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Internet et vie privée: le droit au pardon?

Billet de blogue par
Internet et vie privée: le droit au pardon?

  Photographe : Shutterstock

Vous aimeriez vous lancer en politique... si ce n'était de cette photo de vous complètement paf accrochée au cou du portier du 281 le soir de vos 21 ans? Vous songez à postuler chez un géant des télécommunications, mais... vous craignez qu'en googlant votre nom, on ne découvre ce post où vous descendiez en flammes son «service à la clientèle de merde»? Eh bien, il se pourrait que l'absolution de vos péchés vous soit accordée dans un futur pas trop lointain. Vie privée: 1, Big Brother: 0? En effet, un jugement récent d'une cour de justice de l'Union européenne vient d'accorder à un usager d'Internet le droit de faire «oublier» certains détails de son passé. M. Mario Costeja Gonzalez se plaignait qu'en googlant son nom, on tombe systématiquement sur des articles datant de 16 ans, période où, étant en difficultés financières, il avait mis une propriété en vente, argumentant que cela lui nuisait maintenant dans ses relations d'affaires. La Cour lui a donné raison. Google devra donc faire en sorte «d'oublier» ce sujet dans ses recherches. On s'entend: oublier ne veut pas dire effacer ou éradiquer (ce qui est probablement impossible), simplement, cette info n'apparaîtra plus dans les recherches concernant M. Gonzalez. (La Commission européenne avait déjà proposé une loi en ce sens en 2012.)

Vous voyez les implications? Jusqu'à maintenant, on acceptait d'office le fait qu'une fois qu'une info avait été mise en ligne sur Internet, elle y était irrémédiablement jusqu'à la fin des temps. T'as goofé? Too bad. Dieu pardonne. Pas l'Internet. Évidemment, les avocats de Google doivent être aux abois, à la recherche d'arguments pour contester cette décision. En effet, imaginez le nombre de demandes qu'ils risquent de recevoir, sans parler du tri qui sera à faire si on ne veut pas dire oui à tout le monde qui en fait la demande. «Cher Google, en 2011, j'ai écrasé le chien de ma voisine pendant qu'elle était en Floride. J'ai avoué cette gaffe sur Facebook. Or, la voici veuve, et elle me plaît, pourriez-vous s'il vous plaît...» Et c'est ici que la grande question se pose: faut-il privilégier le droit à la vie privée? ou faut-il favoriser la libre circulation de l'information? Est-ce une victoire pour le commun des mortels et une défaite pour Big Brother? Ou est-ce une atteinte à la liberté de parole et une façon pour ceux qui ont gaffé de ne pas assumer les conséquences de leurs paroles? Autrement dit, êtes-vous pour ou contre cette décision?  

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