionnel, qui apparaît sous notre nom et qui permet de nous démarquer et de gagner en visibilité. On a 120 caractères pour rédiger un en-tête accrocheur qui fait la promotion de notre identité professionnelle et qui comprend des mots-clés définissant notre expertise.» — Yvane Le Dot
«Pour se connecter à une personne qu’on ne connaît pas, il vaut mieux rédiger un mot personnalisé plutôt que d’utiliser le message automatique d’invitation. Par exemple, on peut indiquer pourquoi on veut joindre son réseau ou la féliciter pour un accomplissement.» — Sandrine Théard
«Un profil sur LinkedIn, c’est un début, mais ce n’est pas suffisant. Il faut aussi développer notre réputation numérique et notre crédibilité en partageant du contenu concernant notre domaine, en interagissant dans des groupes, en obtenant des recommandations, bref, en faisant valoir notre marque personnelle. De nos jours, la première impression qu’on donne est souvent numérique!» — Yvane Le Dot
Faut-il avoir un profil sur LinkedIn, peu importe notre domaine?
«Ce n’est pas nécessaire pour les postes de journalier, qui ne demandent aucune qualification particulière. Si c’est le type de travail qu’on cherche, on s’assure toutefois de se créer un profil sur les sites de recherche d’emploi comme Monster, Jobboom, Workopolis, Indeed ou Jobillico.» — Jean-Sébastien Côté
«LinkedIn est surtout utilisé par les cadres et les professionnels, mais il devient de plus en plus populaire auprès des cols bleus et des personnes qui exercent un métier manuel. Il peut s’avérer intéressant d’y être.» — Rémi Lachance
Quelles sont les erreurs fréquentes commises sur LinkedIn?
«Les titres des emplois sont parfois différents de ceux inscrits dans le CV alors qu’ils doivent être identiques. Et que ce soit sur LinkedIn ou dans un CV, on indique les vrais titres des postes qu’on a occupés. On ne peut pas les changer.» — Jean-Sébastien Côté
«Certaines personnes omettent de faire un résumé. Or, ce texte permet de capter l’attention, de faire valoir ce qui nous distingue des autres, de mettre de l’avant notre valeur ajoutée. Il ne s’agit pas de résumer notre parcours, mais plutôt de présenter les renseignements les plus pertinents en regard de notre cible professionnelle.» — Yvane Le Dot
«Dans les médias sociaux en général, on fait attention à ce qu’on partage, aux opinions qu’on émet et aux publications qu’on aime. Aimer ou partager un message qui vient en contradiction avec les valeurs des employeurs potentiels, ce n’est pas très gagnant!» — Jean-Sébastien Côté
Comment briller en entrevue?
«La clé, c’est la préparation. Or, il n’est pas rare de voir des gens arriver en entrevue sans même s’être informés sur l’entreprise. Pourtant, il suffit de faire une recherche sur internet pour en apprendre beaucoup sur un éventuel employeur. On saura alors quoi dire si l’on se fait demander ce qu’on sait de l’entreprise. Si on ne se prépare pas, cela dénote un manque d’intérêt.» — Rémi Lachance
«En entrevue, les recruteurs veulent qu’on leur donne des exemples concrets tirés de nos expériences professionnelles passées. Il faut penser à ce genre de choses avant de rencontrer un employeur potentiel! On réfléchit donc à des situations qu’on a vécues et à des réalisations qui ont un lien avec les exigences du poste convoité et qui nous permettront de nous faire valoir. On garde en tête des dates, des résultats chiffrés. On peut aussi donner des exemples de bénévolat, tant que les compétences démontrées ou acquises sont pertinentes pour le poste.» — Marie Nolwenn Trillot
«À la fin de l’entrevue, il est habituel de demander aux candidats s’ils ont des questions, et on doit en avoir! Sinon, on perd des points et on ruine peutêtre même nos chances d’être choisie, surtout s’il s’agit d’un poste de gestion. Les projets de l’entreprise, ses enjeux, les défis de l’équipe à laquelle on se joindra, les responsabilités liées au poste sont autant de sujets qui peuvent faire naître des questions à poser.» — Sandrine Théard
Après l’entrevue, faut-il faire un suivi?
«Oui, mais on évite d’être trop insistante, car ça peut devenir irritant. Le mieux, c’est d’envoyer un mot de remerciement par courriel le lendemain de l’entrevue. Si l’on est toujours sans nouvelles quelques jours après le délai où l’entreprise devait prendre sa décision, on peut alors relancer le recruteur.» — Jean-Sébastien Côté
Qu’est-ce qu’on répond à la fameuse question sur nos défauts?
«On évite de dévoiler notre pire défaut. Quant au perfectionnisme, c’est un cliché. Le mieux, c’est de parler des points faibles qu’on a améliorés et d’insister sur ce qu’on a fait pour y parvenir. Ça démontre qu’on est capable de travailler sur nous.» — Sandrine Théard
«Cette question ne devrait pas être posée, car elle n’apporte pas d’information concrète. Sinon, on pourrait s’en sortir avec une touche d’humour en demandant, par exemple, quel serait un défaut acceptable dans l’entreprise.» — Rémi Lachance
Y a-t-il d’autres pistes à explorer? Avez-vous d’autres bons conseils?
«Les salons de l’emploi permettent d’établir un contact direct avec les équipes de recrutement des entreprises. Avant de s’y rendre, on s’informe sur les employeurs qui seront présents, on cible ceux qui nous intéressent et on prépare quelques questions ainsi qu’une courte présentation sur nous. Ça nous permettra de nous démarquer. Aussi, on s’habille convenablement, comme si l’on allait à une entrevue d’embauche, et on n’oublie pas d’apporter des exemplaires de notre CV.» — Jean-Sébastien Côté
«Environ le quart des entreprises confient leur recrutement à des agences de placement ou à des firmes de recrutement. On doit faire partie de la banque de candidats de celles-ci! On envoie donc notre CV aux agences. Même s’il n’y a pas de postes affichés dans notre domaine pour le moment, il y en a toujours qui s’ajoutent.» — Rémi Lachance
Pour aller plus loin
- Emploi Québec
- Jobboom
- OEil du recruteur: un blogue tenu par des spécialistes en recrutement, qui offre une foule de conseils sur la recherche d’emploi.