Argent et consommation
Le budget, c'est comme le ménage...
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«Notre endettement est le fruit de nos habitudes et de nos attitudes», souligne Hélène Hétu, consultante financière pour l'ACEF Rive-Sud, membre du réseau ACEF, qui défend et soutient les consommateurs. J'aime bien cette définition, qui tient compte à la fois de nos comportements - le café latte à 5$ qu'on se paie tous les matins - et de nos personnalités.
Profils d'endettés
Il existe quatre types d'endettés, constate Gérard Duhaime, sociologue à l'Université Laval et auteur de La Vie à crédit. D'abord, les «vulnérables», qui ont de petits revenus et une faible connaissance des finances. Leur auto exige des réparations? Ils souscrivent à la carte de crédit que l'employé de Canadian Tire propose pour régler le paiement. Les vulnérables recourent au crédit pour tout ce qu'ils n'ont pas les moyens de se payer.
Les «malchanceux» ont aussi de modestes revenus, mais ils contrôlent bien leur budget. C'est une maladie ou une séparation qui les précipite dans l'endettement. Jean, 55 ans, est à la fois vulnérable et malchanceux. Son revenu de travailleur communautaire couvre à peine ses besoins de base. Sa mère tombe malade. Après deux ans de navette entre Longueuil et Sorel, il entre en dépression et perd son emploi. Le chômage le mène à l'assistance sociale et aux bureaux de l'ACEF Rive-Sud. Il lui faudra un an pour sortir la tête de l'eau. Depuis le mois dernier, il est passé du budget de crise au budget régulier.
«Le budget de crise est une mesure d'urgence pour régler les dettes une à une, par priorité», explique Hélène Hétu. Le budget régulier, lui, s'appuie sur plusieurs comptes. Le compte régulier, notamment, où l'on dépose l'argent requis pour les dépenses fixes (hypothèque, loyer, téléphone, Internet, achats à tempérament, etc.). Et le compte projet pour accumuler l'argent des voyages, par exemple, une paie à la fois, mais aussi pour mettre de côté la somme annuelle prévue pour les réparations de la maison ou de l'auto.
Les bonnes questions
Les gens riches aussi ont des dettes. C'est la catégorie des «parvenus», qui n'achètent que ce qu'il y a de mieux. Comme cet homme qui, au lendemain d'une promotion, a acquis une voiture de luxe «parce qu'il était rendu là». Trois mois plus tard, il remet les clés, incapable d'assumer les paiements. Reste les «compulsifs », qui consomment comme d'autres boivent ou jouent. Pour certaines, ce sera des chaussures. Pour d'autres, des maisons.
Existe-t-il de bonnes dettes? Vincent, 29 ans, est retourné aux études. Un bon emploi l'attend après sa formation en technique d'usinage. Entre-temps, il faut vivre. Sa situation financière est tellement précaire qu'il a dû emprunter l'argent de l'épicerie auprès de ses proches. «J'aurais dû épargner en prévision de mon retour aux études», concède-t-il.
Peut-on vivre sans crédit? «On peut vivre sans carte de crédit mais difficilement sans crédit», estime Hélène Hétu. Pour éviter les dérapages, il n'y a qu'une question à se poser: quelles seront les conséquences de cet achat sur l'ensemble de ma situation financière? Quelle sera ma vie pendant mon retour aux études? Après l'achat de ma maison? Au retour de voyage? Reste ensuite à budgéter. Mais, le budget, c'est comme le ménage. Si vous ne le faites jamais, il ne faut pas s'attendre à une maison impeccable du jour au lendemain!
Un diplôme payant
Quelques cégeps, dont le Collège de Rosemont, le Collège Lionel-Groulx et le Collège Gérald-Godin, offrent un programme de 270 heures en finances personnelles, composé de six cours (une centaine de dollars chacun). On y apprend à gérer nos finances et nos placements.
Diance Bérard est chroniqueuse au journal Les Affaires et à l'émission Déficit zéro, à Télé-Québec.