Travail
Année sabbatique: comment en tirer profit?
«Enseigner est exigeant. J'avais besoin de recul, de vivre sans être stressée; bref, de changer de rythme», explique Christine, professeure de littérature dans un cégep. À 40 ans, elle s'offre un congé sabbatique de six mois. Elle en profite pour prendre un cours de cinéma en anglais et pour faire un voyage en France avec son fils de sept ans. «J'ai réalisé des projets qui me tenaient à coeur depuis longtemps», dit-elle.
Une bonne planification
Christine a tiré profit de son congé sabbatique parce qu'elle s'y est préparée longtemps à l'avance. «Il est important de planifier soigneusement sa pause professionnelle et de réfléchir aux raisons qui nous poussent à prendre congé, précise Chantal Boudreau, psychologue organisationnelle. Sinon, on risque de manquer notre coup. Une fois notre congé fini, on regrettera de ne pas en avoir profité suffisamment.»
Selon la psychologue, au cours de cette planification, on doit se fixer des objectifs. «Qu'est-ce qu'on veut faire? Comment va-t-on occuper notre temps? Certaines prendront une pause professionnelle pour voyager. D'autres souhaiteront acquérir une formation professionnelle. D'autres encore voudront plutôt réviser leur plan de carrière ou tout simplement faire le vide. Il faut prendre le temps de bien déterminer ses besoins.»Ensuite, il faut identifier les moyens qui nous permettront d'atteindre nos objectifs. «Par exemple, si on prend congé pour se mettre à jour dans notre domaine, on voudra peut-être retourner aux études ou aller faire un stage en Europe, explique Chantal Boudreau. Pour faire le vide, on envisagera de prendre des cours de yoga ou encore de s'investir dans des activités autres que le travail, comme le jardinage, la musique ou la peinture. Ainsi, si on veut faire le tour du monde, on s'assurera d'avoir les visas nécessaires, de se faire vacciner, de trouver une personne de confiance qui pourra s'occuper de notre maison en notre absence, etc. Notre plan de match variera en fonction de nos objectifs.»
Juliette, professeure de français, dans une école secondaire, s'est préparée un an à l'avance. «Je voulais aller passer quelques mois au Costa Rica. J'ai pris des cours d'espagnol le midi à l'école afin de pouvoir me débrouiller dans la langue du pays. Puis, grâce à divers contacts, je me suis trouvé une famille costaricaine prête à m'accueillir en échange de cours de français. Cela m'a permis de découvrir le pays et sa culture en dehors des circuits touristiques.»
Convaincre son employeur
Dans les secteurs publics ou parapublics, prendre une sabbatique est fréquent. Cette disposition est même prévue dans les conventions collectives. Nathalie Lord, conseillère en réadaptation et en transition professionnelle, chez lord & complice, note que dans le secteur privé, certains patrons sont réticents à accorder de tels congés. «Quand on travaille dans une petite entreprise où notre poste est unique, le gestionnaire risque de ne pas être très ouvert: notre absence va désorganiser l'entreprise.»
Pour réussir sa démarche auprès de son patron, Nathalie Lord suggère de présenter des solutions en même temps que notre requête. «Par exemple, on pourrait proposer à notre patron d'accueillir un stagiaire durant l'année qui précède notre congé et le préparer à nous remplacer.» Selon elle, notre employeur sera plus enclin à nous accorder notre congé s'il y voit des avantages, par exemple, si notre projet vise à parfaire notre formation. «Il faut également l'aviser tôt, soit environ un an à l'avance.»Financer son projet
Mais encore faut-il avoir les moyens de se l'offrir ce congé sabbatique. Certaines personnes peuvent bénéficier d'un congé à traitement différé. Cette formule – qui peut toutefois varier selon les conventions collectives – consiste à retenir une partie du salaire de l'employé pendant quelques années et de lui remettre ce montant pendant son absence.
