Argent et consommation
Feu mon coussin financier
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L'argent que j'avais sagement épargné au cours de la vingtaine, je l'ai utilisé comme mise de fonds pour mon premier condo. Depuis que les enfants sont là, épargner m'est impossible. J'arrive à mettre de l'argent dans mon REER, c'est tout! Pour le coussin financier de trois mois, on repassera. Ce n'est pas génial, mais c'est la vie. Et je suis loin d'être seule. «Il y a des périodes où on n'arrive pas à épargner», reconnaît Jo-Anne Carette, représentante en épargne collective chez Finances au féminin.
À chaque âge ses dépenses
Notre vie financière se déroule en chapitres, poursuit Mme Carette. De 25 à 35 ans, on économise pour bâtir notre coussin. Une bonne formule consiste à placer 2% de notre revenu dans un CELI, ce compte bancaire à l'abri de l'impôt, et un autre 2% dans notre REER. Si vous gagnez 40 000$, cela se traduit par un investissement annuel de 800$ dans votre CELI. À l'âge de 35 ans, votre coussin financier s'élève donc à 8 000$. Quant au 800$ par année que vous investissez dans votre REER, il vous donnera droit à un retour d'impôt de 320$. En principe, vous devriez le réinvestir dans votre REER. En pratique...
Vous voilà maintenant parvenue à la décennie 35/45 ans. Votre argent durement gagné sort plus vite qu'il n'entre! À défaut d'économiser autant que lors de la décennie précédente, ou d'économiser tout court, assurez-vous de faire fructifier votre coussin financier et votre REER au maximum. C'est l'heure d'adopter une stratégie de placement agressive. Osez prendre des risques, mesdames, pour obtenir davantage de revenu. Lorsque vos enfants quitteront le nid, ce sera l'heure d'un nouveau sprint d'épargne pour les 10 ou 15 années qui précèdent la retraite.
Investir dans moi inc.
Je vous entends penser: «Oui mais, où trouver la discipline pour épargner?»... «Mon revenu est si faible, les tentations, si nombreuses...» Peu importe notre situation ou notre revenu, la méthode pour économiser est la même, explique Léon Lemoine, planificateur financier indépendant chez Lafond et associés.
Celle-ci comporte quatre étapes. Première étape: payez-vous d'abord! «Pour chaque cycle de paie, faites-vous une facture à «Moi inc.». N'attendez pas d'avoir réglé tous vos comptes pour voir s'il en reste. Il n'en restera pas», prévient M. Lemoine. Deuxième étape: établir le montant de votre facture à «Moi inc.». Optez pour un pourcentage de votre revenu plutôt qu'une somme fixe. «C'est beaucoup moins décourageant et plus réaliste pour ceux dont les revenus fluctuent d'un mois à l'autre», souligne le planificateur financier. Commencez par mettre aussi peu que 1% ou 2% de votre revenu de côté. Étape 3: trois mois plus tard, si tout va bien, augmentez légèrement la proportion. Étape 4: déposez la somme accumulée dans un compte d'épargne non lié à une carte de guichet. Ce compte ne doit contenir que la somme nécessaire pour subvenir à vos besoins pendant trois mois. L'excédent, vous l'investissez.
Nous voilà armées d'une méthode pour économiser. Et si on l'essayait? Disons 2% à partir de la prochaine paie. Reparlons-en dans trois mois.
J'hérite: dois-je économiser ou payer mes dettes?
Si votre revenu est supérieur à 60 000$, il est préférable d'investir le montant de votre héritage dans votre REER et d'appliquer le retour d'impôt à votre dette, répond Léon Lemoine. Par contre, si votre revenu se situe plutôt entre 20 000$ et 30 000$, il serait plus sage d'appliquer la totalité de votre héritage à votre dette, car votre taux d'imposition est bas et votre retour d'impôt le sera aussi.
Diance Bérard est chroniqueuse au journal Les Affaires et à l'émission Déficit zéro, à Télé-Québec.