Psychologie
Quel genre de conductrice êtes-vous?
Comment la reconnaître au quart de tour: Aux heures de pointe, c'est elle qui fait du slalom entre les autos parce qu'elle est persuadée que la voie voisine est plus rapide. Elle est coincée dans un bouchon? Qu'à cela ne tienne, elle passe devant tout le monde en dépassant à droite.
Ses bons côtés: Elle est vigilante et a généralement de bons réflexes.
Ses points d'inaptitude: En voulant aller trop vite, Mme Pressée risque de rater une sortie ou, pire, de ne pas voir le cycliste qui surgit au détour d'une petite rue... En milieu urbain, le simple fait de rouler à 10 km/h au-dessus de la vitesse permise multiplie par quatre le risque d'accident. De plus, il est faux de croire que plus on a le pied lourd, plus on gagne du temps. Comme le souligne la Société d'assurance automobile du Québec, compte tenu de la signalisation et des autres véhicules, les gains du conducteur pressé sont nuls presque à tous les coups.
Le plein de conseils:
Madame Rêveuse. Mme Rêveuse, c'est tout le contraire de Mme Pressée. Toujours dans la lune, elle en oublie d'appuyer sur le champignon et roule généralement plus lentement que la vitesse permise. Ah! s'il n'y avait que ça... mais elle oublie aussi régulièrement de signaler ses intentions quand elle fait un virage ou quand elle dépasse quelqu'un, elle néglige de retourner dans la voie de droite après un dépassement, elle ne baisse pas ses phares la nuit quand elle croise un autre automobiliste et parfois, il lui arrive même d'oublier qu'elle a un volant entre les mains! À ses yeux, rien de tel qu'un trajet en voiture pour méditer sur la vie ou le bonheur, ou pour fixer son attention sur le très joli bistro, au coin de la rue. D'ailleurs, plus elle rêvasse, plus elle conduit lentement... ça lui donne davantage de temps pour réfléchir!
Comment la reconnaître au quart de tour: Il suffit de tendre l'oreille. Comme elle met un temps fou à démarrer lorsque le feu passe au vert, elle suscite très fréquemment un concert de klaxons.
Ses bons côtés: Elle en a un seul: comme elle ne roule généralement pas très vite, les conséquences en cas de collision devraient être moins graves!
Ses points d'inaptitude: Quand elle conduit, Mme Rêveuse ne pense pas à ce qu'elle est en train de faire. Elle hésite sur le trajet à suivre, ralentit la circulation, roule en sens inverse, s'éternise aux intersections, néglige ses angles morts... Bref, elle commet toutes sortes d'erreurs qui peuvent inciter quelques majeurs à se dresser et même causer des accidents en poussant les conducteurs pressés à commettre des imprudences.
Le plein de conseils:
Madame Multitâche. En plus de jaser au téléphone, de retoucher sa coiffure, de se mettre du mascara, de terminer son café, d'enlever les miettes de sa jupe, de trouver un poste radio qui donne la circulation, de lire une carte routière, de raconter une histoire aux enfants ou de taper un texto sur son Blackberry, Mme Multitâche réussit l'incroyable exploit de conduire en même temps! Exploit dont elle a fait une habitude, tellement elle est persuadée de gagner un temps fou en agissant de la sorte.
Comment la reconnaître au quart de tour: C'est simple, elle fait toujours autre chose en conduisant. Essayez de vous asseoir côté passager... Impossible! Son centre d'appels, sa salle de bains et son coin cuisine y sont installés en permanence!
Ses bons côtés: Si elle roulait sans que son attention soit sans arrêt détournée de la route, elle serait sans doute bonne conductrice. En attendant, trop occupée pour regarder où elle va, elle doit constamment donner des coups de volant pour ramener son auto dans le droit chemin.
Ses points d'inaptitude: Mme Multitâche pense que la conduite automobile est une activité facile qu'on peut accomplir en se mettant sur le pilote automatique. Erreur! De fait, conduire en faisant autre chose est un des moyens les plus sûrs de finir sur un brancard, puisque huit collisions sur dix sont causées par les distractions au volant. Pensons-y: en roulant à 50 km/h, on parcourt 14 m en une seule seconde. Et une seconde, c'est à peu près le temps qu'il faut pour changer le poste de radio ou crier aux enfants de se taire... au lieu de freiner en voyant surgir de nulle part un petit garçon qui court après son ballon. Quant au fait de parler au téléphone en roulant, aïe! D'après le Premier rapport de recommandations de la Table québécoise de la sécurité routière, paru en juillet dernier, il augmente de 38 % nos risques d'avoir un accident. Et ce pourcentage double carrément si on fait partie des grandes utilisatrices de cellulaire.