Répandu dans les secteurs publics et parapublics, le traitement différé est rare dans le secteur privé. On y offre plutôt des congés sans solde. Les personnes qui désirent changer d'air, avec l'assentiment de leur patron, doivent prendre en charge elles-mêmes leur épargne. Selon David Pidgeon, planificateur financier, il n'existe pas de formule miracle. «À moins d'avoir les économies nécessaires, il faut mettre des sous de côté.» Le planificateur financier conseille d'épargner de façon systématique, par retenue sur le salaire ou par prélèvements automatiques dans notre compte. «On doit se considérer comme le créancier le plus important», souligne le spécialiste qui recommande par ailleurs d'investir ces sommes dans des placements sûrs, comme les certificats de placement garanti.
Tout calculer
Combien épargner? «Cela dépend de ce qu'on veut faire, répond David Pidgeon. Il faut évaluer les coûts de notre projet et tout calculer. Par exemple, le transport et l'hébergement si on veut voyager. Sans oublier qu'il faudra continuer à payer nos frais fixes en notre absence, comme le loyer ou l'hypothèque, les services publics, les assurances, etc. Peut-être qu'on se rendra compte qu'on devra économiser pendant trois ou quatre ans et réduire son train de vie pour financer son rêve.»
Selon le planificateur financier, le retrait du REER devrait être envisagé en dernier recours. «Cela peut sembler une bonne chose parce que la personne n'a aucun revenu et que son taux d'imposition est moins élevé, mais elle risque de compromettre sa retraite.» Par ailleurs, le programme fédéral de Régime d'encouragement à l'éducation permanente (REEP) permet de retirer jusqu'à 10 000 $ par année de son REER, sans être imposé, à condition d'étudier à temps plein. Les sommes retirées doivent être remboursées dans les 10 années suivantes.
Atténuer le choc du retour
Un jour ou l'autre, il faudra retourner au travail. Julie Carignan, psychologue organisationnelle et associée à la Société Pierre Boucher – psychologie organisationnelle, conseille de planifier son retour avant de partir. «On doit avoir un dialogue ouvert avec son patron afin de lui faire part de nos attentes et connaître les siennes, dit-elle. La Terre n'arrêtera pas de tourner en notre absence. On doit s'attendre à ce qu'il y ait eu des changements dans notre milieu de travail et être prête s'y adapter. Quelques semaines avant le retour au boulot, on devrait commencer à se remettre à jour dans notre domaine, s'informer des changements dans notre organisation et adopter une routine.»
En fait, il s'agit de se ménager un atterrissage en douceur.
Une bonne planification
Christine a tiré profit de son congé sabbatique parce qu'elle s'y est préparée longtemps à l'avance. «Il est important de planifier soigneusement sa pause professionnelle et de réfléchir aux raisons qui nous poussent à prendre congé, précise Chantal Boudreau, psychologue organisationnelle. Sinon, on risque de manquer notre coup. Une fois notre congé fini, on regrettera de ne pas en avoir profité suffisamment.»
Selon la psychologue, au cours de cette planification, on doit se fixer des objectifs. «Qu'est-ce qu'on veut faire? Comment va-t-on occuper notre temps? Certaines prendront une pause professionnelle pour voyager. D'autres souhaiteront acquérir une formation professionnelle. D'autres encore voudront plutôt réviser leur plan de carrière ou tout simplement faire le vide. Il faut prendre le temps de bien déterminer ses besoins.»Ensuite, il faut identifier les moyens qui nous permettront d'atteindre nos objectifs. «Par exemple, si on prend congé pour se mettre à jour dans notre domaine, on voudra peut-être retourner aux études ou aller faire un stage en Europe, explique Chantal Boudreau. Pour faire le vide, on envisagera de prendre des cours de yoga ou encore de s'investir dans des activités autres que le travail, comme le jardinage, la musique ou la peinture. Ainsi, si on veut faire le tour du monde, on s'assurera d'avoir les visas nécessaires, de se faire vacciner, de trouver une personne de confiance qui pourra s'occuper de notre maison en notre absence, etc. Notre plan de match variera en fonction de nos objectifs.»
Juliette, professeure de français, dans une école secondaire, s'est préparée un an à l'avance. «Je voulais aller passer quelques mois au Costa Rica. J'ai pris des cours d'espagnol le midi à l'école afin de pouvoir me débrouiller dans la langue du pays. Puis, grâce à divers contacts, je me suis trouvé une famille costaricaine prête à m'accueillir en échange de cours de français. Cela m'a permis de découvrir le pays et sa culture en dehors des circuits touristiques.»
