Psychologie

La vie après une chirurgie esthétique

La vie après une chirurgie esthétique

Auteur : Coup de Pouce

La chirurgie esthétique soulève son lot de questions. Celles qu'on se pose avant, comme pour qui, pourquoi on le fait? Mais aussi celles qu'on peut se poser après, une fois la poussière retombée, devant l'image que nous renvoie le miroir et nos sentiments face à la transformation. Chose certaine, l'après-chirurgie se vit toujours mieux lorsqu'on s'y prépare, lorsque nos attentes sont réalistes et, surtout, lorsqu'on le fait pour soi. «La chirurgie est un outil merveilleux lorsqu'elle est utilisée de façon intelligente, explique le chirurgien plasticien Marc Dufresne. Indépendamment du problème physique, c'est la façon dont les gens abordent la chirurgie qui compte. Il y a les raisons valables, mais il y a aussi la mode, qui, malheureusement, génère des demandes démesurées ou des attentes trop élevées. Ceux qui espèrent qu'une chirurgie les transforme ou transforme leur vie sont souvent déçus.

À l'inverse, certaines personnes, en changeant un tout petit morceau, changent effectivement leur vie.» Pourtant, même si la chirurgie esthétique se popularise et se démocratise, les femmes qui font le choix de passer sous le bistouri font encore face à plusieurs préjugés. «On croit qu'elles sont superficielles et ne pensent qu'à épater la galerie. Or, la grande majorité nous consultent pour des motifs très raisonnables. Elles ont généralement beaucoup lu sur la question et ont réfléchi longtemps avant de prendre rendez-vous», précise le chirurgien plasticien Roland Charbonneau.

Le faire pour soi, au bon moment, pour les bonnes raisons
Pour être mieux dans sa peau: c'est d'abord pour cela que les femmes optent pour la chirurgie esthétique. «Mais celle-ci n'est pas une panacée. Il est vrai que, chez certaines femmes, un nouveau nez ou un lifting, par exemple, va amener une assurance qui rejaillira sur les autres sphères de leur vie. Ce que des années de thérapie ne pourront pas nécessairement faire. Mais attention: il faut le faire d'abord et avant tout pour soi, et non pas pour plaire aux autres», précise la psychologue clinicienne Danièle Tremblay.

Pour être sereine une fois la chirurgie passée, il ne faut pas se lancer sur un coup de tête ni dans un moment de crise. Sous le coup d'une émotion forte, comme un deuil ou une infidélité, le jugement est affecté et la chirurgie risque alors d'être une bouée à laquelle on pourrait fort bien regretter de s'être accrochée plus tard. Il faut aussi savoir doser ses attentes. «La majorité des plasticiens ne sont pas des vendeurs de rêve. Ils sont d'abord des médecins qui veulent améliorer la vie de leurs patients. On peut corriger certains défauts, mais ce ne sera jamais parfait. Il n'y a pas de miracles, mais un spectre de résultats possibles», dit le Dr Dufresne. La perfection n'est pas de ce monde et elle n'est pas non plus à la portée du scalpel, même le plus fin. Celles qui n'ont pas saisi ce concept risquent d'accuser des fins de non-recevoir d'un chirurgien compétent. «Si on sent que leurs attentes ne sont pas réalistes, on peut refuser ou demander aux gens de poursuivre leur réflexion, explique le chirurgien plasticien Eric Bensimon. C'est le cas des personnes qui arrivent avec des photos de vedettes ou de magazines. Ce n'est pas possible de faire la bouche de l'un, le nez de l'autre, et on doit le leur dire.»Vivre avec un corps nouveau
Si on va de l'avant avec la chirurgie, il faut y consacrer du temps. La convalescence peut être longue avant qu'on puisse reprendre une vie normale. Outre l'enflure et les ecchymoses, il faudra quelques semaines voire des mois avant de pouvoir réellement apprécier une chirurgie. Mais surtout, il faut du temps pour s'adapter à son nouveau soi et à sa nouvelle image. Certaines vivent le début d'un temps nouveau dès les points de suture disparus. D'autres sont émotives, sinon ébranlées après l'opération. «Certaines personnes se remettent plus difficilement. S'il le faut, on les verra chaque semaine. Généralement, l'émotivité diminue avec le temps. Mais si vraiment ça ne va pas, on va suggérer une aide psychologique», dit le Dr Charbonneau.

