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Démarrer son entreprise

Démarrer son entreprise

Thinkstock Photographe : Thinkstock Auteur : Coup de Pouce

Environ 15% des PME au Canada sont dirigées par des femmes, selon un rapport déposé en 2013 par Recherche économique RBC. C'est peu, mais attention: ce nombre croît 60% plus vite que chez les hommes. Les femmes ont le vent dans les voiles! L'aventure nous tente? On lit ce qui suit avant de quitter notre emploi!

Étape 1: vérifier si on a ce qu'il faut

Josyane Desjardins est directrice générale de Femmessor Montérégie, un organisme qui encourage l'entreprenariat féminin en donnant accès à des capitaux et à des services d'accompagnement. Selon la professionnelle, qui travaille depuis près de 20 ans avec des entrepreneurs, le milieu des affaires n'est pas fait pour tout le monde. «D'après les statistiques, environ 10 % des gens ont un profil entrepreneurial, souligne-t-elle. Se lancer en affaires nécessite des qualités et des aptitudes particulières. Si certaines peuvent être développées, plusieurs, comme le flair, sont innées. De façon générale, les entrepreneurs savent détecter les occasions et les saisir au bon moment. Ils ont aussi le goût du risque, mais surtout une tolérance à ce dernier, ce qui leur permet de prendre des décisions sans nécessairement connaître tous les éléments pour le faire.»

Pour réussir en affaires, il faut également des compétences en gestion. Combinées à un bon sens de l'organisation, elles nous permettront de gérer les différentes facettes de notre entreprise. «Comme les finances, le personnel, l'inventaire, les échéanciers, etc., explique Josyane Desjardins. Le leadership est également un atout pour convaincre les gens de nous suivre dans notre projet. Finalement, il est primordial d'avoir des compétences interpersonnelles qui nous aideront à développer un réseau et à nous entourer de gens de confiance à qui il sera possible de déléguer certaines tâches.»

Au fil du temps, Virginie Morin, propriétaire de l'entreprise Les Glaceurs, qui se spécialise dans la confection de petits gâteaux, a compris que déléguer est en effet essentiel à la croissance d'une entreprise. Car, si elle a commencé les deux mains dans la farine avec bonheur en 2006, elle est aujourd'hui contente de pouvoir se consacrer à la gestion de ses quatre boutiques. «Avec la naissance de mes filles, j'ai dû déléguer certaines tâches, raconte-t-elle. Ça fait maintenant partie de ma philosophie de travail. C'est ce qui me permet de concilier travail et famille.»

 

Finalement, la passion est un ingrédient indispensable à la réalisation de notre projet, comme le confirme la chocolatière Geneviève Grandbois. «Démarrer une entreprise, c'est stimulant, passionnant et valorisant, mais c'est aussi épuisant et ça nous remet en question, lance-t-elle. Si notre désir vient seulement de la tête, on manquera de courage pour tout affronter.» Ce que corrobore François Lambert, un des dragons de la populaire émission Dans l'oeil du dragon et auteur d'un livre qui sortira ce printemps dans lequel il partage sa passion pour l'entrepreneuriat et sa «recette» pour se lancer en affaires. «Notre projet doit être le rêve pour lequel on se lève tous les matins, dit-il. Démarrer une entreprise peut être ardu. Si bien qu'on se dit souvent qu'on ne passera pas au travers. Mais quand on est guidé par la passion, on y parvient.»

Étape 2: évaluer la pertinence de notre idée

«Pour savoir si notre projet va tenir la route, il est essentiel de faire une étude de marché, explique Josyane Desjardins. Celle-ci nous permettra de savoir s'il y a un marché potentiel, de cerner notre clientèle, d'évaluer si notre produit ou notre service correspond aux besoins du marché et d'identifier la concurrence.»

Plusieurs organismes peuvent nous y aider. C'est le cas des Centres locaux de développement (CLD), dont une partie du mandat est d'accompagner les entrepreneurs. À Montréal, ce rôle est davantage celui de l'organisme SAJE, qui soutient les nouveaux entrepreneurs par le biais de services-conseils, de coaching et de formations. Pour se familiariser avec l'étude de marché et les façons de la réaliser, on peut aussi consulter le guide offert en ligne par le Réseau Entreprises Canada ou via ses portails québécois Info Entrepreneurs et Ressources entreprises. Véritables mines d'or, ces derniers offrent la liste complète des organismes et des sites à consulter pour gérer une entreprise, de son démarrage à sa fermeture. Un autre moyen de savoir si notre idée est bonne: on en parle! «Si on ne parle pas de notre idée, fortes sont les chances de mourir avec elle, prévient François Lambert. On en parle. À notre famille, nos amis, nos collègues. Leur rétroaction est essentielle pour peaufiner notre projet et prendre le pouls du marché. «Très peu d'idées sont volées, assure-t-il. Des bonnes idées, tout le monde en a. Ce qui fait la force d'un entrepreneur, c'est la façon dont celle-ci est exécutée.»

