Psychologie
Quand l’argent est une source de stress
Photographe : Marie-Eve Tremblay / Colagene.com
On se demande souvent si on a assez d’argent? A-t-on raison de se soucier de notre situation financière? On examine notre rapport à l’argent avec un expert.
Il est clair que si on peine à satisfaire nos besoins de base, comme se nourrir et payer le toit qu’on a sur la tête, on devra réévaluer notre budget et faire des choix en conséquence. Selon la firme Léger Marketing, un Québécois sur deux est stressé à cause de sa situation financière.
«C’est que l’argent est l’objet de bien des projections, croit Christian Junod. La sécurité, l’indépendance, la liberté… C’est en partie vrai, mais si on a assez d’argent pour combler ses besoins, et même un peu plus, mais qu’on ressent néanmoins un stress important par rapport à nos finances, on a tout lieu de se demander si l’argent est le véritable enjeu. La majorité des gens ont suffisamment d’argent, mais ne le savent pas.»
La surconsommation de biens matériels, les comparaisons superficielles — il a tel gadget, je dois l’avoir aussi —, le besoin de reconnaissance et de réussite lié absurdement au solde de notre compte en banque, etc. Toutes ces avenues ne nous mèneront nulle part.
«Le plus grand danger est sans doute de croire que plus on aura d’argent, plus on sera heureux », dit Christian Junod.
Une étude de l’Université de Princeton parue en 2010 concluait que notre niveau de bien-être tendait à augmenter proportionnellement à l’argent que l’on gagnait… seulement jusqu’à un revenu familial de 75 000 $. Même si on doublait ce chiffre, on ne serait donc pas plus heureuse.
Bien sûr, l’argent n’est pas non plus complètement étranger au bonheur. En 2014, des chercheurs de l’Université de la Colombie-Britannique ont découvert que, oui, l’argent pouvait rendre heureux… à condition de bien le dépenser. S’en servir pour faire plaisir aux autres, par exemple. Ou encore pour acheter une «expérience», comme un voyage, laisserait une empreinte de bonheur bien plus longtemps que celle laissée par l’achat d’une tablette ou d’une cafetière.
«Un rapport sain à l’argent, c’est quand on n’y projette pas des espoirs irréalistes, quand il occupe une place relativement importante mais pas centrale, quand on sait très bien que l’argent n’achète ni l’amour ni l’amitié et quand on investit notre énergie dans ce qui nous passionne avant tout, sans que l’argent devienne un but en soi», conclut Christian Junod.
Ce que l’argent dit de vous, Christian Junod, Eyrolles, 2016, 175 p., 22,95$.