Psychologie

Témoignage: Je souffre d'anxiété sociale

Témoignage: Je souffre d'anxiété sociale

  Photographe : Marie-Eve Tremblay | Colagene.com

En général, les gens ont hâte aux soirées entre amis, aux réunions familiales ou aux 5 à 7 entre collègues. Passer du temps avec leurs proches les comble, les discussions les nourrissent, le contact avec les autres les stimule. Moi, c’est tout le contraire: ça draine toute mon énergie.

Peu importe le type d’événement auquel je suis invitée et les gens qui y participent, c’est toujours le même scénario. Plus la date approche, plus j’angoisse. Je me demande si je serai assez en forme pour entretenir la conversation, si je réussirai à ne pas dire de bêtises, si je trouverai des sujets de discussion intéressants, si je ne créerai pas trop de froids ou de malaises et si... et si...

«C’est un comportement typique de l’anxiété sociale. Les personnes ont peur de se faire prendre en défaut, de faire une gaffe, d’avoir l’air stupides. Elles anticipent et amplifient ce qui peut mal se passer et cela ruine souvent toute possibilité que la rencontre sociale puisse être agréable, plaisante et gratifiante», explique Danielle Amado, psychologue clinicienne spécialisée dans le traitement de l’anxiété sociale.

Du plus loin que je me souvienne, depuis mon adolescence en fait, je mène un combat intérieur sans fin contre moi-même pour surmonter cette angoisse et continuer à planifier des sorties sociales. Je l’avoue: je me suis souvent désistée le jour même en invoquant des prétextes bidons, parce que je ne me sentais pas assez en forme pour «affronter les autres».

Le pire, c’est que la plupart du temps, je réussis à passer un bon moment une fois sur place. Je choisis soigneusement mes interlocuteurs. Je m’éclipse quand je sens que je m’enfonce dans une discussion déplaisante. J’use d’humour pour me dépêtrer des situations inconfortables. Je fais tout pour que les autres n’y voient que du feu! Reste que, au lieu d’être des moments de divertissement, voire de ressourcement, mes sorties, moi, elles m’épuisent.

«L’anxiété sociale est épuisante, parce qu’on est en mode surprotection de soi, en mode combat. Pour compenser, la personne peut développer des mécanismes d’évitement clairs, comme décliner les invitations, ou des mécanismes de contournement, comme s’éclipser durant la soirée en allant donner un coup de main aux hôtes ou en allant jouer avec les enfants. Pourtant, on ne lui demande pas de divertir tout le monde ou de tenir un discours toujours impeccable ou sensationnel. Tout ce qu’on lui demande, c’est d’être là et de rester elle-même», rappelle la psychologue.

Le pire, c’est que la fin de l’événement ne rime pas avec la fin de mes tourments... Dès que je pose le pied dehors, je me mets à sur-analyser ma soirée. Je repense à ce que j’ai dit et pas dit, à ce que j’aurais dû dire et ne pas dire. Je me tape sur la tête pour la blague qui a été mal reçue, pour les nouvelles que j’ai oublié de demander ou pour ne pas avoir assez souri.

«Après une sortie, les gens qui font de l’anxiété sociale ont tendance à focaliser sur ce qui s’est mal passé et cela vient confirmer leur crainte de participer à d’autres rencontres sociales, commente la psychologue Danielle Amado. Pour éviter cela, il faut garder en tête l’objectif initial de la sortie, qui est de passer du temps avec les gens qu’on aime. Cela aide ensuite à se concentrer sur les choses qui ont été agréables, puis de s’attribuer les mérites sur ce qui s’est bien passé pendant la rencontre plutôt que de ressasser ce qui a mal été.» Heureusement, avec le temps – et plusieurs rencontres avec ma psy –, j’ai appris à mieux contrôler mon esprit qui dérape les jours ou les heures précédant le jour J et qui me donne envie de tout annuler. Je réussis mieux, aussi, à déterminer où commence et arrête mon anxiété. Surtout, j’ai compris que je ne suis pas la seule à faire des sorties, toujours en compagnie de la même amie, l’anxiété.

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