Certaines interventions sont discrètes, d'autres sont plus évidentes. Elles susciteront des commentaires, des questions et probablement... des potins. On doit être prête à faire face à la musique en réfléchissant aux changements possibles dans nos relations et dans le regard des autres. La chirurgie comporte encore son lot de tabous; les réactions pourront être bien différentes selon les milieux et les individus. Cela pourrait éveiller l'envie chez certaines, un regard désapprobateur chez d'autres. On doit s'y préparer. Bref, il faut questionner dès le début les vraies raisons qui nous mènent vers la chirurgie, cultiver des attentes réalistes par rapport aux résultats et ne pas y prêter une importance démesurée. Car la chirurgie doit être ni plus ni moins qu'un moyen de continuer à s'aimer - et non pas un moyen de s'aimer ou de se faire aimer.

Une expérience plus ou moins satisfaisante
Isabelle, 33 ans: augmentation mammaire il y a 3 ans et demi

«Mes seins avaient toujours été un peu tombants, mais, après deux grossesses, ils étaient non seulement plus tombants mais vides sur le dessus. C'est devenu un véritable problème après ma séparation, à l'âge de 28 ans. J'étais très complexée à l'idée de rencontrer quelqu'un de nouveau; un homme qui n'était pas le père des enfants, qui n'avait pas vu mon corps évoluer. «L'homme qui est devenu mon nouveau conjoint a cinq ans de moins que moi. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser qu'il était habitué à sortir avec des filles plus jeunes qui n'avaient pas eu d'enfants. Je me sentais mal à l'aise avec tout cela, même s'il ne m'avait jamais fait sentir qu'il ne trouvait pas cela beau. D'ailleurs, au début, il n'était pas très emballé par l'idée d'une chirurgie. L'élément déclencheur a été un gros montant d'argent inattendu. Je ne me serais jamais endettée pour des nouveaux seins. «À 30 ans, j'ai plongé. C'est le médecin qui m'a conseillé une augmentation mammaire pour remonter ma poitrine plutôt qu'un redrapage, un choix dont je ne suis pas complètement satisfaite. Mes seins sont plus beaux, mais je m'attendais à mieux. Ils sont toujours tombants, sauf qu'ils sont plus gros. De plus, après la chirurgie, j'étais portée à m'examiner, à remarquer les défauts davantage, même s'ils étaient là auparavant.

«La première année a été difficile. Je n'étais vraiment pas sûre d'aimer le résultat. Si c'était à refaire, j'opterais pour des prothèses plus petites: je suis passée d'un B à un gros D! De plus, un an après ma chirurgie, j'ai eu un autre enfant, et ma poitrine a encore augmenté. Ce n'est pas toujours évident à assumer, une grosse poitrine. Ça change le regard des autres. Je crois que ma chirurgie m'a aidée à être plus à l'aise dans les moments d'intimité, mais ça n'a rien changé dans ma vie de tous les jours. Je ne suis pas plus ou moins heureuse qu'avant ma chirurgie. C'est pareil. Je ne crois pas que j'aurai une autre chirurgie.»Un changement bénéfique et un luxe avoué
Julie, 29 ans: abdominoplastie il y a un an et demi, augmentation mammaire il y a un an

«Après deux grossesses, mon ventre avait une allure de Jell-O. Malgré tout, j'ai longtemps hésité avant d'agir, car, travaillant dans le domaine médical, j'étais au courant des risques liés à ce type d'intervention. Puis, un jour, en vacances à la plage, un monsieur s'est adressé à moi, avec beaucoup de compassion, pour me demander si j'avais été brûlée au ventre! Mon estime venait d'en prendre un coup. Quel choc de réaliser que c'était probablement la façon dont les gens me voyaient! J'avais aussi beaucoup de peine de penser que les amis de mon mari devaient dire: «Pauvre lui! Sa femme est tellement maganée.» Au retour, ma décision était prise: je ferais corriger ce ventre que je n'aimais plus. Mon mari était d'accord parce qu'il savait que ça me complexait beaucoup. Je faisais toujours attention à la façon dont je me tenais et à ce que je portais pour que mon ventre ne paraisse pas. Je n'aimais pas non plus que mon chum touche à mon ventre. Cela enlevait beaucoup de spontanéité dans l'intimité.

