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Couple: le rôle de mon homme de me rendre heureuse?

Couple: le rôle de mon homme de me rendre heureuse?

Shutterstock Photographe : Shutterstock Auteur : Coup de Pouce

Selon quasi le tiers des Québécois, être en couple serait la clé du bonheur. Qu'en est-il vraiment?

«À quoi bon être en couple si on n'est pas plus heureuse avec que sans? lance Annie. C'est souvent au moment où la passion commence à tiédir et que les banalités du quotidien deviennent des sources de conflit que mon niveau de bonheur plonge en chute libre

Cette célibataire de 32 ans, pour qui bonheur rime avec passion, n'a pas encore trouvé celui qui lui procurera l'intensité dont elle dit avoir besoin pour être pleinement satisfaite. «Les hommes qui sont entrés dans ma vie sont immanquablement devenus... soporifiques!» dit-elle en affichant un sourire de fille un peu découragée. Plus heureuse seule, alors? «De façon générale, je dirais que oui. Mais vient quand même un temps où être avec un homme me manque...»

Le couple, ça sert à quoi?

Pour 30% des Québécois, le couple serait un beau cadeau de la vie. Une même proportion de gens vont même jusqu'à dire qu'il représente même la clé du bonheur. C'est en tout cas ce qu'a révélé un sondage CROP-La Presse en 2013. Mais chaque personne a une perception bien personnelle du couple et de son «utilité». Par exemple, pour Annie, il sert d'activateur de sens, alors que, pour Élise, il a longtemps été un générateur de rêves. Plus maintenant. Grâce au temps qui passe, à la maturité, à l'expérience, la femme de 43 ans a fini par balayer tous les artifices de la vie à deux pour ne garder que ce qui est vrai. «Maintenant, j'accueille l'autre pour ce qu'il est, je prends ce qu'il a à me donner et je n'attends pas de lui qu'il me rende toujours heureuse, explique-t-elle. Et depuis que je suis devenue aussi sage, je suis aussi beaucoup plus heureuse!» La perception qu'Élise a acquise de la vie à deux est celle d'un terrain d'apprentissage continuel, non pas d'un bonheur perpétuel.

Avoir le sentiment qu'il est presque le seul responsable du bonheur de l'autre finira tôt ou tard par peser lourd sur les épaules du conjoint. Il aura les meilleures intentions du monde, voudra rendre son amoureuse la plus heureuse possible, mais il finira par se brûler. «Une personne peut contribuer à en rendre une autre heureuse, mais elle ne peut pas en être l'unique responsable, affirme le psychologue Michel Giroux. La météo est toujours fluctuante en ce qui a trait au bonheur dans le couple.»

Plusieurs facteurs peuvent expliquer pourquoi certaines s'en remettent presque exclusivement à l'autre pour obtenir leur part de bonheur. «C'est très souvent dû à une estime de soi bancale, indique Michel Giroux. Et comme la vie à deux fait souvent ressurgir nos insécurités émotionnelles, on peut attendre de l'autre qu'il les comble. Si elles sont plutôt légères, il est possible que l'autre nous aide à les combler et nous donne donc le sentiment d'être plus heureuse. Mais si elles sont le moindrement importantes, on devra d'abord faire un travail sur soi pour se sentir bien avec soi-même, pour être relativement heureux.» «Dans mon cas, mes attentes étaient tout simplement démesurées, révèle Élise. J'ai cru au prince charmant. J'ai cru au "ils vécurent heureux jusqu'à la fin de leurs jours...", et au début, quand j'ai perdu mes illusions, j'ai été très en colère contre Perrault!»


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Seule gardienne de son bonheur?

Heureusement, les représentations du couple sont maintenant plus diversifiées. Et même si cela prendra sans doute une autre génération avant de se défaire des vestiges du prince charmant, on peut au moins se rassurer en se disant que La Reine des neiges enseignera mieux à nos filles l'idée d'indépendance et le fait qu'elles ne doivent pas attendre après un homme pour être heureuse. (Et de toute façon, quel homme voudrait raisonnablement endosser cette responsabilité?) «Le problème, c'est qu'on est tombé dans l'autre extrême, croit Sue Johnson, professeure de psychologie à l'Université d'Ottawa et auteure de Serre-moi fort! - Parce que l'attachement est indispensable pour le couple. En Amérique du Nord, surtout, l'indépendance est excessivement valorisée. On vit seul, on travaille, on est très occupé, on consomme et on fait des autoportraits! Or, on est des êtres d'attachement. On a besoin des autres pour se sentir sécurisés et soutenus.» Et plus encore lorsqu'on est amoureuse. Un état dans lequel on est plus vulnérable et dans lequel on a besoin que l'autre réponde à cet amour, qu'il nous sécurise. «Sinon, on se sent rejetée et malheureuse, ce qui est tout à fait normal», ajoute Mme Johnson.

