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La charge mentale: comment établir un équilibre dans le couple
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Prise de rendez-vous, planification des repas, inscription des enfants aux activités...
La longue liste de tâches peut être lourde pour la personne qui en assume la charge mentale au sein d’une relation. Comment établir un meilleur équilibre dans notre couple?
La charge mentale renvoie souvent à des actions du quotidien qui semblent parfois anodines. «Celles-ci finissent par occuper une place vraiment importante dans nos pensées, au point de créer un poids, précise la psychologue Dania Ramirez. Cette charge prend de l’espace mental. On se met donc à faire des choses en pensant à autre chose.»
Pour donner un exemple, un couple qui reçoit à la maison se partage (on l’espère!) les tâches comme faire les courses, cuisiner le repas et laver la vaisselle. Or, qui a réellement planifié l’événement? «Il y a une grande nuance à faire ici, dit la psychologue. Ce n’est pas tant dans l’exécution que dans la planification que la charge mentale se joue.»
Mme Ramirez ne pense pas qu’il soit nécessaire que quelqu’un dirige tout en tout temps, mais elle croit néanmoins qu’il est intéressant de comprendre comment la charge mentale s’installe. «Il y a des personnes qui ont plus de difficulté que d’autres à se discipliner, à anticiper les conséquences d’une action ou d’une inaction. Lorsque ça arrive dans un couple, l’autre partenaire assume des tâches afin qu’elles se fassent. Un des deux partenaires est souvent meilleur planificateur que l’autre», admet-elle.
Un fardeau pas nécessairement féminin
Bien qu’elle ne soit pas exclusivement féminine, la charge mentale est souvent le lot des femmes. «Ce travail en amont peut avoir été encouragé par le modèle familial», pense Dania Ramirez. Certains hommes ont effectivement connu des schémas parentaux qui contribuent à leur déresponsabilisation au sein du couple, de la famille et des tâches ménagères.
Notre milieu culturel, social et familial est donc en partie responsable de notre façon d’agir en couple. «La seule raison pour laquelle on croit que les femmes excellent dans l’organisation familiale, c’est parce que ce sont elles qui s’en occupent le plus souvent», indique la psychologue, en précisant que les hommes sont tout aussi aptes que les femmes à prendre la charge mentale de la maisonnée, et qu’ils sont de plus en plus nombreux à le faire... et à en souffrir!
À qui la faute?
Certaines personnes se plaignent constamment de devoir porter la charge mentale dans leur couple. Il faut toutefois admettre que ces mêmes personnes sont souvent incapables de ne pas passer derrière leur partenaire lorsqu’il fait quelque chose par lui-même. «Il faut se regarder aller soi-même et se demander si on laisse vraiment la place à l’autre, si l’on a une part de responsabilité dans le maintien des rôles traditionnels», suggère Mme Ramirez.
Ainsi, si l’on veut que notre partenaire change plus de couches et qu’il aide les enfants à s’habiller le matin, il faut lâcher prise et le laisser faire les choses à sa manière. Car s’il a toujours l’impression de marcher sur des œufs et d’être surveillé de près lorsqu’il prend des décisions ou qu’il fait des choses par lui-même, il aura assurément moins le goût de s’impliquer. Il faut donner l’espace nécessaire à son partenaire de vie pour qu’il ait envie de prendre les choses en main et qu’il se sente valorisé.
Si l’on ne souhaite plus garder le monopole de l’organisation domestique, on doit être prêt à tolérer certaines erreurs qu’on a sans doute déjà commises soi-même. «On est humains. Il est essentiel de diminuer nos attentes envers nous-même et envers notre partenaire. On doit se donner le droit à l’échec et tolérer certains oublis», insiste la psychologue, qui constate dans sa pratique que la charge mentale est un phénomène social en expansion, entre autres lié à notre société ultraperformante.
