Argent et consommation
Trucs pour faire son épicerie intelligemment
Photographe : Anne Villeneuve
Économiser, gagner du temps, acheter responsable, éviter le gaspillage... Qu’on aime ou non faire l’épicerie, on souhaite toutes être le plus efficaces possible. Voici les suggestions de nos experts.
À LA MAISON
Un menu réfléchi en cinq étapes.
C’est à partir du menu qu’on établira pour la semaine qu’on fera notre liste d’épicerie.
- Regarder ce qu’on a déjà dans le réfrigérateur et le garde-manger: un contenant de crème sure à la veille d’être périmé, une boîte de lentilles achetée il y a un an, un sac de légumes surgelés oublié... On crée notre menu à partir de là.
- Consulter les circulaires. Le poulet est en promo? On prévoit en acheter beaucoup pour le décliner en différents plats. Mais, afin de reconnaître les vraies aubaines, on doit bien connaître les prix habituels.
- Penser lunchs. Cuisiner en plus grosse quantité au souper permet d’avoir des restes pour les lunchs. On achète donc en quantité suffisante.
- Emprunter. On veut essayer une nouvelle recette, mais elle nécessite plusieurs ingrédients qu’on n’a pas et dont certains sont exotiques ou chers? Peutêtre notre voisin ou notre amie a ce dont on a besoin. Sinon, on achète en vrac si c’est possible, juste les quantités nécessaires pour la recette.
- S’assurer de toujours avoir les ingrédients de base (oeufs, lait, pâtes, sauce tomate, noix, etc.). On fait l’inventaire et on note ce qu’il nous manque. Idéalement, on se garde une liste de ces essentiels à portée de main. Dès qu’il en manque un, on coche. On saura ainsi qu’on doit s’en procurer. Les ingrédients de base sont de bons dépanneurs; on peut toujours arriver à en tirer un plat simple en cas d’urgence.
À L'ÉPICERIE
- On ne met pas les pieds à l’épicerie sans notre liste. À moins que ce ne soit pour acheter le beurre qu’on avait oublié. Et encore!
- On aura regroupé sur notre liste les denrées selon les rayons: fruits et légumes, viandes, produits laitiers, etc. Sinon, on risque les allers-retours inutiles d’une section à l’autre de l’épicerie.
- On évite les heures de pointe, soit entre 16 h et 19 h, et les après-midi de fin de semaine. On évite ainsi les bouchons dans les allées et à la caisse, et on n’a pas le temps de flâner (et d’acheter plus que nécessaire!).
- Si gagner du temps à l’épicerie est notre principal objectif, visiter un seul endroit sera avantageux. On devra toutefois accepter de payer parfois plus cher qu’ailleurs un article. L’avantage: à toujours aller au même endroit, on finit par savoir par coeur où se trouvent les produits.
- Le panier format géant est-il vraiment nécessaire? Une étude a démontré que faire son épicerie avec un gros panier nous pousserait à acheter plus.
- Bon à savoir: les aliments les plus chers sont souvent stratégiquement placés à la hauteur des yeux. On n’hésite donc pas à regarder plus loin que notre nez!
Une épicerie plus responsable
«Bien que le coût des aliments soit encore la première considération que les gens ont à l’épicerie, la provenance des aliments qu’ils consomment ou l’empreinte écologique qu’ils laissent entre de plus en plus en ligne de compte.» — Sylvain Charlebois, doyen de la faculté de management et professeur titulaire en distribution et politiques agroalimentaires de l’Université Dalhousie, à Halifax
«L’été, j’essaie d’aller au marché le plus près de chez moi, le plus souvent possible. Sinon, je repère la provenance des produits au supermarché. Même les grandes surfaces font en sorte de présenter des produits d’ici.» — Catherine Clermont, rédactrice en chef, cuisine, Coup de pouce
«Les produits certifiés Aliments du Québec ou, encore mieux, Aliments bio du Québec permettent de faire une épicerie responsable sans avoir à passer trop de temps à lire les étiquettes.» — Jean-Michel Archambault-Cyr, conseiller agriculture, Équiterre
«La meilleure façon d’ajouter de la vie dans votre assiette est d’utiliser des fines herbes. Pour environ 10 $, on peut acheter trois ou quatre plants de fines herbes dont on pourra se servir pour nos salades, nos légumes ou nos rôtis. De plus, on évite les emballages en plastique. Par ailleurs, le plus grand impact environnemental en alimentation est causé par la production de la viande. C’est donc bon pour l’environnement et pour le portefeuille d’en acheter moins souvent, et idéalement d’un boucher qui connaît bien ses produits.» — Michael Linnington, chef styliste culinaire
Les paniers livrables, c’est pour nous?
