Argent et consommation
Les emballages de plastique sont loin d'être écologiques!
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Sauce tomate, mayonnaise, jus sont dorénavant devenus maniables avec cinq doigts. Ils s'ajoutent aux pots de yogourt et autres contenants à sauces et huiles alimentaires faits de plastique. L'industrie de l'emballage les choisit parce qu'ils sont légers, incassables, déformables, tout en étant résistants et moins dispendieux, comparés au fer et au verre. Des manufacturiers agro-alimentaires ont mis ce nouveau produit aux couleurs de la mode, lui collant une allure de renouveau.
Certains prétendent que leur poids minceur fait épargner des millions de tonnes de CO2 dans l'atmosphère et réduit les autres gaz à effet de serre. D'autres y voient une façon d'économiser sur les caissons de transport, chargés au poids. Pratiques, ils se logent bien en un espace réduit, ils se vident aisément, ils se plient, se rincent, occupent moins de place dans une boîte à lunch et dans un bac à déchet.
Sauf, que ces plastiques que l'industrie voudrait nous vendre comme écologiques ne sont pas tous recyclables. Seuls les plastiques alimentaires et de breuvages identifiés avec les sigles PETE 1, HDPE 2, LDPE 4 et PP 5 sont sans danger pour la santé. Il faut éviter les plastiques marqués v 3, PS 6 et PC 7.
Un pas en arrière
Selon l'Institut for Agriculture and Trade Policy, basé à Minneapolis au Minnesota, si les emballages en plastique font figure d'innovation pour les industriels de l'alimentation, ils sont loin d'être un pas en faveur de l'environnement.
Plus de plastiques sont fabriqués à base de pétrole, une ressource non renouvelable. Plusieurs de ces plastiques sont non réutilisables et deviennent un déchet après un usage unique. Les chercheurs observent avec pertinence, que l'augmentation du tonnage de déchets destinés à l'enfouissement est, en soi, un problème non résolu.
Danger à la cuisson
Autre élément de risque, selon l'IATP, des industriels agro-alimentaires suggèrent que les aliments emballés sous vide de plastique soient cuits ou réchauffés directement dans le contenant. Or, plusieurs de ces plastiques dégagent des produits chimiques perturbateurs hormonaux lorsqu'ils sont soumis à une forte chaleur.
La liste des risques établie par les scientifiques est longue. Elle focalise principalement sur les composés qui entrent dans la fabrication des produits de plastique. Un guide a été produit: Smart Plastics Guide Healthier Foods Uses of Plastics afin d'aider à reconnaître le vrai du faux des offres des commerçants.
Les plastiques d'emballage malsains
Quels sont ces plastiques malsains?
P1: Polyéthylène téréphtalate éthylène ou PET: utilisé pour les boissons comme l'eau, les jus de fruits, les détergents...
P2: Polyéthylène de haute densité ou HDPE: utilisé pour les bouteilles de lait opaques, les emballages de produits cosmétiques (shampoings...).
P3: Polychlorure de vinyle ou PVC: utilisé pour les boîtes alimentaires, certaines bouteilles d'eau minérale, les films alimentaires, les bouteilles d'huile...
P4: Polyéthylène basse densité ou LDPE: utilisé pour les barquettes, les films alimentaires, les flacons, les sacs congélation et les sacs poubelles.
P5: Polypropylène ou PP: utilisé pour les barquettes de beurre et margarine, certains pots de yogourts, les biberons.
P6: Polystyrène ou PS: utilisé pour les couverts et verres en plastique, certains pots de yogourts, les emballages pour les œufs qui ne sont pas en carton...
P7: Autres plastiques (bisphénol A): certains récipients alimentaires (ketchup...), les bouteilles en plastique de grosse quantité, les gourdes, les gobelets en plastique rigide, les biberons...
Le bisphénol A est un perturbateur du système endocrinien et un agent cancérigène (cancer de la prostate et du sein). Il serait l'un des facteurs des problèmes de fécondité masculine. Sa dangerosité a été reconnue et le Canada a banni le bisphénol A du marché de l'alimentation. Par contre, il y aura une période de transition puisque le Bisphénol A Principal entre dans la composition de prothèses dentaires et dans les revêtements des boîtes de conserve (résine époxy).
D'autres plastiques, comme le PVC (P3) pourrait avoir une incidence sur le foie, les reins, la rate et la formation osseuse. Dans l'usage alimentaire, sa toxicité se libère principalement au contact des films alimentaires avec des matières graisseuses comme la viande ou le fromage.
Les plastiques P6, sont considérés comme toxique pour le système nerveux, le foie, les reins et l'estomac. Les salariés fortement exposés au styrène par inhalation auraient développé de cas de leucémies).
Saviez-vous que
Plus d'un milliard de sacs de plastique uniservice sont distribués gratuitement au Québec annuellement. Il faut environ 400 ans pour qu'un sac de plastique puisse se dégrader dans l'environnement.
Sources
Synthèse - Caractérisation des matières résiduelles du secteur résidentiel au Québec 2006-2007 (voir surtout graphique 1 à la page 6, graphique 2 à la page 12, graphique 3 à la page 13 et graphique 5 à la page 15)
Annexes - Caractérisation des matières résiduelles du secteur résidentiel au Québec 2006-2007 (voir surtout annexe 14, pages 230 à 232 du document pdf)
Bilan 2006 de la gestion des matières résiduelles au Québec, Recyc-Québec
Fiches d'information sur les matières, Recyc-Québec