Couple
Les cadeaux qu'on s'offre entre amoureux
On a toutes entendu des histoires de cadeaux de Noël... incongrus. Le sujet tourne souvent à la rigolade entre copines lorsqu'on cherche à savoir laquelle a reçu le cadeau le plus bizarre de son chum. Drôle avec le recul, mais, assise au pied de l'arbre le matin de Noël, comment cacher notre déception devant un cadeau qui ne nous plaît pas? Surtout s'il a été choisi par celui qui devrait - en principe! - nous connaître le mieux.
C'est l'intention qui compte
Est-ce si important de donner et de recevoir des cadeaux? En réalité, par-delà les questions de tradition (familiale, culturelle) et la pression sociale de consommer, ce qui rend le cadeau si crucial, c'est principalement l'intention dont on le charge. Les cadeaux sont devenus un langage non verbal informel pour exprimer les sentiments. Notre relation au monde et à l'autre, notre rapport à l'argent, notre besoin d'être aimé et l'étalage public de l'amour que l'autre nous porte transparaissent dans nos cadeaux. Qu'on le veuille ou non, il n'y a pas de cadeau innocent. Surtout dans une relation de couple. Car, en amour, offrir un cadeau, c'est toujours un peu plus. On recherche le cadeau parfait à offrir, en espérant aussi recevoir celui qui surpassera nos désirs. Et, quand on choisit un cadeau plutôt qu'un autre, on veut bien sûr faire plaisir, mais on veut aussi plaire. Autrement dit, on se met en valeur à travers notre choix. «Je n'ai pas besoin de cadeaux pour savoir que mon mari m'aime, mais j'ai besoin d'en offrir à mon mari, à mes enfants et aux gens que j'apprécie pour leur dire que je les aime. Je n'ai pas confiance en moi et j'ai un besoin inestimable d'amour. J'ai toujours cru que, si je ne faisais pas de cadeaux, on ne m'aimerait pas», témoigne Pascale, 42 ans, mariée depuis huit ans.
Recréer la magie
Ce n'est donc pas une surprise si le cadeau, au fil des ans, évolue au rythme de la relation. Au début, on donne souvent des cadeaux pour séduire l'autre. Puis, les années passent, le désir de séduire s'émousse et une certaine routine s'installe. L'arrivée des enfants renforce un peu cette tendance et il arrive que, pendant quelques années, les cadeaux d'amoureux se fassent plus rares sous le sapin. (Le budget y est aussi pour quelque chose!) Si c'est le cas, il importe de ranimer la flamme et de recréer la magie, ne serait-ce que parce que «les cadeaux montrent qu'on a pris le temps de s'arrêter pour penser à ce que l'autre aime», comme le souligne Lorraine Vallée. Et c'est ainsi que plusieurs couples choisissent de s'offrir un cadeau de Noël à partager, comme un voyage ou un spa dans le jardin», mentionne Paul Loubier, psychologue clinicien. Ainsi, le plaisir est doublement partagé, car le couple se fait plaisir tout en s'offrant des moments privilégiés. Cela dit, Noël approche. Pour éviter moments maladroits et situations embarrassantes, voici quelques scénarios type avec l'avis de nos experts et des résolutions pour tirer son épingle du jeu.
Scénario 1: Elle est cadeaux, lui pas
«Les premières années, je trouvais que mon chum ne se forçait pas beaucoup, mais je n'osais pas le lui dire», raconte Julie, en couple depuis six ans. Son amoureux cotisait ouvertement aux cadeaux que les parents de Julie lui offraient ou, pire, il envoyait la mère de Julie magasiner à sa place. «L'an dernier, après six ans de vie commune, j'ai eu droit à mon premier vrai cadeau de Noël, acheté par mon chum lui-même. Il m'a bien surprise!» Cela dit, Julie se serait évité beaucoup de frustration si elle en avait parlé avec lui d'emblée. «C'est seulement cette année qu'il m'a expliqué que, pour lui, les cadeaux de Noël, ce n'était pas plus important que les autres cadeaux que je recevais tout au long de l'année», raconte-t-elle. En début de relation, quand on ne connaît pas beaucoup l'autre, il est important de discuter ouvertement de la question des cadeaux de Noël, surtout si on sent que nos visions diffèrent. Comment le savoir? On note la manière dont il souligne l'anniversaire de ses proches, ce que lui inspire Noël... Connaître comment l'autre vit cette fête permet de mieux comprendre l'importance qu'il ou elle y accorde. Au besoin, on fait une mise au point. «Aller au devant de l'autre permet de mieux comprendre sa position et d'en tenir compte. Ce travail d'ajustement est nécessaire pour que chacun soit bien», assure Paul Loubier.