Étape 3: créer notre plan d'affaires

«Il s'agit d'un document d'une trentaine de pages dans lequel on présente notre profil d'entrepreneur, notre projet et tous les éléments essentiels à sa réalisation: résultats de l'étude de marché, prévisions budgétaires, ressources nécessaires, plan marketing, etc.», explique Josyane Desjardins. C'est habituellement à partir de ce document que les bailleurs de fonds évalueront notre sérieux et la viabilité de notre projet.

Les CLD peuvent nous aider à concevoir notre plan d'affaires. Il y a aussi l'organisme SAJE, qui propose une formation intitulée Lancement d'une entreprise, au terme de laquelle un plan d'affaires doit être rédigé. Cette attestation de spécialisation professionnelle est aussi offerte aux adultes par la plupart des commissions scolaires du Québec. Si on est plutôt du genre autodidacte, on peut opter pour le modèle de plan d'affaires à compléter soi-même qui est offert sur le site de la Banque de développement du Canada.

Étape 4: trouver le financement

Les besoins financiers reliés au démarrage d'une entreprise varient selon le projet. Si les plus chanceuses peuvent compter sur l'appui d'anges financiers de leur entourage, il faut, dans la plupart des cas, se tourner vers les institutions financières.

«En règle générale, le financement d'un projet nécessite une mise de fonds équivalente à 20-25 % du montant demandé», indique Josyane Desjardins. Or, même avec une mise de fonds, il n'est pas garanti qu'une institution accepte de nous prêter de l'argent. Heureusement, il est possible de multiplier les sources de financement. À ce titre, des organismes comme les CLD et les Femmessor offrent des programmes d'aide sous forme de prêts. Leur avantage? En plus de financer une partie de notre projet, ces organismes peuvent nous informer sur l'ensemble des programmes d'aide existants et nous aider à trouver les bons véhicules financiers pour mener notre projet à terme.

«Idéalement, il faut éviter de s'endetter à outrance au moyen du crédit personnel, prévient Josyane Desjardins. Loin d'être une solution, cette option peut même nuire à notre portrait financier puisque nous n'aurons plus la capacité de réinjecter des fonds, ce qui peut être négatif dans l'analyse de notre demande d'aide financière.» On peut avoir de grands rêves, mais au départ, mieux vaut rester prudente. «Quand on commence, mieux vaut limiter les coûts. Pas besoin d'impressionner la galerie avec un beau local et du personnel administratif pour recevoir les clients et les investisseurs», dit François Lambert.

Il faut aussi y réfléchir à deux fois avant de laisser notre emploi pour se consacrer corps et âme à notre projet, ajoute Hugo Francoeur, conseiller en gestion pour l'organisme SAJE. «Certains le font et réussissent, mais personnellement, je crois qu'il est souhaitable d'attendre que notre projet ait des bases solides, sans quoi c'est un peu comme plonger dans une piscine sans savoir si elle contient de l'eau. L'atterrissage peut être brutal», illustre-t-il.

Les bons projets ne manquent jamais de financement, assure Josyane Desjardins. «À l'opposé, si on se fait dire non à plus d'une reprise, il est peut-être nécessaire de refaire nos devoirs pour réunir davantage de conditions gagnantes.»

Les 3 clés pour réussir

Geneviève Grandbois et Virginie Morin, deux entrepreneures qui ont le vent dans les voiles, nous donnent leurs conseils.

1. Croire en notre projet. «Il est important de se fier à notre instinct et d'avoir confiance en nos moyens, soutient Virginie Morin. Personne ne peut prendre les décisions à notre place. Et il faut se rappeler qu'il y a beaucoup de choses qu'on apprend au fil du temps. Si on m'avait proposé à l'époque de prendre les rênes d'une entreprise comptant 4 commerces et 25 employés, j'aurais probablement refusé, me croyant incapable de le faire.»

2. Se créer un réseau. Que ce soit par le biais d'organismes d'aide au démarrage ou de regroupements d'entrepreneurs, il est important d'être bien entourée et de ne pas s'isoler. «Ça fait du bien de parler avec des gens qui vivent la même chose que nous, dit Geneviève Grandbois. Ça permet de réaliser que les problèmes qu'on vit sont similaires à ceux d'autres entrepreneurs et que, souvent, il existe des solutions.» De même, le soutien de nos proches est essentiel. Leurs encouragements nous aideront à tenir la route, notamment dans nos moments de découragement.

3. S'armer de patience. «Cela peut être frustrant, mais il faut accepter que les choses prennent parfois plus de temps qu'on ne voudrait», dit Geneviève Grandbois.

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