Argent et consommation
Comment éviter que vos émotions contrôlent votre budget
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Qui n’a jamais magasiné pour se consoler ou payé la traite à des amis pour célébrer une bonne nouvelle? Parce que la gestion de notre budget est loin d’être toujours rationnelle, on suit ces quelques conseils d’experts pour éviter que nos dépenses émotionnelles nous plombent le moral en même temps que le portefeuille
La tristesse
Il s’avère que magasiner pour se remonter le moral est un comportement largement répandu. Selon le rapport de BMO Groupe financier, 55 % des consommateurs ont déjà acheté un article dont ils n’avaient peut-être pas besoin parce qu’il était en solde, et 42 % ont acheté un article qu’ils n’utiliseront jamais. Mais le coup de blues ne nous fait pas seulement consommer, il nous transforme en êtres sans jugement.
Pour se calmer le pompon
«Il faut trouver autre chose que la consommation pour se faire plaisir, se gâter et se récompenser», suggère Guylaine Fauteux. Au lieu de flamber sa paye dans les magasins, pourquoi ne pas prendre un café avec une amie, regarder un film ou lire un livre dans un bon bain chaud? «L’idéal est de se faire une liste de récompenses qu’on garde à portée de main pour les moments où l’on se sent triste et où l’on a envie de dépenser, pour éviter de se retrouver dans un magasin ou sur Internet à magasiner», ajoute Luisa Cameli.
La colère
La colère est mauvaise conseillère, dit-on... Si ce n’est pas cette émotion qui nous pousse à faire des achats impulsifs, elle peut toutefois nous inciter à prendre de mauvaises décisions financières. Laisser tous les meubles à notre ex lors d’une séparation pour éviter de faire durer les négociations ou mettre notre menace à exécution en jetant à la poubelle les jouets et les vêtements que nos enfants ont laissé traîner sont des décisions que notre conseiller financier risque de nous reprocher une fois la tempête passée...
Pour se calmer le pompon
Rien de mieux que l’exercice physique pour évacuer l’agressivité: une longue marche ou un cours de cardio plus tard, on sera moins portée à prendre une décision sous le coup de la colère. On peut aussi demander l’avis de plusieurs personnes qui ne sont pas elles-mêmes émotionnellement impliquées dans la situation.
La joie
Tomber amoureuse, recevoir une promotion, apprendre une bonne nouvelle... Tout ce qui peut stimuler notre humeur nous rend plus confiante en nos capacités financières; mais trop, c’est comme pas assez... «Ce sont souvent les émotions extrêmes qui nous font faire des folies. Les grandes joies peuvent donc nous faire perdre la tête, nous amener à vouloir nous gâter ou nous récompenser ou encore faire plaisir aux autres en achetant des choses qui sont au-dessus de nos moyens», dit Soumaya Cheikhrouhou.
Pour se calmer le pompon
On prend le temps de réfléchir avant d’agir, et on évalue si on peut se permettre cette dépense imprévue. Dans un 5 à 7 par exemple, avant d’annoncer qu’on offre la tournée à nos collègues parce qu’on vient de décrocher un important contrat, on peut aller faire un tour aux toilettes ou sortir prendre une bouffée d’air frais. «Dresser au préalable un budget conforme à nos priorités permet de réduire les risques de faire des achats au-dessus de nos moyens qu’on regrettera après coup», conseille Guylaine Fauteux. Or cet exercice purement rationnel ne nous empêche pas de déterminer à l’avance un montant hebdomadaire ou mensuel qu’on s’accorde pour les petites folies.
7 AUTRES ENNEMIS DU BUDGET
La nostalgie
Qui n’a jamais acheté un vêtement hors de prix parce qu’il lui rappelait son enfance? Dans un article publié dans le Journal of Consumer Research, on apprend notamment qu’une personne qui se remémore son passé acceptera de dépenser plus pour un ensemble de produits que celle qui réfléchit à son avenir, et que la personne nostalgique se montrera aussi plus généreuse (en argent, pas en temps) que celle qui est émotionnellement plus neutre.
L’anxiété
Les personnes anxieuses sont plus portées que les autres à faire des dépenses émotionnelles. «Elles vont chercher à apaiser leur anxiété ou à compenser leur mal-être en se faisant plaisir, et ça se traduit parfois par des achats impulsifs», observe la psychologue Luisa Cameli.
Le stress
Une étude américaine publiée en 2009 dans Psychological Science soutient que le stress nuit à la qualité des décisions pécuniaires. Les chercheurs ont découvert que lorsqu’on est stressée, on tombe en «mode automatique». On est donc moins en mesure d’utiliser notre pensée rationnelle au moment de prendre une décision.
L’insécurité
«Plusieurs achats peuvent cacher un sentiment d’insécurité», dit la conseillère budgétaire Guylaine Fauteux, qui cite en exemples les assurances et les garanties supplémentaires proposées par certains magasins.
L’estime de soi
«Les personnes qui ont une faible estime d’elle-même vont souvent acheter des choses pour rentrer dans la norme ou pour se faire aimer des autres», soutient Luisa Cameli. Rentre dans cette catégorie tout ce qu’on achète et qui ne répond pas à un réel besoin, comme de posséder un VUS en ville ou trois sacs à main, ainsi que les produits et les marques de luxe (vêtements, bijoux, voitures, téléphones intelligents), les cosmétiques, alouette...
La dépression
«Les gens dépressifs ont de la difficulté à ressentir un état de bien-être, plusieurs vont donc aller magasiner pour se changer les idées et faire des achats afin de se procurer une émotion positive», affirme Luisa Cameli.
La culpabilité
On a consacré moins de temps aux enfants à cause du travail, alors on les gâte avec la nouvelle console de jeu ou des vêtements griffés? «Certains vont essayer de compenser leur absence auprès de leurs proches ou d’apaiser le sentiment de culpabilité qui en découle en leur achetant des choses», avance Guylaine Fauteux.