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Sextos: comment protéger nos ados?

Sextos: comment protéger nos ados?

Auteur : Coup de Pouce

Messages, photos ou vidéos à caractère sexuel envoyés via les téléphones cellulaires, les sextos ont la cote chez nos ados. Voici pourquoi il faut s’en préoccuper.

Vous connaissez sûrement les textos, ces messages brefs qu'on se transmet à partir de nos téléphones portables. Quand ces quelques mots revêtent un caractère sexuel, on parle alors de «sextos». Si certains adultes s'adonnent à cette pratique, les adolescents s'y intéressent aussi beaucoup. Plus largement, on englobe dans le terme «sexto», les images de personnes nues ou à demi nues envoyées via Internet et les téléphones intelligents. Les enfants, qui ont accès de plus en plus jeunes aux nouvelles technologies, sont particulièrement exposés au phénomène.

Les histoires de sextos diffusés à grande échelle par des adolescents ont été particulièrement médiatisées aux États-Unis. Au Québec, il s'agit d'un problème plutôt récent. «Dans ma commission scolaire, le personnel pédagogique a commencé à me poser des questions sur le sujet en 2010», rapporte Maureen Baron, responsable du dossier cyberintimidation à la commission scolaire English-Montreal.

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Sextos: l'intention derrière le geste

À partir de quel âge un enfant est-il susceptible d'envoyer ou de recevoir des sextos? «Cela commence généralement au secondaire, vers 12 ou 13 ans. Les enfants vont à l'école plus loin de chez eux et les parents les équipent de téléphone portable pour garder le contact. Mais évidemment, ils peuvent en faire une autre utilisation», explique Danielle Taddeo, pédiatre en médecine de l'adolescence au CHU Sainte-Justine.

Selon une étude américaine, beaucoup de jeunes envoient des sextos dans l'espoir d'avoir une relation amoureuse: par exemple, une jeune fille enverra une photo d'elle nue si le garçon pour qui elle a le béguin le lui demande. D'autres le font aussi simplement par jeu. Le problème, c'est que celui qui reçoit le message n'est pas forcément dans le même état d'esprit. «Un élève peut envoyer un message pour s'amuser, mais le destinataire peut être fâché de le recevoir. Cela crée des tentions entre les élèves », observe Maureen Baron.

 

Les dangers des sextos

Le plus grand risque des sextos? Ils peuvent être rapidement et largement diffusés. «Souvent, les jeunes vont penser que leurs échanges sont confidentiels alors que, dans les faits, ils n'ont plus de contrôle sur le contenu une fois celui-ci diffusé», constate Danielle Taddeo. Ainsi, les sextos peuvent devenir de véritables outils de harcèlement pour des personnes mal intentionnées. C'est ce qui inquiète Danielle Taddeo: «Les jeunes sont vulnérables, leur estime d'eux-mêmes est fragile. Quelqu'un dont les photos intimes seraient diffusées pourrait sombrer dans la dépression, voire même faire une tentative de suicide.»

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) voit de plus en plus de cas de dérapage de ce genre. «On a eu un cas où un jeune garçon approchait des filles et les incitait à montrer leur poitrine, pour ensuite les menacer de les diffuser sur Facebook. Et un autre où un adolescent prétendant être menacé de mort par la mafia, demandait à des jeunes filles de se caresser devant une webcam», relate Guy Bianchi, lieutenant-détective spécialisé dans les dossiers d'agression sexuelle et d'exploitation d'enfants à des fins commerciales.

 

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Conseils aux parents

Dans un premier temps, il est important d'éduquer les enfants à la protection de leur vie privée. Même s'ils font confiance à la personne à qui ils envoient un sexto, ils n'ont aucune garantie que celui-ci ne se retrouvera pas en ligne un jour. «Les jeunes ne comprennent pas que lorsqu'ils diffusent une photo ou une vidéo sur Internet, ils ne pourront plus l'enlever. Même nous, nous n'avons pas les moyens de l'éliminer complètement», explique Guy Bianchi. C'est une notion qu'il faut absolument faire comprendre aux adolescents, d'après le lieutenant-détective. Celui-ci conseille également de garder l'ordinateur de la maison dans une pièce commune, à la vue de tous, et de vérifier les pages consultées à l'aide de l'historique.

«On devrait sensibiliser nos enfants aux conséquences de leur comportement sur Internet et les cellulaires dès qu'on en introduit l'usage, peu importe l'âge», affirme Maureen Baron. C'est aussi l'avis de Danielle Taddeo. «On peut aborder le sujet vers 8 ou 9 ans, si c'est l'âge auquel les enfants commencent à utiliser les messageries instantanées», suggère-t-elle.

Si on découvre que notre enfant envoie ou reçoit des sextos, Maureen Baron déconseille de le punir. Il est important de comprendre dans quel contexte ils ont été envoyés: s'agit-il d'un jeu? A-t-il un problème d'ordre sexuel? Y-a-t-il eu harcèlement? Danielle Taddeo propose d'aborder le sujet différemment en fonction de l'âge de l'enfant: «Vers 12 ou 13 ans, les jeunes ont peu conscience des conséquences de leurs actes, il faut donc les encadrer un peu plus. Vers 16 ou 17 ans, il est bon de les responsabiliser.»

Si les autres jeunes impliqués vont à la même école, la pédiatre conseille de contacter l'établissement afin que des mesures soient prises, en particulier s'il y a de l'intimidation. S'il s'agit de personnes extérieures, c'est au service de police qu'il faudra s'adresser.

 

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Sextos: l'aspect légal

L'envoi de sextos peut être considéré comme de la production et de la distribution de pornographie juvénile en vertu du Code criminel. Par pornographie juvénile, on entend toute image explicite mettant en scène une personne de moins de 18 ans. Il s'agit donc d'un crime grave. Mais Guy Bianchi nuance: «Quand ce sont des jeunes qui envoient et partagent ce genre de photos ou de vidéos, le crime n'a pas la même gravité que lorsqu'il s'agit de quelqu'un qui exploite un jeune enfant, par exemple.»

Le Code criminel prévoit une peine minimale d'emprisonnement pour ces crimes, mais les juges de la jeunesse ne sont pas tenus d'imposer un minimum. Quoi qu'il en soit, un jeune qui diffuserait les images intimes d'un autre jeune s'expose à une sanction, même si «chaque cas est évalué à la pièce», affirme le policier, qui tient à ce qu'avant tout, on ne banalise pas ces actes, peu importe l'âge des personnes impliquées.

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