Psychologie

Le théâtre, outil d'apprentissage exceptionnel

Le théâtre, outil d'apprentissage exceptionnel

? Istockphoto.com Photographe : ? Istockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

On a vu Caroline Binet au théâtre Prospero à l'automne 2007, radieuse et puissante, aux côtés de Jean-François Casabonne, dans une version déjantée et très physique de La Métamorphose de Kafka, mise en scène par Oleg Kisseliov, un vieux complice, qu'elle retrouvait des années après avoir joué sous sa direction dans Elisaveta Bam de Daniil Kharms et La Leçon d'Eugène Ionesco. Mais, Caroline Binet ne se contente pas de jouer.

Depuis déjà une dizaine d'années, elle travaille aussi à titre de metteure en scène, s'attaquant à des textes exigeants comme Outrage au public de l'Autrichien Peter Handke ou Filles de guerre lasse, de la Québécoise Dominique Parenteau-Lebeuf, deux productions qui furent saluées par la critique, pour la justesse de leur mise en scène.

Un sport de compétition

Mais, comme la plupart de ses collègues, Caroline Binet ne s'est pas intéressée au théâtre avec pour objectif de se retrouver couverte d'éloges des années plus tard.

Plutôt, lorsqu'elle a commencé à vivre ses premières expériences de comédienne dans une troupe de théâtre amateur, vers l'âge de 17 ans, elle cherchait d'abord un moyen de renouer avec l'univers des sports de compétition, qu'elle pratiquait depuis l'enfance. «Je voulais retrouver une ambiance où l'on fait les choses en équipe, unis dans un objectif de réalisation commune et d'abandon, dit-elle. Bien sûr, il y avait déjà le désir d'être regardée, mais j'aimais que ce soit à travers le destin d'un personnage, de quelqu'un d'autre que moi-même.»

Une forme de liberté

Durant ses quatre années d'études à L'École nationale de théâtre, elle fait connaissance avec ses forces et ses faiblesses, mais elle apprend aussi à accepter de se dévoiler, de repousser ses limites, d'aller au fond d'elle-même. «À l'École, étant donné que tu es ton propre instrument d'étude et ton propre instrument de travail, tu ne peux pas te sauver de toi-même. C'est une expérience extrêmement confrontante. Or, si tu veux aller plus loin comme acteur, il faut que tu acceptes de te dépasser, d'aller au-delà de tes schèmes psychologiques, de tes patterns, pour accéder à une certaine forme de liberté. D'ailleurs à l'époque, André Brassard, qui était notre directeur, nous disait que l'École pouvait nous permettre d'apprendre en quatre ans, ce que nous mettrions 20 ans à apprendre dans la vie. Yves Desgagné, qui fut aussi mon professeur, ajoutait que pratiquer ce métier avait fait de lui un meilleur être humain.»

De l'ordre de l'intuition

Aujourd'hui, plus de douze ans ont passé depuis que Caroline Binet a franchi les portes de l'École nationale de théâtre, diplôme en poche. Pour la comédienne en demande et la metteure en scène prolifique qu'elle est devenue, jouer ou monter des textes classiques ou contemporains, des drames foudroyants ou des comédies farfelues, sont autant d'occasions de vivre des expériences humaines hors du communs, des aventures que sa propre existence ne lui permettent pas toujours de connaître.

«Quand on crée en groupe, il faut de l'humilité, de l'écoute, mais aussi de la confiance en soi, pour avoir l'audace de proposer ce que tu ressens, d'exprimer aux autres ce qui est en fait de l'ordre de l'intuition. C'est un art qui exige d'être en contact avec toute la gamme des émotions possibles, tout en étant ouvert à ce qui se passe autours se soi. Évidemment, bien souvent aussi, c'est très cathartique.»

Rendre les autres bons

Mais pour Caroline Binet, le théâtre n'est pas uniquement une façon de voyager à l'intérieur d'elle-même, il permet aussi de côtoyer d'autres cultures. Et, elle ne s'en est pas privée, faisant de fréquents séjours en Europe, en Afrique et en Amérique centrale, des territoires étrangers où elle découvre et affine son intérêt pour la mise en scène. «Les voyages m'ont appris à avoir de la flexibilité dans mes rapports avec les autres. Lorsque je dirige des acteurs, j'essaie de cerner les besoins de chacun, de m'adapter à leur personnalité. Quand je fais de la mise en scène, je n'ai pas beaucoup d'ego, j'aime mieux travailler à rendre les autres bons ou en tout cas, de les amener à donner le meilleur d'eux-mêmes.»

Sans le savoir, Caroline Binet vient peut-être d'identifier ce qu'il y a de plus noble dans l'art du théâtre: cette volonté, bien humaine, de transcender sa condition en donnant le meilleur de soi.

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