Résolution: On se raconte les Noëls de notre enfance. À l'aide d'albums photos, on se montre mutuellement des célébrations qu'on a appréciées. On parle des cadeaux qui nous ont touchée, de comment Noël se vit dans notre famille.Scénario 2: Wow! une pelle!
En couple depuis 14 ans, Nancy a eu sa part de cadeaux... mémorables: «J'ai déjà reçu une tarte congelée au chocolat, une essoreuse à salade, un classeur noir en métal. Sébastien m'a aussi déjà acheté une paire de souliers en suède orange brûlé parce que j'en avais une paire de bleu pâle que j'aimais!» Un cadeau décevant a quelque chose de démoralisant, car il laisse penser que l'autre ne nous connaît pas comme on le voudrait, ou qu'il n'est pas très à l'écoute de nos goûts ou de nos désirs. «Évidemment, nuance Paul Loubier, si son cadeau ne nous plaît pas année après année, il y a peut-être lieu se demander si on n'entretient pas de trop grandes attentes...»
Résolution: On explique à notre amoureux (en privé, bien sûr) pourquoi son cadeau nous déçoit ou nous laisse perplexe. Pour connaître sa motivation, on peut lui demander pourquoi il a choisi de nous offrir ce cadeau. «Il faut crever l'abcès tout de suite, question d'éviter qu'un mois plus tard, à l'occasion d'une petite chicane, on ne lui lance: "Toi et ton maudit cadeau plate!"» illustre Paul Loubier.
Scénario 3: Jamais sans sa liste
«J'aime beaucoup acheter des cadeaux à mon chum, raconte Sophie. Je ne lui demande jamais ce qu'il veut, j'y vais plus avec ce que je connais de lui. Il est toujours surpris et je crois qu'il a toujours apprécié ce que je lui ai acheté. Je note parfois des mois à l'avance des choses qu'il m'a dites pour m'en rappeler lors du magasinage de Noël». Sophie, en revanche, doit rédiger une liste pour son amoureux. «Je sais donc toujours ce que je vais recevoir et ça me déçoit un peu. Il me semble qu'il me connaît bien, après dix ans de vie commune, mais non...» Son amoureux magasine souvent à la dernière minute et ressort le plus vite possible des magasins, sans fouiner pour trouver ce qui ferait vraiment plaisir à Sophie. Trop souvent, on espère naïvement être devinée par l'autre. «On croit semer des indices pour un partenaire aux aguets pour nous deviner. Toutefois, personne n'est attentif de la même façon dans la vie. Par exemple, après un souper, un invité peut se rappeler la couleur des murs et la tenue de chacun, alors qu'un autre retiendra seulement que le souper était bien», explique Chantal Dauray, auteur de Réinventez vos cérémonies, fêtes et rituels.
Résolution: Pour échapper à la liste ou pour guider un conjoint qui manque d'inspiration, on essaie d'y mettre un peu de folie en choisissant un thême (un objet qui nous rappelle notre rencontre, relié au voyage ou qui nous fait du bien) ou une boutique dans laquelle notre conjoint devra trouver notre cadeau. Ainsi, on l'aide tout en préservant un élément de surprise! D'autres idées créatives: On peut prendre le temps de demander à notre conjoint ce qu'il aimerait faire ou entreprendre au cours de la prochaine année. Il peut s'agir d'une envie, d'une résolution ou d'un rêve, comme écrire un livre, se trouver un passe-temps ou découvrir l'art. Ensuite, on essaie de trouver un cadeau qui l'aidera à entretenir cet élan ou lui donnera le petit coup de pouce dont il a besoin pour se lancer dans l'aventure. Le cadeau devient alors un geste d'amour qui encourage l'autre à poursuivre son objectif et le symbole de l'encouragement mutuel qu'on se porte», continue Chantal Dauray, qui a elle-même reçu de son amoureux un livre sur la créativité de Julia Cameron le Noël avant qu'elle se mette à l'écriture de son propre livre.
