Psychologie
La résilience: Qu'est-ce que c'est?
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On nous a demandé de faire preuve de résilience pendant le confinement. On a dit des membres du personnel de la santé qu’ils étaient des exemples de résilience. Mais ça veut dire quoi, au juste, être résiliente? Est-ce que ça se résume à la capacité d’affronter une épreuve au lieu de se laisser abattre?
La résilience est une notion de la psychologie qui a été popularisée à la fin des années 1990 par le neuropsychiatre et psychanalyste français Boris Cyrulnik.
Lui qui, à l’âge de cinq ans, a échappé de justesse à la déportation lors de la Seconde Guerre mondiale et dont les parents sont morts à Auschwitz, en connaît un bout sur le sujet.
Dans son livre Un merveilleux malheur (Odile Jacob), paru initialement en 1999, il résume la résilience par «la capacité à réussir, à vivre, à se développer en dépit de l’adversité».
ENCAISSER...ET REBONDIR
Pascale Brillon, psychologue clinicienne, professeure au Département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal et directrice du laboratoire de recherche Trauma et Résilience, aime bien utiliser la fable de La Fontaine Le chêne et le Roseau pour illustrer le concept de résilience.
En présence de faibles vents, le chêne reste droit et fort, tandis que le roseau plie; mais, dans une violente tempête, le chêne n’a pas d’autres options que de casser ou d’être déraciné, alors que le roseau continuera de ployer pour reprendre sa forme initiale par la suite.
La psychologue et auteure de Développer et renforcer sa résilience (Les Éditions Québec- Livres), Sylvie Rousseau, tient pour sa part à préciser que la résilience n’est pas juste une question de tenir le coup dans l’adversité, c’est aussi la capacité de rebondir et de se reconstruire positivement après l’épreuve. «La vie reprend son cours, mais pas comme avant. Il y a quelque chose en nous qui se métamorphose», souligne-t-elle.
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DES ACCÉLÉRATEURS DE RÉSILIENCE
Quand on parle de résilience, on a toutes au moins une personne qui nous vient en tête. Mais qu’est-ce qui explique que celle-ci réussit mieux qu’une autre à affronter l’adversité et à s’y adapter? «C’est un mélange de capacités innées, de compétences acquises et d’environnement immédiat... mais c’est aussi un concours de circonstances», répond Pascale Brillon.
Se basant sur ses recherches et sur sa pratique clinique à l’Institut Alpha, qu’elle a fondé et où elle reçoit des gens qui ont notamment souffert d’actes criminels (séquestration, torture, parent d’enfant assassiné), la psychologue recense plusieurs caractéristiques associées à la résilience. Plus une personne en possède au moment où elle subit une épreuve, meilleures sont ses chances de bien s’en sortir.
Que celles qui réalisent ici que la résilience n’est pas leur force se rassurent: c’est possible de la développer, et ce, à tout âge. «En sachant que toutes ces stratégies d’adaptation sont les fondations de la résilience, on peut se demander si l’on en possède suffisamment, lesquelles on pourrait développer ou améliorer et comment y arriver», propose Sylvie Rousseau.
8 CARACTÉRISTIQUES ASSOCIÉES À LA RÉSILIENCE
- Le sentiment d’autoefficacité: avoir confiance en soi et en ses capacités de surmonter l’épreuve.
- L’optimisme réaliste: savoir qu’on peut s’en sortir, tout en restant consciente que ça peut être long et difficile.
- La souplesse émotionnelle: accueillir, nommer et accepter ses émotions telles qu’elles sont, qu’elles soient agréables ou désagréables.
- L’humour: être capable de rire de soi et des évènements pour atténuer ses tensions intérieures, prendre du recul par rapport à une situation ou la dédramatiser.
- La souplesse cognitive: faire preuve de flexibilité et d’indulgence envers soi-même et les autres en évitant la recherche de la performance, soit les «il faut», les «je dois» et les mots absolus comme «personne» et «jamais».
- La tolérance à l’incertitude: accepter le flou, le vague et s’ancrer le plus possible dans le moment présent en lâchant prise sur ce qu’on ne peut pas contrôler.
- Le soutien social: bien s’entourer, être proactive dans ses relations amicales et familiales, et s’investir dans sa communauté, en faisant du bénévolat, par exemple.
- L’hygiène de vie: être une coach de vie bienveillante envers soi-même en prenant soin de soi physiquement, émotionnellement et intellectuellement.
UN ACQUIS POUR LA VIE?
Malheureusement, la résilience n’est pas une aptitude qui s’acquiert une fois pour toutes. «Si une épreuve survient à un moment où l’on se sent fragile et moins bien entourée, il se peut qu’on ne réussisse pas à maximiser nos stratégies d’adaptation, même si on les a déjà utilisées avec succès dans le passé», indique Pascale Brillon.
Cela dit, ce qu’on a appris ou acquis dans l’adversité peut nous aider à mieux traverser les prochaines épreuves qui se présenteront à nous. Sylvie Rousseau rappelle que la résilience n’est ni une absence ni une banalisation de la souffrance. «La résilience ne tient pas les épreuves à distance et ne nous met pas à l’abri des coups durs, mais elle permet de résister quand on affronte le pire et de reprendre une forme de développement par la suite», conclut-elle.
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