Psychologie
Plus infidèles, les jeunes?
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Q: L'infidélité est-elle particulièrement présente chez les jeunes adultes?
R: J'ai observé que si les jeunes sont en apparence plus infidèles, c'est surtout parce qu'ils sont moins engagés. Les 18-24 ans ont une ouverture différente face à la sexualité. Ils ont souvent plus de partenaires lorsqu'ils sont célibataires, mais une fois en couple, ils ont un désir de bâtir une relation solide. En fait, selon des sondages, les plus infidèles seraient les 30-44 ans.
Qu'entendez-vous par «les 18-24 ans ont une ouverture différente face à la sexualité»?
À cet âge, on n'est plus dans l'adolescence, mais on est encore à un stade d'exploration. Ils peuvent, par exemple, se montrer plus disposés que leurs aînés à essayer le couple ouvert. De leur côté, certaines jeunes femmes de ce groupe d'âge reconnaissent être prêtes à donner du sexe pour obtenir ce qu'elles veulent. Je crois que ce qui caractérise les 18-24 ans, c'est une plus grande désinvolture en matière de sexualité.
Garçons et filles: même réalité?
Ça se ressemble beaucoup, mais il y a encore quelques différences. Par exemple, une fille qui a plusieurs partenaires ou qui trompe son chum est rapidement traitée de salope, ce qui n'est pas le cas des jeunes hommes.
Qu'est-ce qu'être infidèle pour cette génération?
La notion d'infidélité est beaucoup liée à la pénétration vaginale. Lorsqu'ils sont vraiment en couple, les 18-24 ans considèrent parfois qu'il y a infidélité à partir du moment où l'on donne à quelqu'un d'autre ce qui devrait être réservé au couple. Ça implique les baisers, les caresses, et parfois même le flirt.
Les jeunes couples auraient-ils avantage à définir ce qu'ils entendent par infidélité?
Tout à fait. Tous les couples devraient définir, dès le début de la relation, comment ils voient la sexualité et quelle est leur notion de la fidélité. Certains préfèrent avoir un couple ouvert, d'autres, exclusif. En parler permet d'éviter de mauvaises surprises, de ne pas mettre la relation en danger ou de blesser l'autre irrémédiablement.
Quelle est la cause principale d'infidélité chez les 18-24 ans?
Je ne crois pas qu'il y ait de cause particulière d'infidélité à cet âge. Comme il s'agit de jeunes couples, on ne peut pas parler d'essoufflement. D'après mes observations, l'occasion fait parfois le larron. Il y a souvent le besoin de vérifier quelque chose; son pouvoir de séduction, par exemple, ou sa capacité d'avoir du plaisir avec une autre personne...
Qu'est-ce qui explique le cynisme de nombreux jeunes adultes par rapport au mariage et à la fidélité?
Beaucoup sont des enfants du divorce. Des modèles de couples qui ont bien traversé le temps, ils n'en ont pas des tonnes. Le désir d'avoir un couple qui dure est présent, mais on y croit moins. Les 18-24 ans ont aussi grandi dans une société de consommation à outrance, même au niveau du couple et de la sexualité. Si ça ne marche pas, on va voir ailleurs au lieu de se poser des questions sur la relation. Il faut être conscient de ça.
Avez-vous des conseils pour favoriser la fidélité?
D'abord, je ne suis pas là pour favoriser la fidélité, mais plutôt pour aider à cheminer en ce sens si tel est le désir du couple. Il faut se parler et dire à l'autre quelles sont nos attentes quant au couple. Il ne faut pas oublier ensuite qu'être en couple, ça devrait signifier de partager des plaisirs, d'abord et avant tout.
C'est important de ne pas perdre de vue notre capacité de jouer, de s'amuser ensemble. S'il n'y a plus de plaisir et de rires, il risque de ne plus y avoir non plus de plaisir érotique. Il faut aussi être disponible, trouver un juste milieu, car un autre danger est d'être trop fusionnel. Il faut une certaine distance, s'épanouir en dehors du couple pour avoir envie de revenir vers lui. Je dirais qu'il faut cultiver l'admiration réciproque. J'ai observé qu'à long terme, le fait d'admirer l'autre permet de nourrir le désir.