On peut aussi dessiner un «soleil» de possibilités. Au centre, on écrit la passion de notre amoureux et, pour chaque rayon, on note une idée de cadeau relié au noyau (ex: noyau = jardinage, rayons = visites de jardins, certificat-cadeau, une heure de consultation avec un jardinier ou un paysagiste, crèmes pour les mains, livre, abonnement à un magazine horticole, etc.). Partir d'un désir ou chercher un cadeau qui pourrait procurer du bonheur à notre partenaire pendant tout l'année, voilà une autre façon de trouver à coup sûr un cadeau qui plaira. Des exemples: un abonnement au théâtre ou à certains événements sportifs, une tournée des expositions d'art en province avec itinéraire, dates et réservation de nuitées dans une auberge, un cours ou atelier de création de bijoux, un soin de la peau pour chaque saison, etc. «On ne peut pas se tromper avec des cadeaux comme cela», souligne Chantal Dauray.Scénario 4: Mme Dépense et M. Compte
«Je suis une maniaque de cadeaux. J'en fais tellement qu'une conseillère financière m'a un jour dit que ça n'avait pas d'allure d'avoir un tel budget cadeaux avec les revenus que j'ai. Mon mari, lui, ne fait jamais de cadeaux. Dans sa famille, on ne s'en offre pas ou très peu: un par personne, pas cher, à Noël et à l'anniversaire, si ça s'y prête», raconte Pascale. Chez Carole et Simon, c'est l'inverse. Après avoir été mariés chacun de son côté, ils se sont rencontrés dans la quarantaine. «Lorsque nous avons commencé à vivre ensemble, nous avions deux mentalités très différentes sur le sujet, raconte Carole. La valeur des cadeaux de Simon est beaucoup plus grande que celle des miens. Ayant moins de moyens, j'offre plus modestement que lui.» Si une personne a reçu beaucoup de cadeaux dans son enfance sans apprendre à donner en retour, ou même à donner spontanément, elle ne sera pas aussi sensible au rituel des cadeaux», rappelle Lorraine Vallée. Cela dit, gare aux extrêmes: offrir trop de cadeaux pourrait donner l'impression qu'on sent le besoin d'acheter l'autre ou qu'on a quelque chose à se faire pardonner. «Un conjoint qui ressent toujours le besoin d'offrir un gros cadeau qui crée un malaise chez l'autre devrait se poser quelques questions. Tente-t-il de compenser une faible estime de soi? Veut-il étaler sa puissance? Sent-il le besoin d'acheter l'autre?» soulève la psychologue. À l'inverse, des cadeaux de peu de valeur ou visiblement achetés pour se débarrasser d'une corvée font voir un certain désengagement qui peut parfois blesser.
Résolution: «Le piège, c'est qu'un conjoint interprète la manière dont l'autre donne sans aborder la question de front. Si on note un déséquilibre, il est nécessaire de s'ouvrir et s'en parler», affirme Lorraine Vallée. Si le choc entre les cigales qui économisent et qui sont peu portées sur les présents et les fourmis dépensières et fanas des cadeaux peut parfois générer des conflits, cela peut aussi devenir prétexte à des changements positifs. Chacun «contaminant l'autre», notre fourmi s'ouvre à la folie et la cigale, elle, coupe dans les cadeaux superflus. Et puis, pour éviter les comparaisons, pourquoi ne pas s'offrir des cadeaux de couple? Une sortie, un forfait vacances, une séance de massage à deux, etc.
Question de sexe?
Les femmes sont-elles plus portées sur les cadeaux que les hommes? C'est du moins ce que pense le sociologue américain Theodore Caplow, qui a noté des différences entre les deux sexes dans le type de cadeaux offerts, le processus d'échange et même l'emballage. «Ce n'est pas si simple, nuance la psychologue Lorraine Vallée. Il est vrai que les femmes aiment beaucoup les petits détails, comme l'emballage soigné ou la carte parfaite, mais cela viendrait plutôt des valeurs instaurées dans chaque famille.»
Basta, les cadeaux!
Pas de cadeau ne signifie pas forcément «pas d'amour». Las de la course aux cadeaux, de la cohue du magasinage et de la pression de tout trouver rapidement, certains choisissent de passer leur tour. «Il y a quelques années nous nous sommes fait le cadeau d'arrêter de nous offrir des cadeaux. On n'est plus obligés de courir les magasins, de se casser la tête pour trouver la meilleure idée, de se demander si ça va faire plaisir, etc. Fini les déceptions! Depuis, nous apprécions davantage Noël», confie Annie, en couple depuis 11 ans. «Attention, toutefois, prévient Paul Loubier. Il ne faudrait pas que cette décision signifie que le couple ne se cassera plus la tête pour se faire mutuellement des petits plaisirs.»