Convaincre son employeur
Dans les secteurs publics ou parapublics, prendre une sabbatique est fréquent. Cette disposition est même prévue dans les conventions collectives. Nathalie Lord, conseillère en réadaptation et en transition professionnelle, chez lord & complice, note que dans le secteur privé, certains patrons sont réticents à accorder de tels congés. «Quand on travaille dans une petite entreprise où notre poste est unique, le gestionnaire risque de ne pas être très ouvert: notre absence va désorganiser l'entreprise.»
Pour réussir sa démarche auprès de son patron, Nathalie Lord suggère de présenter des solutions en même temps que notre requête. «Par exemple, on pourrait proposer à notre patron d'accueillir un stagiaire durant l'année qui précède notre congé et le préparer à nous remplacer.» Selon elle, notre employeur sera plus enclin à nous accorder notre congé s'il y voit des avantages, par exemple, si notre projet vise à parfaire notre formation. «Il faut également l'aviser tôt, soit environ un an à l'avance.»Financer son projet
Mais encore faut-il avoir les moyens de se l'offrir ce congé sabbatique. Certaines personnes peuvent bénéficier d'un congé à traitement différé. Cette formule – qui peut toutefois varier selon les conventions collectives – consiste à retenir une partie du salaire de l'employé pendant quelques années et de lui remettre ce montant pendant son absence.
Répandu dans les secteurs publics et parapublics, le traitement différé est rare dans le secteur privé. On y offre plutôt des congés sans solde. Les personnes qui désirent changer d'air, avec l'assentiment de leur patron, doivent prendre en charge elles-mêmes leur épargne. Selon David Pidgeon, planificateur financier, il n'existe pas de formule miracle. «À moins d'avoir les économies nécessaires, il faut mettre des sous de côté.» Le planificateur financier conseille d'épargner de façon systématique, par retenue sur le salaire ou par prélèvements automatiques dans notre compte. «On doit se considérer comme le créancier le plus important», souligne le spécialiste qui recommande par ailleurs d'investir ces sommes dans des placements sûrs, comme les certificats de placement garanti.
Tout calculer
Combien épargner? «Cela dépend de ce qu'on veut faire, répond David Pidgeon. Il faut évaluer les coûts de notre projet et tout calculer. Par exemple, le transport et l'hébergement si on veut voyager. Sans oublier qu'il faudra continuer à payer nos frais fixes en notre absence, comme le loyer ou l'hypothèque, les services publics, les assurances, etc. Peut-être qu'on se rendra compte qu'on devra économiser pendant trois ou quatre ans et réduire son train de vie pour financer son rêve.»
Selon le planificateur financier, le retrait du REER devrait être envisagé en dernier recours. «Cela peut sembler une bonne chose parce que la personne n'a aucun revenu et que son taux d'imposition est moins élevé, mais elle risque de compromettre sa retraite.» Par ailleurs, le programme fédéral de Régime d'encouragement à l'éducation permanente (REEP) permet de retirer jusqu'à 10 000 $ par année de son REER, sans être imposé, à condition d'étudier à temps plein. Les sommes retirées doivent être remboursées dans les 10 années suivantes.
Atténuer le choc du retour
Un jour ou l'autre, il faudra retourner au travail. Julie Carignan, psychologue organisationnelle et associée à la Société Pierre Boucher – psychologie organisationnelle, conseille de planifier son retour avant de partir. «On doit avoir un dialogue ouvert avec son patron afin de lui faire part de nos attentes et connaître les siennes, dit-elle. La Terre n'arrêtera pas de tourner en notre absence. On doit s'attendre à ce qu'il y ait eu des changements dans notre milieu de travail et être prête s'y adapter. Quelques semaines avant le retour au boulot, on devrait commencer à se remettre à jour dans notre domaine, s'informer des changements dans notre organisation et adopter une routine.»
En fait, il s'agit de se ménager un atterrissage en douceur.