Ainsi, cette femme qui semble en plein de contrôle d'elle-même, sûre d'elle et qui ne fait jamais de compromis en ce qui a trait à son bonheur... «Je m'en méfierais, avance la psychologue Lucie Mandeville, passionnée par le thème du bonheur. Sa réalité n'est sans doute pas aussi rose qu'elle en a l'air. On a tous besoin des autres et, si on est trop indépendante, le couple ne survit pas.» Christine, 39 ans, est en couple depuis 8 ans et maman de 2 enfants. Elle ne le dit pas à beaucoup de gens, car elle craint de se faire juger: «J'étais heureuse quand j'étais célibataire, et les enfants n'étaient pas un facteur essentiel à mon bonheur. Si la vie n'avait pas mis mon mari et mes enfants sur ma route, je crois que j'aurais continué à être heureuse. Cela dit, la rencontre avec mon conjoint, mon amour pour lui et l'arrivée de mes enfants, tout ça fait partie intrinsèque de mon bonheur aujourd'hui. Ça ne va pas toujours bien, mon amoureux me tape sur les nerfs parfois et moi aussi. Certaines de ses idées, politiques notamment, me dérangent. On se chicane à l'occasion. Et il y a eu quelques moments de notre histoire dans lesquels je n'ai pas été heureuse du tout. Mais tous ces moments de bonheur et tous ces petits malheurs, on les partage. On les a créés ensemble. Ils marquent notre histoire à nous.»


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Une responsabilité partagée

Un savant équilibre entre autonomie et dépendance: c'est là une des conditions, selon le psychologue Michel Giroux, pour qu'un couple préserve son bonheur. «Il faut aussi garder en tête que le couple traverse toutes sortes d'étapes. À certains moments, c'est l'un des deux qui a le plus besoin d'être soutenu; à d'autres, c'est l'autre qui a besoin qu'on prenne davantage soin de son bien-être.» Le psychologue cite en exemple une première grossesse: une période dans laquelle une femme a particulièrement besoin de soutien. «Un homme peut décider à ce moment de faire des rénovations dans la maison, ce qui pour lui est une bonne façon de s'impliquer. Mais sa femme peut avoir besoin de tout autre chose. Elle risque donc d'être malheureuse si elle pense que son conjoint n'est pas là pour la soutenir.» Un malentendu qui risque de fragiliser le bonheur de chacun.

Puisqu'il est impossible de ne pas remettre un peu de notre bonheur entre les mains de notre conjoint, l'idéal est donc de lui signifier clairement ce qui nous rend heureuse ou pas. «C'est essentiel, pense Christine. Au début de notre relation, ça n'a pas toujours été évident. On vivait alors davantage d'insatisfactions, surtout parce qu'on n'avait pas encore appris à bien communiquer ensemble, à bien se connaître et à se comprendre.»

Déterminer clairement ses besoins et les exprimer est, selon Lucie Mandeville, une des clés du bonheur de chacun des conjoints. «Et aussi garder nos attentes réalistes, c'est-à-dire de ne pas s'attendre à ce que notre partenaire soit le mari, l'amant, l'ami et le père idéal!» Comprendre et accepter que l'autre ne peut pas répondre à tous nos besoins et faire en sorte d'en satisfaire certains autrement, auprès d'autres personnes notamment. «Avec mon conjoint actuel, raconte Élise, j'ai été un peu déçue au début, voire frustrée, de ne pas pouvoir avoir de longues discussions à propos de cinéma, une de mes passions. Mais après un moment, j'ai décidé que je ne me rendrais pas malheureuse, ni mon conjoint, à cause de cela. J'ai accepté que je ne partagerais pas cette passion avec lui, mais plutôt avec mes amies.» Elle a par ailleurs choisi de focaliser sur ce qu'elle partageait avec son amoureux, non pas le contraire: leur amour des voyages, du vélo et des promenades en forêt. Elle s'est aussi mise à envisager les choses différemment: «Quand je ne focalise pas juste sur mon propre bonheur et que je suis plus à l'écoute de mon conjoint et de ce qui le rend heureux, je suis plus heureuse aussi.»

«Le bonheur se tisse avec une multitude de choses, croit Sue Johnson. Certaines choses sont bien personnelles. Mais une chose qui est commune à tout le monde, c'est le besoin des autres. Même si on est devenus très bons dans le fait de vivre seul parmi les autres, on est, je pense, de plus en plus conscients du coût lié à un trop grand individualisme, celui de la solitude notamment.» Pour la spécialiste, le bonheur en couple est basé sur une saine dépendance: se nourrir soi-même de choses qui nous rendent heureuse et travailler sur soi dans le but de devenir la meilleure personne que l'on peut être. Tout en s'abandonnant à l'autre, en l'épaulant, en le réconfortant et en se laissant aimer. Tout simplement. «Si on vit avec notre bonheur à la remorque de l'autre, on sera malheureuse, dit Christine. Mais si on s'arrange pour se sentir le mieux possible dans sa peau, si on fait des efforts dans ce sens-là, alors on ne sera pas en "mode attente" envers notre conjoint. Et puis, comme on dit qu'on ne peut pas aimer si on ne s'aime pas d'abord, je crois qu'on ne peut pas rendre les autres heureux si on ne l'est pas aussi un peu au départ!»

Mon bonheur est équilibré... si je peux répondre oui aux affirmations suivantes:

  • La vie à deux ne me rend pas toujours heureuse, mais elle me fait sans cesse grandir.
  • Lorsque ça ne va pas du tout, j'attends de mon conjoint qu'il m'écoute et me soutienne. Mais je suis responsable de régler ce qui ne va pas.
  • Je suis bien lorsque je suis seule; j'en profite pour faire des choses qui me plaisent.
  • Je suis capable de nommer au moins cinq choses différentes, qui n'ont rien à voir avec mon couple, qui me procurent beaucoup de bonheu.

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