C'est l'intention qui compte
Est-ce si important de donner et de recevoir des cadeaux? En réalité, par-delà les questions de tradition (familiale, culturelle) et la pression sociale de consommer, ce qui rend le cadeau si crucial, c'est principalement l'intention dont on le charge. Les cadeaux sont devenus un langage non verbal informel pour exprimer les sentiments. Notre relation au monde et à l'autre, notre rapport à l'argent, notre besoin d'être aimé et l'étalage public de l'amour que l'autre nous porte transparaissent dans nos cadeaux. Qu'on le veuille ou non, il n'y a pas de cadeau innocent. Surtout dans une relation de couple. Car, en amour, offrir un cadeau, c'est toujours un peu plus. On recherche le cadeau parfait à offrir, en espérant aussi recevoir celui qui surpassera nos désirs. Et, quand on choisit un cadeau plutôt qu'un autre, on veut bien sûr faire plaisir, mais on veut aussi plaire. Autrement dit, on se met en valeur à travers notre choix. «Je n'ai pas besoin de cadeaux pour savoir que mon mari m'aime, mais j'ai besoin d'en offrir à mon mari, à mes enfants et aux gens que j'apprécie pour leur dire que je les aime. Je n'ai pas confiance en moi et j'ai un besoin inestimable d'amour. J'ai toujours cru que, si je ne faisais pas de cadeaux, on ne m'aimerait pas», témoigne Pascale, 42 ans, mariée depuis huit ans.
Recréer la magie
Ce n'est donc pas une surprise si le cadeau, au fil des ans, évolue au rythme de la relation. Au début, on donne souvent des cadeaux pour séduire l'autre. Puis, les années passent, le désir de séduire s'émousse et une certaine routine s'installe. L'arrivée des enfants renforce un peu cette tendance et il arrive que, pendant quelques années, les cadeaux d'amoureux se fassent plus rares sous le sapin. (Le budget y est aussi pour quelque chose!) Si c'est le cas, il importe de ranimer la flamme et de recréer la magie, ne serait-ce que parce que «les cadeaux montrent qu'on a pris le temps de s'arrêter pour penser à ce que l'autre aime», comme le souligne Lorraine Vallée. Et c'est ainsi que plusieurs couples choisissent de s'offrir un cadeau de Noël à partager, comme un voyage ou un spa dans le jardin», mentionne Paul Loubier, psychologue clinicien. Ainsi, le plaisir est doublement partagé, car le couple se fait plaisir tout en s'offrant des moments privilégiés. Cela dit, Noël approche. Pour éviter moments maladroits et situations embarrassantes, voici quelques scénarios type avec l'avis de nos experts et des résolutions pour tirer son épingle du jeu.
Scénario 1: Elle est cadeaux, lui pas
«Les premières années, je trouvais que mon chum ne se forçait pas beaucoup, mais je n'osais pas le lui dire», raconte Julie, en couple depuis six ans. Son amoureux cotisait ouvertement aux cadeaux que les parents de Julie lui offraient ou, pire, il envoyait la mère de Julie magasiner à sa place. «L'an dernier, après six ans de vie commune, j'ai eu droit à mon premier vrai cadeau de Noël, acheté par mon chum lui-même. Il m'a bien surprise!» Cela dit, Julie se serait évité beaucoup de frustration si elle en avait parlé avec lui d'emblée. «C'est seulement cette année qu'il m'a expliqué que, pour lui, les cadeaux de Noël, ce n'était pas plus important que les autres cadeaux que je recevais tout au long de l'année», raconte-t-elle. En début de relation, quand on ne connaît pas beaucoup l'autre, il est important de discuter ouvertement de la question des cadeaux de Noël, surtout si on sent que nos visions diffèrent. Comment le savoir? On note la manière dont il souligne l'anniversaire de ses proches, ce que lui inspire Noël... Connaître comment l'autre vit cette fête permet de mieux comprendre l'importance qu'il ou elle y accorde. Au besoin, on fait une mise au point. «Aller au devant de l'autre permet de mieux comprendre sa position et d'en tenir compte. Ce travail d'ajustement est nécessaire pour que chacun soit bien», assure Paul Loubier.
