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Dominique Boudreau: du carême aux Pâques juives

Dominique Boudreau: du carême aux Pâques juives

� photo fournie par Dominique Boudreau Photographe : � photo fournie par Dominique Boudreau Auteur : Coup de Pouce

Dominique Boudreau a grandi dans une famille catholique qui célébrait les fêtes religieuses, sans pour autant fréquenter l'église tous les dimanches. «Nous respections la période de jeûne pendant les 40 jours de carême», se souvient Dominique.

Mais à l'âge de 17 ans, la jeune fille décide de s'éloigner radicalement du catholicisme. Elle réalise que ses valeurs ne sont pas en phase avec celles de la religion dans laquelle, on l'a élevée. «Je ne pouvais pas être en accord avec des idées aussi rigides que l'interdiction de la contraception, ou encore l'homophobie», dit-elle. Un pan de l'histoire familiale la révolte particulièrement. Sa grand-mère est décédée en couche avec son onzième bébé à l'âge de 35 ans, alors qu'un médecin l'avait prévenue qu'avoir d'autres enfants était risqué. C'est un prêtre qui l'avait convaincu d'ignorer cette recommandation.

Pendant plusieurs années, Dominique ne s'attache à aucune religion, même si elle garde une certaine spiritualité. «Je priais des gens importants pour moi qui étaient décédés», explique-t-elle. Puis à l'âge de 27 ans, elle rencontre Mark qui est aujourd'hui son conjoint. «C'est à travers lui et sa famille que j'ai vraiment découvert le judaïsme.»

Le fait que Dominique ne soit pas juive ne pose pas de problème, jusqu'au moment où le couple envisage de former une famille. «Chez les juifs, la religion est transmise par la mère et pour mon conjoint, il était important de léguer sa religion à ses enfants. Et cela avait aussi du sens pour moi. Les grands-parents de Mark ont connu l'Holocauste. Ils ont continué à transmettre leur culture et leur religion au péril de leur vie. On ne pouvait pas interrompre cela.»

La conversion: un long processus

La décision prise, Dominique entame le processus de conversion. Pendant plus d'un an, elle suit un cours hebdomadaire de trois heures avec un rabbin, auquel s'ajoutent de nombreuses lectures. Au terme de cette étude, elle est évaluée sur ses connaissances du judaïsme et sa motivation à se convertir, puis elle participe à une sorte de baptême: le Mikvah, au cours duquel elle s'est immergée totalement dans l'eau pour en ressortir juive. «C'est un peu comme une deuxième naissance», illustre-t-elle.

Ce long processus n'a pas été désagréable pour Dominique. «J'ai appris plein de choses et cela m'a permis de bien réfléchir à ce que je voulais vraiment, même si c'est exigeant et demande beaucoup de temps. De plus, mon conjoint m'a accompagnée dans mon cheminement, ce qui a renforcé la communication au sein de notre couple.»

Aujourd'hui, âgée de 35 ans et mère de  deux enfants, Dominique pratique sa religion d'adoption au quotidien. «Pour moi, les fêtes juives sont différentes des célébrations catholiques qui sont devenues très commerciales (Noël, Pâques). Pendant, les soupers de famille, on se remémore l'histoire des Juifs, par exemple. La tradition est encore très forte.»

Sa conversion a suscité beaucoup de questions dans son entourage. Certains ont même avancé qu'elle s'était convertie pour son mari. Dominique est très à l'aise de répondre à ce genre de remarque. «C'est sûr que si je n'avais pas rencontré Mark, je ne sais pas si je serais là où je suis aujourd'hui. Mais une chose est sûre, si je l'avais fait seulement pour lui, je serais très malheureuse à l'heure qu'il est», conclut-elle.

  

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