Psychologie
Vous êtes timide? Ne désespérez pas!
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Réserve, timidité ou phobie sociale?
«Les personnes timides croient souvent qu'elles doivent accepter leur timidité comme un handicap qu'elles devront supporter toute leur vie, observe le psychologue clinicien Michel Saint-Hilaire. Elles ont tort: il est possible de cesser d'avoir peur des autres, d'aller vers autrui sans rougir, d'arriver à parler en public sans perdre tous ses moyens. Mais attention: il faut faire la distinction entre timidité et réserve, qui est une sorte de pudeur, de délicatesse d'âme, avec laquelle on vit très bien, et qui n'a rien à voir avec la véritable timidité qui, elle, peut faire profondément souffrir celui qui en est affligé. Il y a par ailleurs toutes sortes de timides: des timides modérés aux timides maladifs qui, eux, souffrent carrément de phobie sociale.»
L'approche béhaviorale pour vaincre la timidité
Jacynthe, 36 ans, informaticienne de talent, raconte: «J'ai vécu l'enfer de la timidité à outrance. Mais après une thérapie de groupe, deux années d'ateliers de théâtre et six mois de taï chi, je commence à pouvoir respirer normalement en public. En fait, ma timidité était devenue une véritable phobie: j'hésitais à faire l'épicerie dans les endroits achalandés de peur d'être regardée, observée par un grand nombre de gens. Je fuyais les réunions de famille, les fêtes de bureau. Je rougissais constamment et je craignais de regarder les autres dans les yeux. Je parlais très peu en groupe. Quand je m'exprimais, je le faisais comme si j'allais me jeter à l'eau, avec la panique de ceux qui ont peur de se noyer. Et je mettais systématiquement le répondeur, par peur de répondre au téléphone.»
Vous souhaitez vaincre votre timidité? Michel Saint-Hilaire privilégie l'approche behaviorale - étude expérimentale du comportement, sans recours à l'introspection et à la psychologie profonde. «Demandez-vous d'abord pourquoi vous désirez modifier cet aspect de votre personnalité, suggère le psychologue. Ensuite, identifiez l'émotion qui vous submerge lorsque vous êtes en public. Avez-vous peur qu'on vous juge? Qu'on vous rejette? Les autres sont-ils souvent pour vous comme des monstres que vous devez affronter? Mais ces peurs ne sont pas rationnelles. En prendre conscience, c'est déjà faire un grand pas en avant.
Bien s'observer en situation de panique
La prochaine fois que vous vous trouverez en situation de "panique", observez votre comportement, vos sensations physiologiques. Respirez-vous difficilement? Avez-vous les mains moites, la bouche sèche? Tremblez-vous? Avez-vous chaud? Soyez aussi attentif à votre respiration. Elle est rapide? Votre coeur s'emballe? Allez, respirez profondément, lentement... Encore une fois... Soyez attentif à votre inspiration, puis à cet instant entre l'inspiration et l'expiration, et enfin à votre expiration. Et puis ne restez pas tassé au fond de votre chaise, les bras croisés, dans une attitude de repli. Adoptez une position d'ouverture, penchée vers l'avant. Vous diminuerez ainsi votre anxiété, retrouverez votre calme. Peut-être même trouverez-vous le moyen de dire quelques mots. Vous constaterez alors que rien de grave ne se produit. Vous réaliserez que ceux qui vous regardent et vous écoutent ne sont pas des monstres, mais des êtres humains qui, tout comme vous, aiment, travaillent, se réjouissent, souffrent et pleurent sur le chemin de la vie. »Le psychologue suggère de faire ensuite un «retour» sur ce que vous venez de vivre. Vous avez donné votre opinion sur une question politique? Dit quelques mots dans une conversation? Posé une question? Demandé une information à un étranger? Comment vous êtes-vous senti à ce moment précis? Quelles pensées vous sont venues en tête? Aimeriez-vous, lors d'un prochain échange, élaborer un peu plus?