Je suis très satisfaite du résultat, mais j'étais réaliste dans mes attentes. Je savais que je ne retrouverais pas mon ventre de 17 ans et qu'il resterait des vergetures tellement j'en avais! Malgré cela, l'intervention a grandement augmenté ma confiance et mon estime de moi: je me trouvais plus belle et féminine. J'étais tellement emballée que j'ai eu envie de continuer sur cette lancée et de repasser sous le bistouri pour une augmentation mammaire. Cette fois, l'optique était bien différente. Je voyais cela comme un luxe. Mon chum était plus ou moins convaincu, mais j'ai insisté. L'opération a réussi, mais elle n'a pas été accompagnée d'une augmentation de confiance. Je ne regrette pas mon augmentation mammaire: c'est un petit luxe dont on profite. Mais pour moi, la chirurgie, c'est terminé.»

Pour continuer à être bien dans sa peau
Mariane, 69 ans: rhytidectomie (facelift) il y a 14 ans, abdominoplastie et liposuccion il y a 2 ans, redrapage du bas du visage (lifting) il y a 6 mois

«À 55 ans, je trouvais que j'avais beaucoup de rides. J'aimais moins mon visage, qui avait pris de l'âge alors que je me sentais encore jeune et énergique. C'est à ce moment que j'ai consulté un plasticien et que j'ai décidé d'avoir un facelift. J'étais très contente du résultat, qui avait l'air très naturel. J'ai toujours été discrète là-dessus. Seule ma famille était au courant, car j'occupais un poste public. Pour minimiser l'impact de l'intervention, j'ai changé ma coiffure et mon maquillage en même temps. Le changement est passé inaperçu.

Quelques années plus tard, je suis retournée pour subir une abdominoplastie et une liposuccion des hanches. Même si cette dernière intervention a nécessité une convalescence de deux mois, je n'ai jamais regretté. Adieu, le petit bedon qui rendait l'habillage plus difficile. Cela m'a redonné plus d'aisance, plus de confiance en moi. Je continue à porter mon bikini en vacances! Ce n'est pas parfait, cela va de soi, mais au moins, je n'ai plus la peau en trop laissée par trois grossesses. Il y a quelques mois, j'ai fait faire un lifting partiel du bas du visage et enlever les poches sous les yeux. J'ai la chance d'avoir la santé et les moyens d'avoir recours à la chirurgie, alors pourquoi pas? Pour moi, ce n'est pas être superficielle. Pour aimer les autres, il faut s'aimer soi-même. Quand on est bien dans sa peau, on aime mieux les autres.»Pour venir à bout d'un gros complexe
Joëlle, 40 ans: abdominoplastie il y a 6 ans

«Ni les exercices, ni les redressements assis, ni les régimes ne venaient à bout du surplus de peau laissé au bas de mon ventre par mes deux grossesses. C'était devenu un gros complexe: j'y pensais constamment. Je détestais me mettre en maillot de bain ou porter des pantalons. En fait, je ne portais plus que des jupes, sous lesquelles je portais une gaine pour que mon ventre soit le plus plat possible. J'ai donc décidé de me lancer. Lorsque j'en ai parlé aux gens de mon entourage, ils ont fait des commentaires négatifs, du genre: "Suis un régime" ou encore: «Tu es riche de dépenser autant pour cela.» Mais ça n'avait pas d'importance, j'étais décidée et je le faisais pour moi.