Les paniers de légumes, de fruits et parfois d’autres denrées qu’on nous livre à domicile ou qu’on va chercher à un point de chute font toujours un peu plus d’adeptes chaque année. Le programme Fermiers de famille, d’Équiterre, est l’une des premières initiatives dans le genre, à plus large échelle du moins, mais plusieurs autres ont vu le jour, comme les fermes Lufa ainsi que tout un réseau de fermes indépendantes. On retrouve des paniers pour une ou deux personnes, ou une famille, dont les prix varient de 15 $ à 35 $. «C’est bio, c’est local, et les revenus reviennent à la ferme, dit Jean-Michel Archambault-Cyr. La plupart des fermes offrent de reporter le service lorsqu’on s’absente, pour les vacances par exemple. De plus en plus d’endroits proposent aussi des paniers toute l’année. Dans le cas des Fermiers de famille, c’est aussi l’occasion de rencontrer la personne qui nous nourrit chaque semaine, qui peut nous donner des recettes, des trucs de conservation, etc.» En revanche, si on souhaite s’y abonner parce que ça correspond à nos valeurs, mais qu’on ne cuisine pas beaucoup et qu’on est plus ou moins ouverte à essayer des produits qu’on ne connaît pas (gare au gaspillage!), les paniers ne sont peut-être pas pour nous. On peut toujours s’informer s’il est possible de faire un essai pendant deux ou trois semaines.
- Fermiers de famille
- Ferme Lufa
- On peut aussi faire une recherche sur le web des fermes de notre région et les contacter pour savoir si elles offrent ce service (si ce n’est déjà fait, peut-être en incitera-t-on certaines à le faire!).
Moins de gaspillage
Plus du quart de ce qu’on achète à l’épicerie finit à la poubelle.
- Périssable ou non, on n’achète jamais en grande quantité un produit qu’on n’a jamais essayé avant. Même s’il est en «spécial»
- Si ce n’est déjà fait, on considère les achats en vrac pour les aliments qu’on a justement tendance à gaspiller.
- Le pain qu’on a acheté se trouve dans un sac brun? On le transfère dans un sac en plastique, fermé hermétiquement. Il risquera moins de rassir.
«Je mange les aliments les plus périssables en premier. Je mets tous les fruits et légumes fragiles dans des contenants hermétiques de qualité. Les aliments se conservent tellement plus longtemps! Je réussis à garder ma laitue fraîche jusqu’à deux semaines!» — Catherine Clermont
«Acheter des fruits et légumes pour la semaine n’est pas idéal. Après quelques jours, ils ne sont plus vraiment frais, et il est possible que vous en ayez acheté trop ou pas assez. Mais si vous avez déjà toutes vos bases, une petite course vers l’épicerie du coin deux fois par semaine ne prendra pas de temps.» — Michael Linnington
Repérer la file la plus rapide
Comment passer plus vite à la caisse? Des scientifiques se sont penchés sur la question. Voici quelques-uns des résultats de leurs recherches.
- On privilégie la file où se trouve une personne avec un panier bien rempli à celle où il y en a quatre avec seulement quelques victuailles. Les formules de politesse et le temps pris pour payer totaliseraient plus de minutes en fin de compte.
- Les caisses se trouvant à gauche seraient souvent moins occupées. Raison: les droitiers, majoritaires, se rendraient instinctivement vers les caisses plus à droite.
- Pour accélérer les choses, on essaie de déposer nos articles avec le code bien à la vue.
- On surestimerait de 36 % le temps qu’on passe réellement à faire la file.
- Même si ça se passe dans la tête, se distraire – en feuilletant un magazine par exemple – pendant qu’on attend atténuerait cette impression.