Résolution: On se raconte les Noëls de notre enfance. À l'aide d'albums photos, on se montre mutuellement des célébrations qu'on a appréciées. On parle des cadeaux qui nous ont touchée, de comment Noël se vit dans notre famille.Scénario 2: Wow! une pelle!
En couple depuis 14 ans, Nancy a eu sa part de cadeaux... mémorables: «J'ai déjà reçu une tarte congelée au chocolat, une essoreuse à salade, un classeur noir en métal. Sébastien m'a aussi déjà acheté une paire de souliers en suède orange brûlé parce que j'en avais une paire de bleu pâle que j'aimais!» Un cadeau décevant a quelque chose de démoralisant, car il laisse penser que l'autre ne nous connaît pas comme on le voudrait, ou qu'il n'est pas très à l'écoute de nos goûts ou de nos désirs. «Évidemment, nuance Paul Loubier, si son cadeau ne nous plaît pas année après année, il y a peut-être lieu se demander si on n'entretient pas de trop grandes attentes...»
Résolution: On explique à notre amoureux (en privé, bien sûr) pourquoi son cadeau nous déçoit ou nous laisse perplexe. Pour connaître sa motivation, on peut lui demander pourquoi il a choisi de nous offrir ce cadeau. «Il faut crever l'abcès tout de suite, question d'éviter qu'un mois plus tard, à l'occasion d'une petite chicane, on ne lui lance: "Toi et ton maudit cadeau plate!"» illustre Paul Loubier.
Scénario 3: Jamais sans sa liste
«J'aime beaucoup acheter des cadeaux à mon chum, raconte Sophie. Je ne lui demande jamais ce qu'il veut, j'y vais plus avec ce que je connais de lui. Il est toujours surpris et je crois qu'il a toujours apprécié ce que je lui ai acheté. Je note parfois des mois à l'avance des choses qu'il m'a dites pour m'en rappeler lors du magasinage de Noël». Sophie, en revanche, doit rédiger une liste pour son amoureux. «Je sais donc toujours ce que je vais recevoir et ça me déçoit un peu. Il me semble qu'il me connaît bien, après dix ans de vie commune, mais non...» Son amoureux magasine souvent à la dernière minute et ressort le plus vite possible des magasins, sans fouiner pour trouver ce qui ferait vraiment plaisir à Sophie. Trop souvent, on espère naïvement être devinée par l'autre. «On croit semer des indices pour un partenaire aux aguets pour nous deviner. Toutefois, personne n'est attentif de la même façon dans la vie. Par exemple, après un souper, un invité peut se rappeler la couleur des murs et la tenue de chacun, alors qu'un autre retiendra seulement que le souper était bien», explique Chantal Dauray, auteur de Réinventez vos cérémonies, fêtes et rituels.
Résolution: Pour échapper à la liste ou pour guider un conjoint qui manque d'inspiration, on essaie d'y mettre un peu de folie en choisissant un thême (un objet qui nous rappelle notre rencontre, relié au voyage ou qui nous fait du bien) ou une boutique dans laquelle notre conjoint devra trouver notre cadeau. Ainsi, on l'aide tout en préservant un élément de surprise! D'autres idées créatives: On peut prendre le temps de demander à notre conjoint ce qu'il aimerait faire ou entreprendre au cours de la prochaine année. Il peut s'agir d'une envie, d'une résolution ou d'un rêve, comme écrire un livre, se trouver un passe-temps ou découvrir l'art. Ensuite, on essaie de trouver un cadeau qui l'aidera à entretenir cet élan ou lui donnera le petit coup de pouce dont il a besoin pour se lancer dans l'aventure. Le cadeau devient alors un geste d'amour qui encourage l'autre à poursuivre son objectif et le symbole de l'encouragement mutuel qu'on se porte», continue Chantal Dauray, qui a elle-même reçu de son amoureux un livre sur la créativité de Julia Cameron le Noël avant qu'elle se mette à l'écriture de son propre livre.
