Argent et consommation
Jouer aux cartes
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Mon amie Nathalie est une fille futée. Lorsqu'elle prévoit une grosse dépense ponctuelle, elle se procure une carte de crédit assortie d'un très faible taux d'intérêt. Celui-ci peut être aussi bas que 0,9%. Nathalie utilise cette carte pour régler, disons, son voyage. Puis, elle liquide le solde avant que le taux d'intérêt de ladite carte remonte (le rabais de taux n'est toujours que de quelques mois). Une fois le solde payé, Nathalie annule sa carte. Pratique, le crédit.
En effet, le crédit est un mode de paiement pratique. C'est ce qui explique que, depuis 2008, son utilisation croît de 7% par année. Près de 14% des transactions canadiennes sont effectuées par carte de crédit. Mais, ces cartes servent-elles de mode de paiement ou de mode d'endettement?
Trois visages du crédit
On constate trois types de fonctionnement face aux cartes de crédit, explique Hélène Arsenault, conseillère budgétaire à l'ACEF Lanaudière. Le premier groupe y voit un mode de paiement. On recourt à l'argent de plastique pour ne pas traîner de liquidités. Chaque mois, on règle le solde en entier. Pour le second groupe, la carte de crédit devient un outil de dépannage. «On y recourt lorsqu'on est mal pris, explique Mme Arsenault. En cas de baisse de revenu temporaire, par exemple.» Ce groupe compte les travailleurs autonomes ou saisonniers. Pour eux, l'accumulation d'un solde est temporaire. Ils savent que d'autres revenus sont à venir bientôt.
Mais il y a coup dur et coup dur... «Une inondation est un coup dur, précise Mme Arsenault. L'achat de pneus d'hiver est une dépense prévisible.» Le dernier groupe se compose de surconsommateurs, pour qui la carte de crédit est un moyen de pallier un déficit permanent. «Leurs dépenses excèdent constamment leurs revenus, illustre Léa Gamache, analyste politiques et réglementation à l'Union des consommateurs. Elles se composent de leurs revenus plus leur crédit.»
Il existe plus de 230 cartes de crédit. Trois caractéristiques les différencient: le taux d'intérêt, les frais et coûts additionnels et les récompenses et avantages.
Si vous réglez votre solde tous les mois et que vous n'utilisez pas votre carte pour des avances de fonds, le taux d'intérêt n'a pas à influencer votre choix. Côté frais, toutes les cartes ne sont pas égales; certaines augmentent même le taux d'intérêt lorsque vous ne réglez pas votre solde en entier. Que penser des cartes qui permettent d'accumuler des points ou qui offrent des avantages spéciaux? Deux règles. Assurez-vous que les avantages, par exemple la remise en argent, excèdent les frais annuels. Et que vous ne jouissez pas déjà de cet avantage... Un classique: la carte offre une assurance pour les voitures de location, alors que votre police d'assurance automobile inclut déjà cette protection. Pour choisir la carte qui convient le mieux à votre style de vie, je vous conseille de visiter le site de L'Agence de la consommation en matière financière du Canada.
Vous n'y arrivez plus? Votre solde est au maximum? Résistez à la tentation de déplacer celui-ci vers une autre carte qui propose un taux plus bas! Le rabais ne durera que quelques mois. Songez plutôt à d'autres modes d'emprunt moins coûteux en frais d'intérêt, un prêt personnel ou une marge de crédit, par exemple.
Pour jouer aux cartes, mieux vaut s'inspirer de ma copine Nathalie et connaître les règlements!
Sûr, le paiement en ligne
«Vos achats en ligne sont protégés par la rétrofacturation, explique Léa Gamache, de l'Union des consommateurs. Les émetteurs de cartes de crédit doivent vous rembourser si la transaction tourne mal.» Si, par exemple, vous ne recevez pas l'article commandé ou qu'il ne correspond pas à la promesse de vente, vous faites une demande écrite au commerçant. Si ce dernier ne vous rembourse pas dans un délai de 15 jours, vous avez 60 jours pour placer une demande de rétrofacturation auprès de votre émetteur, qui vous remboursera.
Diance Bérard est chroniqueuse au journal Les Affaires et à l'émission Déficit zéro, à Télé-Québec.