Travail
Comment réussir une entrevue d'emploi
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Quelques jours avant
Petite enquête. «J'aimerais travailler ici parce que c'est à 5 minutes de chez moi.» C'est peut-être vrai, mais ce n'est pas avec ce genre de réponse qu'on brille en entrevue. Ce qu'il faut, c'est établir des liens entre les valeurs de l'entreprise et les nôtres, sa mission et notre expérience, ses projets et nos compétences. Pour cela, il faut la connaître. Alors, on «google» son nom, on visite son site Web, sa page Facebook, son compte Twitter, les profils LinkedIn de ses employés, etc. Ainsi, on saura quoi dire si le recruteur nous demande ce qu'on sait de l'entreprise.
On se rafraîchit la mémoire. De la même façon qu'on révise avant un examen, on se remémore notre parcours professionnel et scolaire avant une entrevue (avec les dates). Ça nous évitera de répondre «C'est écrit dans mon CV», ce qui nous ferait paraître désorganisée et nonchalante.
Réponses toutes faites. Bien que certaines questions soient archi-prévisibles, encore trop de candidats sont pris au dépourvu quand elles leur sont posées. C'est simple: il faut prévoir le coup et y penser avant. On nous demande quelle est notre principale faiblesse? On oublie les sempiternels «Je suis trop perfectionniste» ou «Je travaille trop», entendus mille fois. Le mieux, c'est de mentionner un vrai défaut (pas trop grave, quand même) et d'expliquer comment on y remédie (en préparer au moins trois). Même chose pour les autres questions courantes: «En quoi êtes-vous qualifiée pour ce poste? Pourquoi devrions-nous vous embaucher? Parlez-nous de vous. Donnez-nous un exemple d'une difficulté vécue au travail et comment vous l'avez surmontée.» À tête reposée, on réfléchit pour trouver des tas d'exemples concrets reliés aux fonctions, aux compétences et aux exigences du poste qu'on convoite. Cela nous procurera une bonne longueur d'avance en entrevue.
Un peu de pratique. On a déterminé ce qu'on veut dire. Maintenant, on s'exerce devant une personne capable de nous donner l'heure juste sur notre performance. On peut aussi se filmer. Attention, toutefois: il ne s'agit pas de réciter des réponses par coeur, mais plutôt de maîtriser notre présentation et de développer de l'assurance. Plus on répète, plus on se sentira en contrôle et plus on sera convaincante.
La veille
C'est où? On ne peut pas se permettre d'arriver en retard le lendemain. On vérifie l'itinéraire, l'horaire des autobus. Mieux: on fait le trajet pour évaluer le temps de déplacement et repérer les espaces de stationnement, au besoin.
Comment je m'habille? L'examen de notre garde-robe et les essayages, c'est la veille ou même avant qu'on s'y met. La règle d'or: s'adapter au code vestimentaire de l'entreprise. Pour cela, on regarde les photos de son site Web ou des profils LinkedIn de ses employés ou encore on passe dans les environs pour voir comment les gens sont vêtus. En général, il vaut mieux être trop bien habillée que pas assez. On mise donc sur les classiques: tailleur, jupe ou pantalon et chemisier. Et on a la main légère avec le parfum.
On prépare notre sac. On met dans notre portedocuments tout ce dont on aura besoin: copies de notre CV, portfolio, bloc-notes, stylo, bas de nylon de rechange, peigne, etc.
Le jour J
7 h - Départ hâtif. Pour pallier les imprévus (embouteillage, autobus en retard, panne, etc.), on prévoit arriver dans les environs une heure avant le rendez-vous. Ça nous enlèvera beaucoup de stress. Évidemment, on ne se rend pas sur place tout de suite. On met à profit notre avance pour marcher dans le quartier et oxygéner notre cerveau, boire une tisane, répéter les réponses qu'on a préparées, se calmer et se dire qu'on est bonne. On passe aussi à la salle de bains (si possible) pour se rafraîchir, se laver les mains et vérifier si rien ne cloche (mascara qui a coulé, morceau d'aliment entre les dents, etc.).
8 h 50 - Une entrée calculée. On se présente au rendez-vous 5 à 10 minutes avant l'heure prévue. Même si on a couru pour être à temps, on n'en laisse rien paraître. On entre d'un pas calme, clés, lunettes soleil et cellulaire (fermé) déjà rangés dans notre sac. Et on n'arrive pas avec un café (on aurait l'air trop à l'aise). Si on a un retard, on
prévient.
