Argent et consommation
Produits verts: comment s'y retrouver?
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Les produits verts, écologiques et biodégradables sont de plus en plus nombreux sur nos tablettes. Selon l'entreprise de marketing environnemental Terra Choice, le nombre de produits verts a augmenté de 73 % entre 2009 et 2010. Le problème, c'est que les appellations vertes et écologiques ne sont pas réglementées, comme c'est le cas pour la certification biologique, par exemple.
Le Bureau de la concurrence du Canada et l'Association canadienne de normalisation ont bien élaboré en 2008 un guide de conduite destiné aux publicitaires, mais dans les faits, il n'y a pas eu beaucoup de plaintes, regrette Jean-Sébastien Trudel, fondateur d'une firme d'experts-conseils en développement durable et auteur du livre Le grand mensonge vert. Conséquence pour le consommateur: il est difficile d'y voir clair quand on veut faire des choix écologiques à l'épicerie.
Les sept péchés du blanchiment écologique
Terra Choice a identifié les sept pêchés de l'éco blanchiment ou maquillage vert, cette pratique des entreprises qui consiste à exagérer les attributs écologiques de leurs produits.
1- Le compromis caché: lorsque l'on attire l'attention sur un aspect écologique du produit en passant sous silence d'autres caractéristiques, beaucoup moins vertes. Ex. : un savon de lessive permettant de laver à l'eau froide, mais qui contient beaucoup de produits chimiques.
2- L'absence de preuve: si le produit s'affiche vert sans fournir de preuve. Ex. : un fabricant proclame son produit biodégradable, mais n'est pas capable d'expliquer pourquoi.
3- L'imprécision: lorsque le fabriquant emploie un vocabulaire vague, comme par exemple: 100 % naturel.
4- La non-pertinence: si le fabricant met en valeur l'absence d'une substance nocive, mais qui n'a aucun rapport avec le produit. Ex. : un produit qui s'affiche sans CFC, alors que ceux-ci sont interdits depuis 2007.
5- Le moindre des deux maux: quand le fabricant met l'accent sur une qualité écologique pour masquer la nocivité de son produit. Ex. : des cigarettes faites de tabac biologique.
6- Le mensonge: quand la caractéristique écologique d'un produit s'avère fausse.
7- L'étiquette mensongère: l'utilisation d'un logo qui peut ressembler à un logo reconnu, mais qui n'en est pas un.
Presque tous coupables d'un péché
D'après Terra Choice, en 2009, 95 % des produits de consommation se prétendant « verts » étaient coupable d'au moins un pêché. Il y a de quoi être découragé. « Mais il ne faut pas », assure Jean-Sébastien Trudel. L'auteur avoue s'être aussi senti dépassé à certains moments, c'est pourquoi il a écrit son livre. « Les consommateurs ont besoin d'être mieux informés sur les pratiques vertes des entreprises. On ne pouvait plus se fier à des données approximatives. »
« Il ne faut pas non plus se rendre malade! Le développement durable vise aussi le bien-être », rappelle Brenda Plant, directrice générale d'ethiquette.ca, un site internet d'aide à la consommation responsable. Elle conseille donc de faire ce que l'on peut sans se culpabiliser. « L'être humain est heureux quand il fait des choses en accord avec ses valeurs, tout en étant conscient de ses limites », dit-elle.
Conseils pour consommateurs responsables
Alors, quoi faire? D'après Jean-Sébastien Trudel, le premier réflexe est de reconnaître les écoétiquettes officielles comme Écologo-Choix environnemental, le seul logo officiel au Canada, au niveau environnemental. Il y a aussi les certifications spécifiques, comme la mention Energy star pour les appareils électroménagers ou FSC pour la gestion durable des forêts.
L'auteur du Grand mensonge vert suggère ensuite de se fier à « son gros bon sens ». Par exemple, miser sur des produits de qualité qui vont durer. Bien sûr, le coût à l'achat peut être plus élevé, mais quand on y réfléchit, on y gagne à long terme.
Selon lui, il faut aussi changer certains réflexes. « Les gens ont tendance à s'assurer que les produits qu'ils consomment ne sont pas surremballés, c'est bien. Mais avant de se poser cette question, il faut se demander si l'on a réellement besoin de ce produit, Y a-t-il d'autres alternatives? » M. Trudel dénonce notamment le « syndrome de l'exception », soit l'achat de produit qui ne servira qu'à de rares occasions.
Ressources utiles
Les enjeux sont très complexes lorsqu'on parle d'environnement et de développement durable. Parfois, le choix de prime abord le plus vert, ne l'est pas après l'analyse poussée de tous les facteurs en jeu. Comme le consommateur n'a pas l'expertise pour faire cette analyse à chacun de ses achats, il existe des sites internet et des guides qui la font à sa place.
Ethiquette.ca est né en 2005 à l'initiative de Brenda Plant, alors consultante indépendante en investissement socioresponsable, à qui l'on demandait souvent où trouver des produits respectueux de l'environnement. Environ 110 produits ont été approuvés par l'organisme après une sérieuse évaluation, mais 1000 produits ayant été vérifiés plus rapidement figurent sur l'ensemble du site.
Le site américain goodguide.com est également une bonne ressource avec plus de 70 000 produits répertoriés. « D'un coup d'œil, on peut parcourir les différentes marques d'un produit classé par un pointage sur 10. Ils ont aussi une application pour téléphone intelligent permettant de scanner un produit directement à l'épicerie », explique Jean-Sébastien Trudel.
Enfin, il y a les guides thématiques de l'organisme Greenpeace, comme celui sur les papiers jetables publié en 2010. Ou encore le guide Achetez vert des éditions Protégez-vous, produit en collaboration avec ethiquette.ca. Un consommateur averti en vaut deux!