Psychologie
Cheveux blancs: On camoufle ou pas?
Photographe : Marie-Eve Tremblay | Colagene.com
Teindre ou ne pas teindre ses cheveux quand ils deviennent blancs?
Aujourd’hui, si je déroule le fil Facebook de mes amies, j’en vois de toutes les couleurs. De cheveux, s’entend. Du fushia intense d’Isabelle au blond ensoleillé de Geneviève, en passant par le roux flamboyant de Louise. Apparaît aussi une belle photo en noir et blanc d’Élyse-Andrée, dont la crinière d’une teinte mystérieuse flotte au vent. Cette auteure du roman Mara M. incarne le bonheur... en quelques nuances de cheveux gris.
En tombant sur quelques vieux clichés d'elle, j’ai remarqué que c’était jadis une belle brune au sourire tranquille. Un peu plus tard, Élyse-Andrée m’a confié qu’elle n’a pas toujours eu le cheveu naturel. Il y a bien des ans, elle a choisi de camoufler ses fils argentés dès leur apparition. Et elle n’est pas la seule. Quand on sait que certaines femmes en ont dès la vingtaine, alors que d’autres conservent leur pleine couleur passé la quarantaine, on comprend que ce choix demeure bien personnel et varie énormément d’une personne à l’autre.
Pour l’auteure, la décision s’est prise subitement. «J’ai eu mes premiers cheveux blancs à 24 ans. Une amie m’a proposé de me faire une teinture; j’ai accepté en me disant que ce serait drôle. Je n’avais pas de raisons personnelles de me teindre les cheveux. J’ai commencé parce que l’entourage me disait que c’était ce qu’il fallait faire. J’ai continué par habitude», raconte-t-elle. Dix-huit ans plus tard, elle surveillait toujours sa repousse comme on guette l’arrivée de l’hiver. «J’organisais presque ma vie autour de ma prochaine couleur, tentant de cacher les cheveux blancs qui se pointaient en cours de route. Et ça poussait vite! J’allais chez la coiffeuse toutes les trois semaines.»
Puis un jour, après avoir longuement réfléchi à l’idée d’arrêter les teintures, elle a sauté un rendez-vous, puis un autre. Le résultat, étonnamment, ne l’a pas choquée. «J’ai laissé le blanc se frayer un chemin dans ma chevelure. C’était comme découvrir une nouvelle moi!» explique-t-elle. Une nouvelle personne qui n’avait aucunement l’intention de se laisser aller. «Les cheveux blancs, on peut les travailler, leur donner du style. Je n’ai pas arrêté de les coiffer, j’ai seulement arrêté de porter de la couleur dedans!»
Quand on lui raconte l’histoire d’Élyse-Andrée, Line Lebrun, copropriétaire du salon Narcisse & Écho, à Montréal, confirme qu’il est possible de porter le gris avec audace et style. La coiffeuse à la tête poivre et sel en est la preuve vivante. Si l’on ne désire plus colorer ses cheveux, deux options sont possibles, selon elle. On peut choisir une coupe courte et ne plus reteindre nos cheveux. Mais pour celles qui ne se résignent pas à les couper, il est aussi possible de les laisser pousser sans coloration ou en ajoutant quelques mèches qui harmoniseront les différentes teintes de la chevelure pendant la transition. «J’encourage les femmes à se tourner vers une coiffeuse qui s’y connaît et qui pourra leur proposer des coupes ou des produits adaptés aux cheveux gris ou blancs. On voit de plus en plus de produits destinés à ce type de cheveux, ce qui prouve que de nombreuses femmes choisissent d’assumer leur couleur naturelle», explique la coiffeuse.
La grande surprise d’Élyse-Andrée, dans tout ça? Qu’une habitude si solidement ancrée puisse être abandonnée aussi facilement et avec un si grand bonheur. «J’ai compris que cette pression, je me l’imposais moi-même. Quand je vois des femmes qui assument leurs cheveux blancs, je les trouve belles et inspirantes. On est beaucoup plus qu’une couleur de cheveux après tout.»
C’est ce que j’essaie de dire à ma mère qui aimerait parfois que sa fille aînée, à 45 ans, camoufle ses fils blancs. Ses cheveux de jais font partie d’elle depuis trop longtemps pour qu’elle y renonce mais, tranquillement, elle apprivoise les miens. Au final, on s’aime telle qu’on est, dans la repousse comme dans la mèche argentée. Et c’est parfait comme ça.