Évidemment, mon ventre n'est pas parfait. Il reste un petit bourrelet et des vergetures, mais pour moi, c'est le plus beau ventre du monde! Sur la balance, rien n'a bougé, mais le but n'était pas de perdre du poids. Cela n'a pas changé ma façon d'être ou de me comporter. Je ne me suis jamais habillé sexy et ça n'a pas changé après l'opération. Mais j'étais bien mieux dans ma peau et heureuse de porter les vêtements qui me plaisaient. Si c'était à recommencer, je le referais, peu importe le prix. Je n'ai pas hésité à parler de ma chirurgie après. Cela m'avait fait du bien, et peut-être qu'en parler pouvait aider d'autres personnes à passer par-dessus les tabous.»

Une totale perte de temps
Hélène, 50 ans: augmentation des lèvres il y a huit mois

«Pour mes 50 ans, j'ai eu envie de me remonter le visage et le moral en me payant une chirurgie. En fait, je ne savais pas trop quoi, j'avais juste envie de quelque chose de nouveau. Bien naïvement, j'ai pensé qu'une bouche plus pulpeuse m'avantagerait. J'ai agi sous le coup d'une impulsion, comme pour surmonter mon angoisse d'avoir 50 ans. J'ai eu un choc en voyant ma nouvelle bouche. L'intervention était un peu trop visible à mon goût, les lèvres trop volumineuses pour ne pas éveiller les soupçons. Disons que les premières journées, j'ai délaissé le rouge et que je n'avais pas vraiment la tête à faire du charme!

Heureusement, l'effet n'a pas duré: moins d'un mois plus tard, la situation était revenue à la normale. Ou presque. Le produit utilisé pour l'injection, à base d'acide hyaluronique, m'a laissé des petites boules à l'intérieur de la lèvre inférieure. Tout cela, en plus des sous que j'ai investis pour rien. Vraiment, ce n'était pas un cadeau à me faire! Je ne dis pas que je ne subirais plus de chirurgie, mais mon expérience m'a appris qu'il faut bien s'informer avant et ne pas y aller sur un coup de tête. Je m'en tire à bon compte finalement, si je considère que les effets auraient pu être permanents.»

Une bonne frousse
Katia, 26 ans: implant de mollets il y a deux ans

«Ma chirurgie a causé toute une commotion, c'est le moins qu'on puisse dire, mais pas dans le sens que je souhaitais. Profitant d'un voyage de mes parents, j'ai fait faire cette opération en cachette. Seul mon chum de l'époque était au courant. Sur le coup, j'étais super contente du résultat. Moi qui portais toujours des pantalons pour camoufler mes jambes raides comme des balais, j'avais maintenant des mollets avec un magnifique galbe. Quelques mois plus tard, je suis allée visiter ma soeur en Italie et on a décidé de s'offrir un voyage de ski dans les Alpes. La gaffe! Après quelques descentes, ma botte droite, trop serrée sur mon mollet a fait bouger l'implant qui s'est ramassé devant l'os du tibia, presque à la hauteur de la cheville. J'étais complètement affolée, tout comme ma soeur, qui ne comprenait pas ce qui passait. Il a fallu que je lui raconte, là, en plein drame, que j'avais subi une chirurgie. J'avais très peur que l'implant n'abîme ma jambe. On s'est donc rendues à la clinique du centre de ski, pour expliquer, dans notre meilleur italien, ce qui venait d'arriver. Heureusement, il n'y a pas eu de séquelles. C'est un épisode de ma vie dont j'ai très honte avec le recul. J'ai inquiété ma famille, je me suis mise dans une situation ridicule pour un truc pas si important au fond. J'ai même fait enlever ces implants qui me rappelaient trop de mauvais souvenirs.»

Pour en savoir plus
Forum de discussion québécois. C'est l'occasion d'en apprendre plus grâce aux femmes qui partagent leurs expériences et informations sur le sujet.

Société canadienne des chirurgiens plasticiens. On y retrouve notamment de l'information sur les différentes chirurgies.

Le Réseau québécois d'action pour la santé des femmes. Le réseau suit de près les questions controversées concernant la chirurgie, notamment les produits dangereux.
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