Psychologie

Comprendre la maladie mentale

Comprendre la maladie mentale

Auteur : Coup de Pouce

Les personnes atteintes de maladie mentale n'ont pas un profil unique. Subir un traumatisme à un jeune âge peut affecter notre santé psychologique, mais pas nécessairement: on peut avoir grandi dans un milieu équilibré et être vulnérable, alors que d'autres sortent indemnes des pires épreuves. Quelles sont les causes, alors? Les spécialistes observent trois facteurs: biologique (prédispositions génétiques ou héréditaires), psychologique (éducation, aptitudes à traverser des difficultés) et social (qualité des relations interpersonnelles et du réseau social). Un seul de ces facteurs peut entraîner une maladie mentale, mais, en général, il s'agit d'un mélange des trois.

Il n'est pas toujours facile de distinguer les difficultés psychologiques passagères (déprime à la suite d'un deuil, par exemple) d'une maladie mentale (épisode de dépression majeure). On parle habituellement de maladie mentale quand la personne n'arrive plus à vaquer normalement à ses occupations. «C'est la différence entre vérifier si la porte est bien verrouillée et traverser la ville afin de refaire la vérification, explique Suzanne Laporte, intervenante à l'OASIS Santé mentale. Une personne qui souffre de jalousie et qui a peur de l'abandon n'est pas systématiquement diagnostiquée borderline. Elle doit présenter d'autres symptômes correspondant aux critères de diagnostic pour que la maladie soit officiellement reconnue par un médecin ou un psychiatre. C'est la même chose pour toutes les maladies mentales.»

Il existe quatre principales catégories de maladies mentales: les troubles de l'humeur (dépression et maladie bipolaire); les troubles anxieux (anxiété généralisée, phobies et trouble obsessionnel-compulsif); les troubles psychotiques (principalement la schizophrénie) et les troubles de la personnalité (qui comprennent, entre autres, le trouble de la personnalité limite). Les premiers symptômes apparaissent généralement à l'adolescence ou au début de l'âge adulte, mais peuvent demeurer imperceptibles pendant des années.

Souffre-t-on davantage de maladie mentale, aujourd'hui? «Les gens sont mieux informés et on identifie mieux les problèmes: c'est probablement pour ça qu'on a l'impression qu'il y en a plus», répond le Dr Stéphane Kunicki, médecin-psychiatre, cofondateur de la Clinique TDAH de Montréal. Malheureusement, plusieurs malades et leur entourage tentent de nier le problème ou de le cacher par peur du regard des autres. Ils sont pourtant loin d'être seuls: on estime qu'une personne sur cinq souffrira de maladie mentale au cours de sa vie. Selon le Dr Michel Lafrenière, médecin de famille, cela représente 30 % de sa clientèle hebdomadaire.

 

DÉPRESSION

Qu'est-ce que c'est?

Bien plus qu'un coup de blues saisonnier, la dépression est un trouble de l'humeur qui neutralise les capacités d'une personne à fonctionner sur les plans social et professionnel. Envahie par un sentiment constant de tristesse et de désespoir, elle perd intérêt pour ce qui lui fait habituellement plaisir. On peut éprouver des symptômes dépressifs à la suite d'un événement difficile (perte d'emploi, d'un être cher, etc.), mais la dépression majeure, caractérisée par l'intensité et la durée de l'épisode dépressif, est beaucoup plus handicapante.

Ça touche qui?

Selon Santé Canada, environ 11 % des hommes et 16 % des femmes au Canada, feront une dépression majeure au cours de leur vie.

On s'inquiète si, pendant plus de deux semaines:

  • la personne manque d'énergie: chaque geste du quotidien lui paraît une montagne;
  • elle perd de l'intérêt pour des plaisirs comme cuisiner, voir des amis, etc.;
  • elle pleure souvent;
  • elle souffre d'insomnie ou a toujours envie de dormir;
  • elle se sent coupable pour un rien;
  • elle a de la difficulté à se concentrer, donc à accomplir des tâches professionnelles;
  • elle aborde la plupart des sujets de façon négative;
  • elle mange moins;
  • elle s'isole et évite les contacts sociaux;
  • elle a des idées suicidaires.

 

TROUBLE BIPOLAIRE

Qu'est-ce que c'est?