Première impression. Des candidats qualifiés voient parfois leur candidature rejetée parce qu'ils ont été désagréables avec la réceptionniste (plusieurs recruteurs s'informent de sa perception). La leçon? Dès qu'on franchit la porte, on affiche notre plus beau sourire et on est avenante avec toutes les personnes qu'on croise.
9 h - Enchantée! Une poignée de main molle et on perd des points. Une poignée de main ferme accompagnée d'un sourire et d'un «Enchantée de vous rencontrer» donne au contraire l'impression qu'on assure et qu'on est bien dans notre peau. On évite toutefois d'entrer dans la bulle de l'autre en touchant son bras ou son épaule. Pendant qu'on se dirige vers la pièce où se déroulera l'entrevue, on casse la glace avec une phrase comme «Merci de prendre le temps de me recevoir». On peut aussi faire un commentaire positif sur les bureaux.
Avec ou sans sucre? Devrait-on accepter un café ou un verre d'eau? C'est à notre discrétion. Mais si on veut jouer de prudence, on refuse le café: pas de risque alors de le renverser. Quant à l'eau, si on a tendance à avoir la bouche sèche en situation de stress, on l'accepte. Mais on dépose le verre loin de nous. Et on place sac à main et porte-documents à nos pieds (pas sur le bureau).
9 h 05 - Le non-verbal parle. D'abord, on se rappelle le conseil de notre mère: «Assis-toi droite sur ta chaise!» On sourit aussi tout au long de l'entrevue. Et même si on est nerveuse, on s'efforce de maintenir le contact visuel avec notre interlocuteur, sans toutefois le fixer. Si on laisse vagabonder notre regard dans la pièce ou qu'on garde les yeux baissés, il pourrait croire qu'on a quelque chose à cacher ou qu'on manque de confiance en soi. S'il y a deux intervieweurs, on regarde principalement celui qui nous interroge tout en jetant un regard de temps à autre sur le second. Par ailleurs, il est déconseillé de trop contrôler nos gestes, car le recruteur sentira un décalage entre nos paroles et notre communication non verbale. Ainsi, si on a l'habitude de parler avec nos mains, on n'essaie pas de se retenir. Sinon, on pourrait refléter une attitude rigide, ce qui risque de nous nuire. Donc, on reste soi-même, car l'authenticité est notre meilleur atout. Une exception: mieux vaut éviter de croiser les bras puisque ce geste est souvent interprété comme un signe de fermeture.
9 h 10 - Une saine distance. Même si l'intervieweur veut nous rendre à l'aise, on évite d'être trop familière. On garde un niveau de langage soigné et on ne raconte pas les exploits de notre petit dernier. Et il ne faut jamais critiquer un ancien patron, un emploi, un collègue, un client. J-A-M-A-I-S!
9 h 15 - J'ai une question. En règle générale, on attend d'être conviée à poser nos questions, habituellement vers la fin. Mais une question pertinente, reliée au sujet en cours, est acceptable, à condition qu'elle ne soit pas suivie de plusieurs autres. Ce serait une bien mauvaise idée que de prendre le contrôle de l'entrevue! On n'est pas certaine de comprendre la question de l'intervieweur? Plutôt que de lui demander de répéter (on aurait l'air de ne pas écouter), on reformule ses propos: «Si je comprends bien, vous voulez savoir...» On démontre ainsi qu'on prend le temps de valider notre compréhension avant d'agir.
9 h 20 - Se vendre, sans se vanter. La différence? Les faits. Quand on dit qu'on a une bonne résistance au stress ou qu'on est créative, on se vante. Par contre, si on accompagne ces affirmations d'exemples concrets tirés de situations réelles de travail, on le prouve. (Et comme on s'est préparée, ça ne nous posera pas de problème!)
9 h 30 - Un brin d'humour? C'est un terrain glissant, car l'humour peut être associé à un manque de sérieux. Il est préférable d'avoir une conversation vivante et expressive et de sourire sans compter. Si le contexte s'y prête, on peut aussi rire de bon coeur avec le recruteur. Mais raconter la dernière bonne blague qu'on a entendue? Non!
9 h 35 - Période de questions. Vers la fin, il est d'usage de proposer au candidat de poser ses questions. Et il faut en avoir, car cela démontre notre intérêt. On en profite donc pour marquer encore plus de points en revenant sur certains aspects discutés pendant l'entrevue: «Vous avez dit plus tôt que vous avez commencé à vendre au Brésil. Visez-vous aussi d'autres pays d'Amérique du Sud?» Il est bien vu également de demander des précisions sur les responsabilités du poste, ses objectifs et ses défis, les projets de l'entreprise, etc. On peut même sortir notre liste de questions (deux ou trois!).
