Psychologie

Comment se sortir d’un pattern amoureux?

Comment se sortir d’un pattern amoureux?

istockphoto.com Photographe : istockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

Impression de toujours tomber sur le même type d’homme? Sentiment de déjà-vu à chaque histoire d’amour? Peut-être est-on coincée dans un pattern amoureux. Comment le reconnaître… et s’en sortir!

«Plus jeune, je me retrouvais toujours avec des hommes très jaloux, avoue Katerine, 32 ans. Pour moi, un homme jaloux, c'était un homme qui m'aimait vraiment.» À l'instar de bien d'autres, Katerine a longtemps confondu amour et jalousie. Erreur de jugement? Non. La jeune femme choisissait ses partenaires en toute connaissance de cause. Simplement, elle n'était pas consciente du motif derrière ces choix.

«On a tous des patterns amoureux, des modèles inconscients qui influencent le choix de nos partenaires», explique la psychologue Maryse Vaillant, auteure de La Répétition amoureuse - Sortir de l'échec. Assurément, tous les patterns n'ont pas le même impact sur notre vie de couple. Mais, si on tend à vivre et revivre les mêmes disputes, voire les mêmes échecs amoureux, il y a peut-être lieu de se questionner sur le pourquoi de nos choix et agissements.

D'où viennent les patterns?
Si on est de celles qui prétendent toujours tirer le mauvais numéro, on devra peut-être admettre que le hasard n'est pour rien, ou pour si peu, dans nos rencontres amoureuses. Marie-Claude, 40 ans, a mis du temps à le comprendre.

«Je me disais que c'était simplement un concours de circonstances si je rencontrais toujours des hommes qui avaient peur de s'engager, raconte-t-elle. Mais ma dernière relation amoureuse, avec un homme marié, m'a causé la pire peine d'amour de ma vie lorsqu'elle s'est terminée, et je n'ai eu d'autre choix que de me questionner.» Résultat, elle a finalement réalisé qu'adolescente, et même enfant, les rejets fréquents qu'elle a subis de la part des garçons de son âge influençaient le choix de ses amoureux. «Au fond, je reproduisais exactement des situations auxquelles j'ai été confrontée plus jeune.»

Est-ce à dire que nos premières amours constituent le modèle sur lequel se fondent nos choix futurs? «Dans certains cas, la ou les premières histoires d'amour sont marquantes et influencent le choix de nos futurs amoureux, croit Chantal Turcotte, sexologue et psychothérapeute. Et, de façon générale, les patterns amoureux relèvent d'histoires passées non réglées.» Des histoires qui prennent souvent racine très tôt dans l'enfance: un modèle parental trouble, des actes et des paroles perçus (à tort ou à raison) comme du rejet, des critiques, de l'humiliation, de la négligence... «En somme, résume la psychologue Josée Touchette, les patterns amoureux résultent généralement de blessures causées - volontairement ou non - par nos parents, bien sûr, mais pas seulement. Il peut s'agir d'autres adultes dont on est proche, de nos frères et soeurs, de nos premiers amours, de nos amis...»

Évidemment, il se peut aussi que ce soit nous, le mauvais numéro, dans le pattern en question. Charlotte, 36 ans, acquiesce. Son besoin de tout contrôler (l'organisation de la maison, les sorties, etc.) l'a souvent attirée vers des hommes réservés et plutôt dociles qui la laissaient généralement agir ainsi. «Je me faisais parfois reprocher mon ingérence, mais j'ai toujours repoussé la faute sur mes partenaires: ils ne faisaient pas les choses correctement, ils ne montraient pas assez d'initiative...» Jusqu'au jour, il y a deux ans, où une violente dispute a éclaté entre son conjoint actuel et elle. Le couple venait d'avoir un enfant, et le conjoint de Charlotte s'est rebellé contre son comportement contrôlant. «Je ne lui laissais pas de place auprès de notre enfant, je voulais m'occuper de tout. Il ne l'a pas accepté.» Quand elle essaie de comprendre son comportement, Charlotte repense à sa mère, dont elle dit être le calque.

Katerine, pour sa part, cherche encore les raisons qui l'ont si souvent poussée vers des hommes jaloux et possessifs, mais elle croit que le modèle offert par son père y est pour quelque chose. «Il n'était pas du tout jaloux avec ma mère, mais il n'a pas été très présent. Son attention, son affection m'ont manqué», dit la jeune femme. L'indifférence paternelle aurait-elle poussé la jeune femme à rechercher des hommes «trop» attentionnés? Sans doute, en partie. Le fait que Katerine ait souffert de l'indifférence des garçons de son âge y serait-il aussi pour quelque chose? Probablement. «Il y a souvent différentes raisons entremêlées pour expliquer un pattern, observe Maryse Vaillant. C'est pourquoi il n'est pas toujours évident de mettre le doigt sur le coeur du problème. Parfois, il faut une aide extérieure pour y arriver, surtout quand les blessures sont importantes et profondes.»

Un malheur confortable

Mais pourquoi s'obstiner à reproduire des scénarios qui nous causent de la souffrance? Pourquoi se tourner vers des types de relations qui, même si on n'en a pas conscience, se concluront fort probablement en échec? «Parce que l'inconscient est confortable avec ce qu'il connaît. Et parce que notre désir de réparation est très fort, affirme Josée Touchette. On reproduit le passé en espérant, toujours inconsciemment, que notre partenaire réparera nos blessures.» Bien entendu, cela arrive rarement. Parce que c'est d'abord à nous-même de nous «réparer». Et puis, la tâche est d'autant plus grande que la blessure initiale aura été importante.

