Psychologie

Effet placebo: le soulagement, c'est dans la tête!

Effet placebo: le soulagement, c'est dans la tête!

istockphoto.com Photographe : istockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

Des milliers d'articles scientifiques se sont attachés à parler de ce petit miracle du quotidien. Le phénomène est ainsi désigné depuis le début du 19e siècle: placebo est un mot latin qui signifie «je plairai», et bien qu'il n'y ait aucun principe actif dans une pilule de placebo, on la prescrivait au patient impatient à qui on ne savait pas quoi prescrire d'autre... et ça le soulageait!

L'effet placebo, qui désigne le pouvoir de soulagement, partiel ou complet, réalisé par l'autosuggestion, fait partie de l'univers des chercheurs depuis déjà longtemps. Pour évaluer un traitement, une procédure standard consiste à suivre deux groupes de patients: à l'un, on administre le traitement, et à l'autre, un placebo, c'est-à-dire un produit inactif, et on compare la réaction des deux groupes. Personne ne sait, ni les patients, ni le médecin, qu'un placebo est en jeu. Difficile parfois de départager qui, de la molécule ou de l'autosuggestion, donne le plus de soulagement aux patients. Ainsi, les «croyants» se retrouvent parfois plus en santé que les autres.

Médicaments thérapeutiques ou homéopathie

Le problème, c'est que pour obtenir l'autorisation de vendre un nouveau médicament, son effet thérapeutique doit être significativement supérieur à son effet placebo. En passant, les produits homéopathiques sont dispensés de cette procédure, puisqu'ils ne sont pas considérés comme des médicaments par les autorités sanitaires. Pour leurs détracteurs, les produits homéopathiques ne fonctionnent que sur l'effet placebo. Dans ces cas, l'effet placebo ne fonctionne pas seulement pour les patients. La seule société Boiron affichait un chiffre d'affaires de 361 millions d'euros en 2005. Ça marche aussi plutôt bien pour les homéopathes.

Quand le cerveau influence la santé

C'est tout de même un champ passionnant qui s'ouvre aux chercheurs: l'étude de l'impact des croyances et des valeurs sur le contrôle des processus affectifs et sensoriels, ou plus simplement, comment votre cerveau peut réguler ses perceptions négatives et ainsi influencer votre santé.

L'effet placebo est multiple: il atténue la perception de la douleur, il augmente la capacité du corps à se défendre, il accroît le contrôle de la motricité chez le parkinsonien.

La recherche a acquis, depuis quelques années, des outils formidablement puissants. Voyons ce qu'on trouve dans la panoplie.

L'effet placebo et la pharmacologie

L'approche pharmacologique utilise des composés chimiques pour tenter de comprendre les secrets d'organes mystérieux tels que le cerveau. John Lévine a ainsi découvert en 1978 que l'analgésie placebo pouvait être bloquée par la naloxone, une molécule empêchant l'action des endorphines, révélant ainsi les premières bases biologiques de l'effet placebo. Par la suite, d'autres chercheurs ont découvert que l'effet placebo stimulant la production d'endorphines avait aussi un effet positif sur le fonctionnement des systèmes respiratoire et cardiovasculaire.

L'effet placebo et le système immunitaire

L'approche par conditionnement a permis d'étendre l'effet placebo à la sphère immunitaire. Ainsi, en 2003, dans ses traitements, l'Américain Robert Ader a associé systématiquement la cyclosporine A (une substance qui supprime les défenses immunitaires) et une boisson aromatisée. Il a ensuite administré la seule boisson à certains patients et a constaté une diminution de leurs défenses immunitaires.

 

L'effet placebo dans l'ère de la neurobiologie

L'approche neurobiologique fait appel aux techniques d'enregistrement du cerveau. Ainsi, en administrant un composé inerte à des patients atteints de la maladie de Parkinson, et en leur disant qu'il s'agissait d'un composé qui allait améliorer leurs performances motrices, les patients avaient non seulement une impression de mieux-être, mais les chercheurs ont mesuré une augmentation de dopamine dans l'un des centres de la motricité de notre cerveau, le striatum.

De nombreuses autres études sont en cours pour définir les voies d'action de l'effet placebo et pour en identifier les acteurs moléculaires et les aires cérébrales qui sont leur théâtre.

Aux faux maux, les faux remèdes

En charlatan talentueux qu'il était, le Dr Knock de Jules Romain inventait des maux qu'il faisait sur mesure au degré de crédulité de ses patients... pour ensuite leur vendre de faux remèdes. Il paraît que ça se fait aux États-Unis: 45% des 231 médecins de Chicago qui ont participé à l'enquête de Rachel Sherman ont admis prescrire de temps en temps un placebo à leurs patients. Si les gens sont sensibles à l'effet placebo, quelqu'un finira bien par s'en enrichir.

Nouveau! Amélioré! Encore plus de placebos qu'avant!

Scénario hitchcockien: la femme tue son mari gourmet en lui faisant manger du Castelmagno: elle lui fait croire que c'était du Cheez Whiz (comment pouvait-il savoir, lui qui n'avait jamais goûté au Cheez Whiz?).

Le saviez-vous?

Le contraire de l’effet placebo s’appelle l’effet nocebo: «je nuirai». Il tourmente les hypocondriaques par auto suggestion. Que le téléjournal annonce qu’on a égaré la fiole contenant la dernière souche de variole, et le lendemain, les salles d’urgence se remplissent de gens couverts de pustules alors qu’ils sont parfaitement sains. C’est le mot «variole» qui leur donne des boutons, pas le virus.

Sources

Université McGill, Le cerveau à tous les niveaux, lecerveau.mcgill.ca

Sherman, R., Hickner, J. (2007). Academic physicians use placebos in clinical practice and believe in the mind-body connection. J. Gen. Intern. Med. 23(1): 7-10

Benedetti F, Mayberg HS, Wager TD, Stohler CS, Zubieta JK. Neurobiological mechanisms of the placebo effect. Journal of Neuroscience 2005;25:10390-402.

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