Psychologie
Comment accepter notre âge
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1. Pourquoi les femmes ont-elles de la difficulté à parler de leur âge? Qu'est-ce que cela signifie pour la plupart d'entre elles?
«Depuis toujours, la place sociale de la femme est liée à sa capacité de séduire, d'être choisie, d'où l'importance accordée à son apparence et à son corps, rappelle la psychologue Francine Chabot. De plus, notre société occulte tout ce qui est lié à la vulnérabilité, à la souffrance et à la mort. Toute la place est donnée à la jeunesse et à la force. Or, le vieilllissement, c'est la vulnérabilité, la fragilité.»
2. Pourquoi l'inconfort relié à l'âge n'a-t-il justement pas d'âge?
On ne vieillit pas toujours avec gaieté. Cet inconfort est d'abord relié à notre conception de ce que la société attend de quelqu'un de notre âge. «Il existe une pression reliée aux critères de performance sociale, explique la sexologue Sophie Dutrisac. Aujourd'hui, à 30 ans, on est supposées avoir une maison, un chum et un enfant. Et les médias augmentent cette pression: les modèles qu'on nous présente en sont exclusivement de jeunesse et de performance.»
Et plus on vieillit, plus on sentirait la fin approcher. «C'est lié à notre peur de la mort, de la fin, dit Francine Chabot. Je crois que c'est profondément inscrit en nous et que ça va bien au-delà du changement d'apparence de notre corps. Depuis qu'on a fait une croix sur la religion, il n'y a plus de promesse de vie éternelle. On sait que tout cela aura une fin et ce n'est pas facile à accepter.»
3. Pourquoi y a-t-il souvent un décalage entre notre âge réel et celui qu'on ressent?
«Ma grand-mère me disait: "Tu vas voir, c'est curieux, vieillir. On vieillit en dehors, mais en dedans, on reste toujours la même", se souvient Francine Chabot. Et c'est vrai qu'en notre for intérieur, on demeure la même personne. C'est difficile de se percevoir réellement telle qu'on est. Pour y arriver, on a besoin du regard des autres. C'est à travers lui qu'on prend conscience de qui on est. À 63 ans, je ne suis pas consciente que je vieillis, mais je trouve les gens de plus en plus jeunes.»
On a aussi la possibilité de réduire les signes du temps qui passe. «Qu'il s'agisse d'une teinture pour les cheveux, de Botox ou de chirurgie esthétique, les moyens pour préserver une apparence jeune sont maintenant à notre portée. Quand on se regarde dans le miroir et qu'on n'est plus confrontée aux ridules et aux cheveux blancs, et qu'on nous dit de surcroît qu'on ne fait pas notre âge, c'est facile de se sentir plus jeune», dit Sophie Dutrisac.
4. Y a-t-il des trucs pour arriver à mieux accepter notre âge?
«Il faut reconnaître nos limites, dit Francine Chabot. La vieillesse nous confronte au fait qu'on ne peut plus rêver de refaire notre vie autrement. C'est une des choses les plus difficiles à admettre. Pour mieux l'accepter, il faut reconnaître que chaque âge a ses plaisirs et profiter le plus possible de ce que la vie nous donne. Par exemple, quand on est plus vieux, on est plus sage, on est plus capable d'être à l'écoute des autres, on a plus de temps. Je suis grand-mère. Je me rends compte que je suis beaucoup plus présente avec mes petits-enfants que je ne l'ai été avec mes enfants. Et c'est grâce à mon âge. On est moins à la recherche de la réussite, on a moins de choses à prouver.» La vie est peut-être trop courte, mais rien ne nous empêche d'en profiter jusqu'à la fin.