9 h 40 - Parlons d'argent. Devrait-on aborder la question du salaire? Habituellement, c'est l'employeur qui en parle le premier et on devrait lui en laisser l'initiative. Ainsi, il est déconseillé de le questionner sur ce sujet à la première entrevue. Mais si le salaire est un élément-clé dans la poursuite de notre démarche, on peut tâter le terrain en demandant des précisions sur les «conditions de travail». On n'insiste pas cependant et on ne sort surtout pas notre liste d'exigences. Sans quoi on donnera l'impression d'accorder plus d'importance à ces aspects qu'à l'emploi lui-même.
9 h 50 - Le mot de la fin. Juste avant de prendre congé, on fait un dernier pitch de vente. On remercie le recruteur de nous avoir reçue et on réitère notre intérêt pour l'emploi. On termine en s'informant du moment où le choix sera fait et en lui demandant une carte professionnelle (en vue d'avoir ses coordonnées pour le suivi).
15 h 30 - Dernier merci. Une demi-journée après l'entrevue, on écrit un courriel de remerciements (un appel est souvent jugé intrusif). Attention: si on passe plusieurs entrevues et qu'on a un courriel type, on s'assure de l'adapter à l'entreprise. Une erreur d'inattention peut parfois nous coûter le poste!
Une semaine plus tard
Pas de nouvelles? On fait un suivi une fois passé le délai où l'entreprise devait prendre sa décision. Par exemple, si l'entrevue a eu lieu un lundi et que le candidat devait être choisi au courant de la semaine, on attend le lundi suivant pour aller aux nouvelles. Si on donne un coup de fil le vendredi après-midi, on risque d'irriter le recruteur, qui pourrait répondre que la semaine n'est pas encore terminée. Enfin, même si le délai est expiré, on évite de tenir pour acquis qu'on n'a pas l'emploi, car les décisions sont souvent reportées. Appeler en demandant pourquoi on n'a pas été sélectionnée dénoterait un manque de confiance en soi. Il faut plutôt s'enquérir de l'évolution du processus de sélection. Si le poste n'a pas été pourvu, on réitère notre intérêt. Cela dit, le but du suivi est de savoir à quoi s'en tenir et non d'influencer la décision finale.
Un CV impec!
Comment? Presque toujours par courriel ou via le site de l'entreprise, parfois par télécopieur. Sinon, on l'apporte en personne. Dans ce cas, choisir un papier blanc ou ivoire de bonne qualité. Jamais de couleur.
Quelle police de caractères? Une police courante, comme Times New Roman ou Arial, d'une taille entre 11 et 14 points. Le CV doit tenir sur deux ou trois pages. Privilégier une mise en page aérée et sauvegarder le document en format PDF pour que la mise en page reste intacte.
Une photo? Non. Cela dit, sur notre profil LinkedIn, il en faut une de type professionnel. Par ailleurs, les contenus de notre CV et de notre profil LinkedIn doivent être uniformes, mais peuvent être présentés dans un ordre et dans des mots différents.
Et nos loisirs? Seulement s'ils ont un lien avec le poste ou s'ils ajoutent des atouts à notre candidature. On convoite un poste de représentante et on joue au golf? D'accord, c'est utile. On adore lire? Ça n'apporte rien de plus. On a 60 ans et on pratique l'escalade et la voile? Oui, car ça prouve qu'on est en forme. On fait des marathons? Oui, on est déterminée et on relève des défis, qualités appréciées en entreprise.
Sans fautes! Toujours faire relire notre CV par une personne douée en français.
Merci pour leur collaboration à Émilie Bélanger, responsable des ressources humaines, et Mathieu Dufresne, vice-président orientations stratégiques et ressources humaines, La Turquoise, cabinet en assurance de dommages; à Stéphane Gagnon, conseiller en emploi; à Cybèle Rioux, CRHA et présidente d'Alizé ressources humaines; et à Christine Gagnon, synergologue et consultante en communication non verbale.
Pour en savoir plus
- L'Entrevue d'embauche: toutes les astuces pour enfin obtenir un oui!, par Stéphane Gagnon, Septembre éditeur, 2008, 118 p., 15,95$
- Entrevue: préparez-vous en 3 étapes, par Patricia St-Pierre, Septembre éditeur, 2011, 160 p., 26,95$.
- Le site monemploi.com, particulièrement la rubrique «Le coin du CV» pour les nombreux conseils.