Psychologie
Les magasins-partage: aider les plus démunis
Catherine Giroux Photographe : Catherine Giroux
À une époque, la compagnie Mattel avait décidé de créer une petite soeur pour Barbie. Celle-ci n'a toutefois pas connu le succès de la célèbre poupée. «Moi, je voulais la soeur de Barbie, juste parce que personne n'en voulait!» Une anecdote qui illustre bien la sensibilité de Sylvie Rochette face à l'injustice et l'exclusion.
Issue d'une famille de sept tissée serré, pour qui l'engagement social fait partie de l'ADN de chacun de ses membres, il est dans la nature de Sylvie de porter autrui dans ses pensées, dans son coeur et, surtout, dans ses actions. «Si je me trouvais dans telle ou telle situation, comment est-ce que j'aimerais qu'on m'aide?» se questionne continuellement celle qui a cofondé et dirige le Regroupement des Magasins-Partage depuis presque 20 ans.
Une histoire qui a commencé en 1995 alors que Sylvie se retrouvait sans emploi. Elle en a profité pour investir son temps libre à faire du bénévolat dans un organisme, ancêtre des Magasins-Partage. Son engagement est total. En 1996, la Ville de Montréal et Centraide contribuent à concrétiser son rêve: mettre sur pied le Regroupement des Magasins-Partage. «Je n'ai pas fait ça toute seule!» tient-elle à préciser. N'empêche, une bonne part de son âme s'est invitée dans l'aventure, sans compter mais avec une vision: celle de bien recevoir les gens aux prises avec toutes sortes de difficultés, de leur ouvrir les bras avec respect, dignité et gentillesse, de leur offrir un point de rassemblement, de leur procurer des denrées, et aussi beaucoup d'espoir.
Les 4 magasins du début sont devenus 34 aujourd'hui. Durant la période des fêtes, 2 500 bénévoles y sont actifs. La mission même de l'organisme a évolué: «On ne donne plus seulement de la nourriture, dit Sylvie. On offre également les services d'intervenants utiles aux gens, selon ce qu'ils vivent: psychologues, travailleurs sociaux, aide aux devoirs, etc.» Autre pan important des Magasins-Partage: la campagne Opération sac à dos, qui, au moment de la rentrée scolaire, permet aux familles de venir s'approvisionner en matériel scolaire. Depuis 2001, c'est quelque 4 000 enfants dont le Regroupement a fait briller les yeux, la rentrée venue.
Ce que veut aussi l'organisme, c'est «cultiver l'espoir», nom du dernier projet sur lequel planche actuellement Sylvie Rochette. «Grâce à des terres léguées par la Ville de Montréal (l'équivalent de 54 terrains de football!), on pourra cultiver des légumes-racines. Des produits d'ici qu'on souhaite faire redécouvrir à la population. Une partie de ces légumes sera vendue et l'autre, donnée à différents organismes.»
L'enthousiasme résonne dans la voix de Sylvie, la porte visiblement avec une énergie que plusieurs envieraient. «Ça m'apporte du bonheur de faire ce que je fais, tout simplement. Je sais bien que je n'éliminerai pas la pauvreté ni les difficultés que les gens rencontrent, mais je sais que je peux amoindrir les souffrances.»
Infos: 514 383-2460; magasinpartage.org.
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