Le profil typique
Selon Mme Ramirez, «les gens les plus enclins à assumer la charge mentale ont comme trait de caractère commun le perfectionnisme. Ce sont aussi, bien souvent, des gens très compétents, mais anxieux. Ils ont donc besoin de se rassurer en sentant qu’ils ont un certain contrôle, qu’ils peuvent anticiper les choses.»
Bien sûr, nombreuses sont celles qui aimeraient accueillir leurs enfants avec des muffins fumants à leur retour de l’école, comme le faisaient autrefois leurs mères. «La réalité d’aujourd’hui n’est pas la même. Il y a de moins en moins de femmes au foyer, et l’on ne peut pas en faire autant qu’elles lorsqu’on travaille», fait remarquer la psychologue, en nous mettant également en garde contre la cristallisation des rôles, qui peut survenir, par exemple, à la suite d’un long congé de maternité pendant lequel la mère s’est davantage occupée de l’enfant que le père.
Les conséquences d’une surcharge
Lorsque la charge mentale est supportée par une seule et même personne pendant trop longtemps, elle peut engendrer de la fatigue, du stress, de l’anxiété et des états dépressifs, de même que de la frustration et de l’irritabilité. «Je vois aussi beaucoup de perte de motivation liée à la surcharge mentale, car les gens qui en souffrent n’ont plus de temps ou d’énergie pour faire ce qu’ils aiment et ce qui est important pour eux. Paradoxalement, cet état vient aussi avec beaucoup de culpabilité. On aimerait bien exceller dans tout, mais on n’y arrive pas», constate Dania Ramirez, en nous rappelant l’importance de diminuer nos attentes.
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Encourager le dialogue
Dania Ramirez recommande aux couples d’ouvrir le dialogue sur le sujet et de se répartir les tâches. Elles n’ont pas besoin d’être distribuées également, car il est normal que celui qui travaille le plus à l’extérieur de la maison en fasse un peu moins. «Comme certaines charges viennent en bloc et s’imbriquent, l’épicerie et la préparation des lunchs et des repas par exemple, on devrait aussi essayer de diviser les tâches de façon logique et efficace. Surtout, on n’utilise pas le mot “déléguer”. On devrait toujours dire “diviser la tâche”, sinon cela indique clairement que la tâche revient normalement à quelqu’un en particulier.»
Bref, chaque couple doit trouver ses propres accommodements en fonction de sa réalité, dans le respect et l’écoute de l’autre. De plus, il ne faut jamais tenir l’autre et ce qu’il fait pour acquis. Il faut absolument reconnaître et apprécier le travail de notre partenaire de vie. Puis, si l’un des deux commet une erreur de temps à autre, on l’aide à se reprendre au lieu de le critiquer.
Le besoin de faire le vide
Lorsqu’il est question de charge mentale, on ne peut pas faire fi des réseaux sociaux, qui non seulement contribuent à augmenter la pression à force de comparaisons, mais qui grugent notre temps et notre énergie. «Dans une journée, on doit se réserver des moments où notre cerveau cesse de penser», conseille Mme Ramirez. C ’est la même chose pour l’accessibilité à un ordinateur et à un téléphone intelligent. «Prendre ses courriels à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit peut faire augmenter la charge mentale chez certaines personnes. Nous sommes surstimulés mentalement, alors qu’on a aussi besoin de faire le vide», poursuit-elle.
Pour mieux faire face à cette charge, la psychologue recommande de revenir au moment présent, en pratiquant la pleine conscience et en se concentrant sur l’aspect sensoriel de nos activités quotidiennes. «J’invite les gens à faire des exercices très simples, comme se laver les mains en observant toutes les étapes de cette action, en ressentant toutes les sensations qu’elle procure et surtout en ne pensant à rien d’autre. Il en va de même lorsque vient l’heure des repas. En revenant au moment présent, il sera plus facile d’être centré sur l’action et peut-être, dans certains cas, sur le plaisir que procure la tâche», dit-elle en conclusion.
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