Psychologie
Pouvons-nous changer des comportements bien ancrés?
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Qu'est-ce que ça implique et comment arrive-t-on à changer son comportement? C'est ce que nous expliquent Lyson Marcoux, psychologue et chargée de cours à l'Université du Québec à Trois-Rivières, et Jean-François Villeneuve, psychologue spécialisé en changement de comportement.
« En général, on change quand c'est devenu inévitable, observe d'emblée la psychologue Lyson Marcoux. Habituellement, une personne veut changer quand elle prend conscience que son comportement la fait souffrir ou lui nuit. Ce n'est jamais facile. Il ne faut pas perdre de vue que ce comportement engendre souvent des bénéfiques secondaires. »
La psychologue donne l'exemple d'une personne incapable de s'affirmer et qui dit oui à toutes les demandes de son entourage. Elle récolte ainsi beaucoup d'approbation sociale et nourrit son estime de soi.
« Le jour où elle dit: c'est assez, elle perd ce bénéfice, du moins à court terme, le temps que le bénéfice du nouveau comportement s'installe. C'est pareil pour un régime. Avant que la personne n'ait le bénéfice d'être plus mince ou en meilleure santé, elle va perdre certains plaisirs immédiats procurés par ses anciennes habitudes alimentaires. Au début, les gens voient davantage ce qu'ils vont perdre en modifiant leur comportement que ce qu'ils vont gagner », explique la psychologue, qui ajoute que la résistance au changement naît de la peur de l'inconnu.
Les étapes du processus de modification d'un comportement sont les mêmes pour tous. Les voici:1- La pré-contemplation
À cette étape, la personne n'a pas l'intention de changer. Elle n'est pas encore consciente qu'il lui serait favorable de modifier un comportement.
2- La réflexion
La personne commence à réfléchir à son comportement et à voir les avantages d'un éventuel changement. Elle n'est toutefois pas encore prête à passer à l'action.
3- La préparation
« Ici, il s'agit de cibler ses objectifs et de les rendre précis. Dire qu'on veut être plus tolérant ou plus en forme ne suffit pas. Les objectifs doivent être clairs. Il faut aussi identifier les obstacles qui pourraient survenir et voir comment on pourrait les déjouer », explique Jean-François Villeneuve.
4- L'action
Cette étape engendre souvent son lot d'émotions contradictoires, allant de la fierté à la culpabilité. « Ce n'est pas toujours facile de suivre ses objectifs. C'est pour cette raison qu'il faut ré-apprivoiser l'échec. Par exemple, ce n'est pas parce qu'on a été impatient une fois dans la semaine ou qu'on a mangé un morceau de gâteau qu'on a tout fait rater. C'est rare qu'un nouveau comportement soit adopté du premier coup, sans échecs. Il faut juste apprendre de ceux-ci », poursuit le spécialiste du changement de comportement.
5- Le maintien
Il faut habituellement de six mois à un an pour intégrer un nouveau comportement. « Ce n'est jamais complètement acquis, mais le comportement demandera de moins en moins d'efforts et d'énergie », souligne le psychologue.
Entrepredre le changement
Lorsque le désir de changer un comportement est présent, qu'il s'agisse de manger mieux ou d'apprendre à mettre ses limites, il importe de se poser quelques questions.
« Le désir de changer doit venir de soi et non des autres. Il est primordial de savoir pourquoi on veut changer, c'est-à-dire la raison profonde qui nous motive », souligne le psychologue Jean-François Villeneuve. Il ajoute que quelques éléments sont essentiels avant d'entamer un tel processus.
« Il faut se réserver du temps et de l'énergie. C'est sûr qu'il y a des changements qui sont plus simples que d'autres, mais la plupart demandent des efforts. Ainsi, le contexte doit être favorable. Si vous êtes constamment stressé ou débordé, il ne vous reste plus beaucoup d'espace pour les nouveaux apprentissages, incluant celui d'un nouveau comportement », note-t-il.
Les obstacles aux changements
Certains obstacles peuvent entraver notre processus pour modifier un comportement. En voici quelques-uns.
- Une baisse de la motivation.
- La surcharge d'objectifs ou des buts contradictoires: « Par exemple, vouloir prendre plus de temps pour soi... et vouloir une promotion. Ou encore, vouloir faire plus de sport en même temps que de vouloir réussir ses études et obtenir du succès au travail », souligne Lyson Marcoux.
- La réaction de l'entourage: «Par exemple, le fait d'apprendre à s'affirmer peut causer des tensions au sein d'un couple.»
- L'instabilité émotionnelle.
- Croire que ça va être facile.
Saviez-vous que...
Il existe deux éléments-clés dans la motivation de modifier un comportement? Il s'agit de l'importance qu'on accorde au changement et de la confiance qu'on a d'y parvenir.