Également connu sous le nom de psychose maniacodépressive, le trouble bipolaire est un dérèglement de l'humeur dont les deux pôles sont bien définis: le pôle dépressif et le pôle maniaque. En phase dépressive, les symptômes sont en tout point semblables à ceux de la dépression. En phase manie, l'excitation du malade atteint une telle intensité qu'elle lui procure une exubérante confiance en lui: dans ces moments, ses joies et ses colères dépassent les bornes sans qu'il en soit conscient. Ces phases alternantes peuvent durer de quelques semaines à plusieurs mois (la durée de chacune étant sensiblement la même). Pour être diagnostiqué bipolaire, il faut avoir connu au moins un épisode en phase manie.

Ça touche qui?

1 % de la population. Selon l'Institut universitaire en santé mentale Douglas, seulement 10 % des Québécois atteints ont reçu un diagnostic et suivent un traitement.

On s'inquiète si:

  • la personne présente les mêmes symptômes que la dépression (voir plus haut);
  • son énergie est excessive quand elle «va mieux»;
  • elle entreprend des projets d'envergure qui ne sont pas réalistes;
  • elle se fâche facilement;
  • elle ne dort plus;
  • son estime de soi est démesurée;
  • elle fait des achats compulsifs et peut s'endetter de façon alarmante;
  • elle parle vite ou sans arrêt.

 

ANXIÉTÉ GÉNÉRALISÉE

Qu'est-ce que c'est?

Une inquiétude démesurée, une appréhension de ce qui pourrait arriver qui prend des proportions incontrôlables. On peut être d'un naturel inquiet sans pour autant souffrir d'anxiété généralisée. Pour qu'un diagnostic soit établi, cette anxiété doit nous empêcher d'être fonctionnelle au moins une journée sur deux sur une période de plus de six mois.

Ça touche qui?

5 % de la population (un peu plus chez les femmes).

On s'inquiète si:

  • la personne croit qu'il est arrivé un malheur à ses proches quand elle n'a pas de nouvelles d'eux;
  • ses conversations portent principalement sur ses inquiétudes;• elle est très agitée quand on lui parle;
  • elle a de la difficulté à se concentrer et oublie des informations importantes;
  • elle se vexe facilement;
  • elle est tendue et se plaint de douleurs musculaires;
  • elle souffre d'insomnie.

 

PHOBIES

Qu'est-ce que c'est?

La peur est un mécanisme de défense normal. Chez les personnes atteintes de phobie, elle est excessive et persistante, «tellement grande que ses manifestations peuvent aller jusqu'à l'attaque de panique», explique le Dr Alain Lessage, psychiatre et directeur associé au Centre de recherche Fernand-Seguin. La personne atteinte fera tout pour contourner la situation ou l'objet qui provoque sa crainte, car le simple fait d'anticiper cette peur peut lui faire perdre ses moyens.

Ça touche qui?

7 % à 11 % de la population (un peu plus chez les femmes). Les phobies comptent parmi les troubles de santé mentale les plus communs.

On s'inquiète si:

  • la personne évite systématiquement certaines situations: prendre l'avion, aller à un party ou dans des endroits publics, visiter une amie qui a un chien, etc.;
  • elle échafaude des scénarios de catastrophes;
  • elle a peur de perdre le contrôle d'elle-même;
  • dans certaines situations, elle semble très nerveuse, transpire et est essoufflée;
  • elle se plaint soudainement de bouffées de chaleur ou de douleurs thoraciques.

 

Il existe des groupes de soutien, comme Phobies-Zéro, qui proposent des programmes de désensibilisation par la thérapie comportementale. Cette thérapie consiste à exposer progressivement la personne aux situations ou aux choses qui provoquent sa peur.

 

TROUBLE OBSESSIONNEL COMPULSIF (TOC)

Qu'est-ce que c'est?