On peut aussi dessiner un «soleil» de possibilités. Au centre, on écrit la passion de notre amoureux et, pour chaque rayon, on note une idée de cadeau relié au noyau (ex: noyau = jardinage, rayons = visites de jardins, certificat-cadeau, une heure de consultation avec un jardinier ou un paysagiste, crèmes pour les mains, livre, abonnement à un magazine horticole, etc.). Partir d'un désir ou chercher un cadeau qui pourrait procurer du bonheur à notre partenaire pendant tout l'année, voilà une autre façon de trouver à coup sûr un cadeau qui plaira. Des exemples: un abonnement au théâtre ou à certains événements sportifs, une tournée des expositions d'art en province avec itinéraire, dates et réservation de nuitées dans une auberge, un cours ou atelier de création de bijoux, un soin de la peau pour chaque saison, etc. «On ne peut pas se tromper avec des cadeaux comme cela», souligne Chantal Dauray.Scénario 4: Mme Dépense et M. Compte
«Je suis une maniaque de cadeaux. J'en fais tellement qu'une conseillère financière m'a un jour dit que ça n'avait pas d'allure d'avoir un tel budget cadeaux avec les revenus que j'ai. Mon mari, lui, ne fait jamais de cadeaux. Dans sa famille, on ne s'en offre pas ou très peu: un par personne, pas cher, à Noël et à l'anniversaire, si ça s'y prête», raconte Pascale. Chez Carole et Simon, c'est l'inverse. Après avoir été mariés chacun de son côté, ils se sont rencontrés dans la quarantaine. «Lorsque nous avons commencé à vivre ensemble, nous avions deux mentalités très différentes sur le sujet, raconte Carole. La valeur des cadeaux de Simon est beaucoup plus grande que celle des miens. Ayant moins de moyens, j'offre plus modestement que lui.» Si une personne a reçu beaucoup de cadeaux dans son enfance sans apprendre à donner en retour, ou même à donner spontanément, elle ne sera pas aussi sensible au rituel des cadeaux», rappelle Lorraine Vallée. Cela dit, gare aux extrêmes: offrir trop de cadeaux pourrait donner l'impression qu'on sent le besoin d'acheter l'autre ou qu'on a quelque chose à se faire pardonner. «Un conjoint qui ressent toujours le besoin d'offrir un gros cadeau qui crée un malaise chez l'autre devrait se poser quelques questions. Tente-t-il de compenser une faible estime de soi? Veut-il étaler sa puissance? Sent-il le besoin d'acheter l'autre?» soulève la psychologue. À l'inverse, des cadeaux de peu de valeur ou visiblement achetés pour se débarrasser d'une corvée font voir un certain désengagement qui peut parfois blesser.
Résolution: «Le piège, c'est qu'un conjoint interprète la manière dont l'autre donne sans aborder la question de front. Si on note un déséquilibre, il est nécessaire de s'ouvrir et s'en parler», affirme Lorraine Vallée. Si le choc entre les cigales qui économisent et qui sont peu portées sur les présents et les fourmis dépensières et fanas des cadeaux peut parfois générer des conflits, cela peut aussi devenir prétexte à des changements positifs. Chacun «contaminant l'autre», notre fourmi s'ouvre à la folie et la cigale, elle, coupe dans les cadeaux superflus. Et puis, pour éviter les comparaisons, pourquoi ne pas s'offrir des cadeaux de couple? Une sortie, un forfait vacances, une séance de massage à deux, etc.
Question de sexe?
Les femmes sont-elles plus portées sur les cadeaux que les hommes? C'est du moins ce que pense le sociologue américain Theodore Caplow, qui a noté des différences entre les deux sexes dans le type de cadeaux offerts, le processus d'échange et même l'emballage. «Ce n'est pas si simple, nuance la psychologue Lorraine Vallée. Il est vrai que les femmes aiment beaucoup les petits détails, comme l'emballage soigné ou la carte parfaite, mais cela viendrait plutôt des valeurs instaurées dans chaque famille.»
Basta, les cadeaux!
Pas de cadeau ne signifie pas forcément «pas d'amour». Las de la course aux cadeaux, de la cohue du magasinage et de la pression de tout trouver rapidement, certains choisissent de passer leur tour. «Il y a quelques années nous nous sommes fait le cadeau d'arrêter de nous offrir des cadeaux. On n'est plus obligés de courir les magasins, de se casser la tête pour trouver la meilleure idée, de se demander si ça va faire plaisir, etc. Fini les déceptions! Depuis, nous apprécions davantage Noël», confie Annie, en couple depuis 11 ans. «Attention, toutefois, prévient Paul Loubier. Il ne faudrait pas que cette décision signifie que le couple ne se cassera plus la tête pour se faire mutuellement des petits plaisirs.»