Couple

Avec quoi partagez-vous votre couple?

Avec quoi partagez-vous votre couple?

Auteur : Coup de Pouce

Pas toujours évident d'accepter que notre conjoint consacre beaucoup de temps (et, parfois, d'argent) à une activité qui nous laisse froide. Au début, on peut trouver charmant qu'il aspire à devenir champion d'échecs ou qu'il passe tous ses dimanches sur une patinoire à jouer au hockey, mais, avec les années, ça peut finir par nous agacer. Alors qu'on a si peu de moments libres à passer en amoureux, pourquoi choisit-il de consacrer des heures à sa passion plutôt qu'à nous?
Mais l'inverse est aussi possible: il peut arriver qu'on ait nous-même une passion qui nous prenne beaucoup de temps et que cela fasse grincer des dents notre homme. On ne veut pas lui faire de peine et on l'aime tout autant même si on ne passe pas tous nos temps libres avec lui, mais on aimerait bien qu'il comprenne que, pour nous, cette activité est importante et sacrée!


Selon Stéphane Guay, psychologue chercheur au Centre de recherche Fernand-Seguin, il n'est pas rare que la passion de l'un suscite la jalousie de l'autre. «Cela est attribuable à un sentiment d'insécurité. Non seulement on peut penser que cette passion nous enlève quelque chose, mais elle nous entraîne aussi dans une logique de comparaison face à notre partenaire. Comme on n'a nous-même pas de passion, on en vient à craindre qu'il ne nous trouve plate et nous quitte ou, encore, qu'il ne s'intéresse à quelqu'un d'autre qui partage le même engouement que lui. Ça peut créer de l'anxiété.»

Créer un équilibre

Il se peut que l'augmentation des acquis du couple puisse calmer l'angoisse du partenaire qui craint l'abandon. Toutefois, selon la psychologue Marie Claude Lamarche, on est loin de la panacée puisque ce train de vie engendre une autre réalité: la pénurie. «Je ne crois pas que partager son conjoint avec une activité représenterait un irritant si on avait énormément de temps et d'argent, note-t-elle. Or, ce n'est pas le cas de la majorité des parents, dont les heures et les sous sont comptés.»

Ainsi, on est loin de s'attendrir lorsque, le samedi matin, on voit notre amour se précipiter au tennis quand les enfants sont surexcités et qu'on n'a pas pris de temps pour nous depuis des lunes. Ou encore lorsque, après une semaine chargée, on croyait pouvoir enfin se payer du bon temps avec notre douce moitié, qui, elle, a encore la tête et le coeur au travail.

«Pour qu'un couple fonctionne, il faut que les conjoints entretiennent les mêmes priorités, qu'ils veuillent aller dans la même direction, ajoute Marie Claude Lamarche. Si, pour l'un, le peu de temps libre dont dispose le couple devrait être consacré au nid familial, alors que l'autre y voit une occasion de plus de cultiver sa passion, ça peut devenir très frustrant.» D'où la nécessité d'établir les priorités du couple, de négocier un terrain d'entente pour les besoins de chacun et de créer un équilibre.

Le besoin viscéral d'un des conjoints pour son activité ne devrait pas entraîner de privations ou de tâches supplémentaires pour celui qui n'a pas de passion. «Mon mari est un mordu de la chasse et, depuis des années, je le perds pour plusieurs jours à l'automne, confie Huguette, 61 ans. Mais j'en profite pour faire effectuer les travaux que je veux dans la maison. J'ai carte blanche, même s'il n'aime pas toujours le résultat final... C'est notre entente.»Partager sa passion
Comment rassurer notre conjoint, s'il se sent abandonné? En partageant avec lui ce qu'on vit dans la pratique de cette activité, répond Stéphane Guay. «Il faut lui en parler, le tenir au courant de ce qui se passe et des bienfaits que ça nous procure tout en le rassurant sur les sentiments qu'on lui porte. Ne pas le faire pourrait entraîner une distanciation dans le couple.»

En retour, l'autre doit faire l'effort de nous poser des questions et de tenter de s'intéresser à cette activité qui nous enthousiasme tant. «Cela ne veut pas dire qu'il y parviendra, mais il doit à tout le moins essayer. Quant au conjoint, le message qu'il reçoit de cet effort est positif: ça lui permet de ne pas se sentir coupable et ça le renforce dans ses confidences à sa conjointe», poursuit le psychologue.

Il est également important de resserrer le dialogue du point de vue affectif. «Beaucoup de gens ne manifesteront pas leurs émotions, car ça leur semble injustifié. "Je ne veux pas que ma femme sache que je suis jaloux" ou: "Je ne veux pas empêcher mon chum d'aller jouer au tennis, parce que je le comprends. Mais..." illustre Marie Claude Lamarche. Souvent, notre cerveau va dire quelque chose, mais nos émotions vont dire autre chose. C'est très important d'en faire part à notre chum ou notre blonde (on le fait en parlant au je) même si on déteste ça.

Autrement, on risque de devenir passif-agressif et de bouder, et le conjoint ne saura pas pourquoi. Ça peut contaminer la relation et l'inciter à vouloir être encore plus souvent à l'extérieur. Ça devient un cercle vicieux.»
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