Un trouble anxieux caractérisé par des pensées ou des peurs irrationnelles et persistantes, qu'on tente d'apaiser en procédant à des rituels compulsifs. Par exemple, si on est obsédée par la crainte des microbes, on va se laver les mains 2, 5, 10 fois pour calmer notre anxiété. Comme les pensées liées aux microbes ne disparaissent pas, on se lave les mains de plus en plus souvent, entrant ainsi dans un cercle vicieux qui finit par nuire sérieusement à nos occupations quotidiennes. On peut être consciente que nos pensées sont irrationnelles et essayer de les ignorer, mais cela ne fait qu'augmenter l'anxiété. Les symptômes du TOC s'installent généralement de façon graduelle et ont tendance à s'aggraver en période de stress.

Ça touche qui?

1 % à 3 % de la population, aussi bien les hommes que les femmes.

On s'inquiète si:

  • la personne se lave ou nettoie des choses continuellement;
  • range ou touche les objets selon un ordre particulier;
  • fait continuellement des listes;
  • vérifie plusieurs fois si la porte est verrouillée, les lumières sont fermées, le four est éteint, etc.;
  • est tourmentée par la sécurité des autres;
  • a besoin de répéter des gestes ou des mots ou de compter systématiquement.

 

SCHIZOPHRÉNIE

Qu'est-ce que c'est?

Dans la famille des troubles psychotiques, la schizophrénie est l'un des plus complexes. La perception, la pensée, les sentiments et les émotions sont altérés. Pourtant, la personne atteinte se considère normale et pense que ce sont les autres qui ne le sont pas. Elle peut avoir des accès de délire et des hallucinations. Son attention, sa mémoire et sa capacité de traiter les informations sont perturbées, ce qui entraîne des pensées et des comportements désorganisés. Elle perd son intérêt pour les activités quotidiennes, s'isole, peine à prendre soin d'elle-même et semble ne plus avoir d'émotions.

Ça touche qui?

1 % de la population, aussi bien les hommes que les femmes. Chez les hommes, les premiers symptômes apparaissent entre 16 et 25 ans et chez les femmes, entre 16 et 35 ans.

On s'inquiète si:

  • la personne entend des voix (par exemple, Dieu lui donne des ordres ou le voisin lui parle à travers le mur);
  • elle a des hallucinations visuelles;
  • elle croit que les gens complotent contre elle;
  • elle se replie sur elle-même et éprouve un désintérêt pour les tâches quotidiennes;
  • elle a de la difficulté à établir un contact avec son entourage;
  • elle a peur de se désintégrer (elle refuse, par exemple, de prendre son bain, par crainte de passer par le tuyau d'évacuation).

 

Il est très difficile de convaincre un schizophrène de consulter un médecin. Si on considère que son comportement risque de devenir dangereux, on doit s'adresser aux tribunaux pour une évaluation d'urgence en psychiatrie. Ce sont alors les ambulanciers et les policiers qui viendront le chercher.

 

TROUBLE DE LA PERSONNALITÉ LIMITE

Qu'est-ce que c'est?

Également connu sous le nom de borderline, ce trouble se définit par une incapacité à définir son identité. Les personnes atteintes entretiennent des relations intenses et instables avec les autres et sont excessives en tout, ce qui mène souvent à des comportements autodestructeurs. Elles ont de la difficulté à gérer leurs émotions, à évoluer en groupe et à s'adapter. Certaines se sentent incomprises et éprouvent du ressentiment face au jugement des autres.

Bien que les symptômes de ce trouble ressemblent à ceux de la phase manie du trouble bipolaire, ce sont deux maladies totalement distinctes. Chez les personnes bipolaires, la phase manie peut durer plusieurs mois, alors que la personne borderline «peut connaître des up and down quotidiens, souvent en fonction de ce qui se passe dans son environnement», explique le Dr Kunicki.

Ça touche qui?

1 % à 3 % de la population, avec un risque trois fois plus élevé chez les femmes.

On s'inquiète si:

  • la personne a peur d'être abandonnée;
  • elle a de la difficulté à se faire des amis et à entretenir une relation à long terme;
  • elle contrôle difficilement ses pulsions et a des réactions dangereuses;
  • elle peut dépenser de façon excessive ou abuser de la drogue ou de l'alcool;
  • elle a une conduite sexuelle débridée;
  • elle déménage souvent;
  • elle idéalise, puis dévalorise une même personne en l'espace de quelques jours;
  • elle est aimable un moment et change de comportement quand arrive une tierce personne;
  • elle a des idées suicidaires et s'automutile.

 

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