Le plein de conseils: Prendre le volant tout en faisant 36 trucs, c'est fini! Même si aucun article du Code de la sécurité routière ne pénalise la distraction au volant à proprement parler, on peut quand même écoper d'une amende si notre conduite met en danger les autres automobilistes (par exemple, si on roule trop lentement sur l'autoroute parce qu'on consulte une carte routière ou si on omet de s'arrêter à un feu rouge parce qu'on parle au téléphone). Alors, si elle ne veut pas payer très cher ses erreurs d'inattention, Mme Multitâche devrait donc dorénavant:
- éteindre son cellulaire chaque fois qu'elle roule. Si elle doit absolument répondre à un appel, il faut d'abord qu'elle s'arrête dans un endroit sécuritaire.
- se maquiller à la maison. De toute façon, l'éclairage est mauvais en voiture.
- bannir le café de la voiture. Ça lui évitera de ruiner son joli chemisier en freinant d'urgence au milieu d'une gorgée.
- miser sur la prévoyance, côté divertissement: DVD et livres pour les bambins qui détestent la voiture, et choix de CD avant de prendre la route.
Madame Craintive. Mme Craintive emprunte toujours le même chemin pour se rendre au boulot ou au marché. Elle évite aussi de conduire le soir et laisse l'auto dans le garage dès que les conditions météo ne sont pas idéales. Pour parler franchement, elle ne se sent pas très à l'aise derrière un volant. Les mâchoires serrées et l'oeil rivé sur la chaussée, elle a plus souvent le pied sur le frein que sur l'accélérateur, et ses réflexes, dans l'ensemble, ne sont pas très bons. En fait, elle conduit vraiment par obligation et n'en tire aucun plaisir, peut-être à cause d'une mauvaise expérience antérieure (accident ou autre) ou parce qu'elle n'a pas à conduire régulièrement.
Comment la reconnaître au quart de tour: Peu importe sa taille ou son âge, elle conduit les mains crispées sur le volant et le nez pratiquement collé sur le pare-brise.
Ses bons côtés: Tous les spécialistes interrogés s'entendent pour dire qu'elle n'en a aucun. On peut seulement espérer qu'elle marche davantage, ce qui serait infiniment meilleur pour sa santé et... celle des autres conducteurs!
Ses points d'inaptitude: Sur les routes, c'est sans conteste la conductrice la plus dangereuse. En effet, si elle croise sur son chemin des éléments qui déclenchent chez elle la peur ou la nervosité (pont, passage à niveau, embouteillage, conducteur agressif, etc.), Mme Craintive risque de freiner de façon injustifiée, de s'arrêter brusquement à un endroit non sécuritaire ou de donner un coup de volant, ce qui pourrait sérieusement déstabiliser les automobilistes qui la suivent.
Le plein de conseils: - Idéalement, pour gagner graduellement une plus grande confiance en elle au volant, Mme Craintive devrait suivre des cours spécialisés s'adressant aux conductrices plus âgées ou aux victimes d'accident de la route. Pour connaître les écoles de conduite reconnues, il suffit d'aller sur le site de CAA-Québec.
- Entre-temps, elle peut tenter d'apprivoiser les routes en évitant de circuler aux heures de pointe. De cette façon, elle n'aura pas à gérer le stress supplémentaire d'avoir à rouler en compagnie d'une cohue d'automobilistes énervés et pressés de rentrer chez eux.
- Enfin, quoi qu'il arrive, Mme Craintive ne doit surtout pas perdre les pédales! En restant calme et en pleine possession de ses moyens, elle a de bien meilleures chances de conserver la maîtrise de son véhicule ou de mieux réagir aux difficultés de la circulation et aux nombreux obstacles qui peuvent surgir chemin faisant.
Nous tenons à remercier de leur très aimable collaboration le professeur Jacques Bergeron, directeur du Laboratoire de simulation de conduite à l'Université de Montréal, André Lamarche, président de l'Association des écoles de conduite du Québec, Philippe St-Pierre, agent de communication chez CAA-Québec, Sophie Gagnon, directrice des relations publiques et gouvernementales chez CAA-Québec, et Gino Desrosiers, conseiller en communication pour la SAAQ.