C'est le cas de Patricia, 36 ans. «J'ai probablement voulu sauver ma mère, qui était dépendante aux médicaments, raconte-t-elle. J'ai eu trois relations sérieuses, et deux d'entre elles ont été avec des toxicomanes.» Attirée par l'«odeur de danger» émanant de ces hommes, Patricia ne prenait toutefois pas la mesure de ce dans quoi elle s'engageait: des relations destructives où la dépendance de ses partenaires prenait vite le pas sur la relation. «Au début, ça allait, c'était la passion, dit-elle. Mais après six ou huit mois, la dépendance de mon chum prenait toute la place et je me sentais rejetée, comme si j'avais été remplacée par une maîtresse.»

La phase passionnelle d'une relation est justement une des raisons pour lesquelles il est souvent difficile de reconnaître qu'on s'engage dans un pattern. «Dans ces moments-là, on ne voit plus clair. Notre jugement est altéré, souligne Maryse Vaillant. C'est souvent seulement au bout de quelques mois qu'on perçoit la "vraie" personne. » Et là, une fois le coeur pris dans l'engrenage, il est plus ardu de briser le pattern.

Et notre petite voix intérieure là-dedans? N'est-elle d'aucun secours? Eh bien, disons que, généralement, on aime mieux ne pas l'entendre. «Le plus fou dans ces deux relations, avoue Patricia, c'est qu'avant même qu'elles aient commencé, je savais d'instinct qu'elles ne seraient pas bonnes pour moi, que je me ferais mal. Mais j'étais irrésistiblement attirée.» Pour Josée Touchette, il n'y a là rien d'étonnant. «Dans certains cas, le désir de réparation est si profond que même notre petite voix ne saura nous convaincre de ne pas aller là où l'on sait qu'on se fera du mal.»

Briser le pattern

Le chemin pour y arriver peut s'avérer long et difficile. «Parfois, il faut répéter souvent nos erreurs avant de nous en sortir, souligne Chantal Turcotte. Mais on retirera de chaque relation quelque chose qui nous permettra d'avancer, de mieux comprendre et, éventuellement, de briser le cercle.»

Katerine a fréquenté quatre hommes avant de mettre un terme à son pattern. «Mon problème n'était pas de savoir ce qui ne fonctionnait pas dans mes relations - les hommes m'empêchaient pratiquement de respirer! -, mais pourquoi je retombais chaque fois dans le panneau.» La réponse lui est venue petit à petit. À force de lui répéter qu'elle ne méritait pas un tel traitement, ses amies lui ont fait réaliser qu'elle manquait cruellement de confiance en elle et qu'elle devait cesser d'être soumise. «Je pense qu'à chacune de mes relations, je me suis affirmée un peu plus, dit la jeune femme. Durant la dernière, j'ai pleinement pris conscience de mon problème et j'ai décidé d'imposer mes limites. Plus question que mon conjoint surveille mes moindres faits et gestes!» Le conjoint de Katerine s'est montré réfractaire à sa nouvelle mentalité. Elle a fini par le quitter.

Cela dit, il n'est pas nécessaire de rompre pour changer la dynamique de notre couple. «On ne peut modifier que nos propres comportements, prévient Josée Touchette, par exemple en nous affirmant et en faisant valoir nos valeurs et nos besoins. Après, c'est à l'autre de suivre ou non.»

Charlotte a dû revoir ses comportements afin d'éviter la rupture. «Je voulais que mon couple dure, et pas seulement parce qu'on venait d'avoir un enfant, dit-elle. Cesser d'être aussi control freak signifiait lâcher prise, faire de la place à l'autre.» Les conseils de ses amies, certaines lectures et beaucoup de réflexion lui ont permis de sauvegarder son couple. «Ce n'est pas toujours facile. J'ai encore le réflexe de dire à mon conjoint quoi faire et comment le faire, mais j'arrive à freiner ces élans.»

Bien entendu, pour sortir d'un pattern, encore faut-il en avoir pris conscience. «Comme on a de la difficulté à avoir le recul nécessaire pour se voir aller soi-même, nos amis peuvent nous y aider, suggère la psychologue. On peut aussi s'imaginer une de nos amies qui vivrait ce qu'on vit. Comment la percevrait- on? De quel oeil verrait-on sa relation amoureuse?»

Si on est en couple, il peut être plus difficile de prendre du recul. L'idéal est de ne pas craindre de rester seule après une rupture. «Il faut prendre le temps de réfléchir et aller chercher de l'aide au besoin», explique Maryse Vaillant. C'est d'ailleurs ce qu'a fait Patricia. «La thérapie que j'ai suivie ne m'a pas fourni toutes les réponses, mais elle m'a permis de me poser les bonnes questions», soutient la jeune femme. Quelles étaient ses attentes face au couple? Pourquoi avait-elle si peu confiance en elle et aux autres? «Aujourd'hui, je suis avec l'homme de ma vie. Il m'aime vraiment et j'ai pleinement confiance en lui.»

Des questions que Marie-Claude s'est aussi posées. «Depuis ma peine d'amour, il y a plus d'un an, je suis célibataire. Je fais parfois des rencontres, mais je suis prudente. Je ne veux plus d'un homme qui refuse de s'engager et, bien entendu, je fuis les hommes mariés! Je mérite d'être aimée et je veux m'investir dans une relation qui vaut la peine. Parce que moi, j'en vaux la peine!»

Pour aller plus loin

  • La Répétition amoureuse - Sortir de l'échec, par Maryse Vaillant et Sophie Carquain, Albin Michel, 2010, 26,95$.
  • Gagnez au jeu des échecs amoureux, par Pascale Piquet, M. Lafon, 2011, 24,95$.
  • Se libérer de la tyrannie des répétitions amoureuses, par Yves-Alexandre Thalman, Jouvence, 2007, 12,95$

 

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