Psychologie

Convertir un grincheux: Ça se fait, oui ou non?

Convertir un grincheux: Ça se fait, oui ou non?

  Photographe : Getty Images

On est de celles qui trépignent d’impatience à l’approche de Noël et qui voudraient convertir tous les grincheux de ce monde pour qu’ils partagent notre joie. Mission possible ou non?

 

Si elle avait su que Daniel, son jules, ne partageait pas le même enthousiasme qu’elle pour les fêtes, est-ce que Marie-Hélène aurait quand même plongé dans l’aventure il y a six ans? «Bien sûr que oui, lâche-t-elle en riant. Ce que j’aurais fait de différent, en revanche, c’est d’en discuter avant que Noël arrive!»

Pourquoi? Parce que les vues de son nouvel amoureux sur ce temps de l’année si cher à Marie- Hélène divergeaient grandement des siennes. Résultat: le couple a dû essuyer sa première tempête. «J’avais des traditions auxquelles je tenais énormément, dit la femme de 38 ans. Comme le 24 décembre chez mes parents, alors que lui avait l’habitude de fuir cette période en partant en voyage, seul ou avec des amis.» Un premier Noël houleux donc, que Marie-Hélène a passé en famille, comme d’habitude, sans le nouvel élu de son cœur qui a préféré... rester chez lui. Seul.

«La période des fêtes est très chargée émotionnellement, rappelle la psychologue Rose-Marie Charest. Pour certains, elle évoque de beaux souvenirs, pour d’autres, pas du tout.» Si le temps des fêtes est si «névralgique», c’est qu’il est ancré profondément dans notre culture, incrusté de croyances, voire de règles sans lesquelles, eh bien, Noël ne serait pas Noël! «Être heureux, passer du temps en famille, être généreux... Il y a une grande pression sociale pour qu’on soit tout ça pendant les fêtes, ce qui peut être lourd pour quelqu’un qui ne va pas bien, qui n’a pas de famille ou qui, pour toutes sortes de raisons, n’adhère pas à l’esprit de Noël», explique Sylvie Boucher, psychologue et coach de vie. De fait, selon un sondage Léger mené en 2018, le quart des Canadiens souligne cette fête... par obligation.

 

TROUVER UN TERRAIN D’ENTENTE

Ariane et Sandrine, deux amies de 26 ans, ont longtemps débattu de Noël. La première était à 100 % pour l’ambiance festive, la musique, les cadeaux et les tables bien garnies, alors que la seconde ne voyait là que du superflu et de l’hypocrisie. «Comme ces familles qui se tiraillent toute l’année mais qui, parce que c’est Noël, font semblant que tout va bien», illustre Sandrine. Sans compter tout l’argent dépensé, les excès et la musique poche! Tout ça dérangeait grandement la jeune femme qui ne s’est jamais laissé convaincre par les arguments de son amie. «C’est une période sacrée, croit Ariane. Une parenthèse où l’amour, la générosité et le sens de la fête sont mis de l’avant. Il n’y a absolument aucun mal là-dedans.»

Si les deux amies n’ont jamais réussi à concilier leurs façons de voir et qu’Ariane doit contenir un peu sa joie avec son amie lorsque Noël se pointe, les jeunes femmes ont malgré tout réussi à s’inventer un rituel bien à elles. «On fait du bénévolat une ou deux journées, dit Sandrine. C’est quelque chose qui a un sens pour moi, et pour Ariane aussi.» Les deux en sortent gagnantes: l’une avec un sentiment d’accomplissement, l’autre avec ce même sentiment, mais en ayant aussi l’impression de partager un moment privilégié avec sa meilleure amie en cette période de l’année si importante à ses yeux. 

«Ça ne donne absolument rien d’essayer de convaincre une personne qui n’aime pas les fêtes, croit Rose-Marie Charest. Généralement, cela produit l’effet inverse. En revanche, on peut essayer de créer de nouvelles traditions avec cette personne.» Sylvie Boucher, elle, est persuadée qu’on se met souvent beaucoup trop de pression sur ce que devraient être les fêtes. «On doit lâcher prise et accepter que tout le monde n’aime pas cette période», dit la psychologue. De mauvais souvenirs, un deuil inachevé, un choc de valeurs... L’important est de découvrir pourquoi une personne se montre récalcitrante à l’égard des fêtes. Une fois qu’on a compris, on peut essayer de trouver des solutions. Après un premier Noël passé chacun de leur côté, Marie-Hélène et Daniel ont fini par trouver un terrain d’entente.

«Daniel vient d’une famille dysfonctionnelle, explique Marie-Hélène. Pour lui, le temps des fêtes ne signifiait rien d’autre que déception et chicanes. Il fuyait donc cette période dérangeante pour lui. J’ai quand même essayé de le convaincre qu’avec ma famille, ça ne serait pas comme ça, mais il avait acquis de nouvelles habitudes auxquelles il tenait, comme de partir en voyage.» Leur solution: le couple passe un Noël sur deux au soleil, avec sa petite de deux ans. Et un Noël sur deux, Daniel accepte de se joindre au grand rassemblement familial de son amoureuse. «Je vois bien qu’il n’est pas très à l’aise, mais il fait un effort, dit Marie- Hélène. Surtout pour notre fille.»

 

5 ÉTAPES POUR S'ENTENDRE AVEC UN GRINCHEUX

1. Comprendre les raisons qui se cachent derrière son aversion pour les fêtes.

2. Faire le deuil d’un Noël idéal (pour soi) avec cette personne et accepter qu’on ne pourra pas la changer.

3. Demander à notre Grincheux comment il aimerait passer les fêtes.

4. Trouver un compromis; repenser les traditions et en créer de nouvelles.

5. Garder intact notre amour pour cette fête en préservant les traditions qui nous tiennent vraiment à cœur, quitte à ne pas les partager avec notre Grincheux.

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