13 ans et plus
Notre ado au boulot cet été
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Les emplois d'été sont l'occasion idéale pour notre ado de gagner en maturité. Comment l'aider pour que l'expérience soit positive? Ados, parents et employeurs partagent leurs conseils.
Quand son fils a commencé à travailler dans un supermarché l'été dernier, quelques mois avant ses 18 ans, France a constaté un changement dans son comportement. «Il est devenu plus responsable, plus mature. Avant, je devais insister pour qu'il accomplisse des tâches. Maintenant, il en prend l'initiative. » France observe aussi un effet positif sur la personnalité de son grand. «Il est moins timide et s'affirme davantage. On voit qu'il a pris de la confiance en lui.»Une première expérience sur le marché du travail permet de gagner bien plus que de l'argent. L'adolescent acquiert et développe des compétences, comme le travail en équipe, la communication, le sens de l'organisation et des responsabilités, et le service à la clientèle. Il apprend à résoudre des problèmes, à réagir aux imprévus, à discerner les priorités. Il peut aussi se sentir utile et valorisé, ce qui contribue à améliorer son estime de soi. Sans compter qu'il pourrait se découvrir des talents ou des intérêts qui influenceront plus tard son choix de carrière.
Est-il en âge de travailler?
France aurait aimé que son fils travaille à la fin de la 5e secondaire. Il avait alors 16 ans, presque 17. «Je trouvais important qu'il découvre la réalité du marché du travail et qu'il apprenne à gérer un salaire. Mais il n'a rien trouvé. Il faut dire qu'il était peu motivé et que ça devait paraître! » La motivation joue en effet pour beaucoup dans les chances du jeune de décrocher un emploi. «L'employeur doit sentir qu'il a envie de travailler», dit Julie Lachance, conseillère au Carrefour jeunesse-emploi de l'Outaouais.
S'il n'a que 15 ans, sa recherche sera toutefois plus difficile, car rares sont les entreprises qui embauchent des moins de 16 ans. Il est donc réaliste de penser que notre ado trouvera un premier emploi à 16 ou 17 ans, soit vers la fin de la 4e ou 5e secondaire. Il faut aussi savoir que, si notre jeune a moins de 14 ans, il doit obtenir une autorisation parentale pour pouvoir travailler.
Un CV à son image
Évidemment, on lui donne un coup de main pour le préparer et on s'assure qu'il est rédigé sans fautes (on demande à quelqu'un de plus doué en français que nous, si nécessaire). Nathalie a aussi conseillé à ses ados de se créer une adresse courriel plus sérieuse, qu'ils pourront utiliser pour leur recherche d'emploi. «L'adresse de l'un d'eux était formée avec le nom de notre chien, tandis que celle de l'autre ressemblait à quelque chose du genre "iamthebest". Pas génial pour trouver un job!»
Comme il n'a aucune expérience de travail, les activités parascolaires, les prix, les mentions d'honneur, la participation à des sports organisés, la connaissance d'une deuxième langue, la maîtrise de logiciels, les cours de premiers soins ou de sauveteur, les contrats de tonte de gazon ou de gardiennage sont les éléments à inclure dans son premier curriculum vitae. «Cela démontrera son dynamisme, son leadership et toutes sortes d'autres qualités comme l'autonomie, l'esprit d'équipe et le dévouement», souligne Julie Lachance.
En quête d'un premier emploi
Notre jeune est prêt à travailler? «On lui suggère d'en parler autour de lui et même de l'inscrire sur sa page Facebook, dit Mathilde Péloquin, conseillère au Carrefour jeunesse-emploi du Sud-Ouest de Montréal. Plus il en parle, plus il a de chances de tomber sur quelqu'un qui lui donnera un tuyau.»
Bien sûr, si on a des contacts au sein d'une entreprise, on peut dire un bon mot pour fiston. Mais on ne va pas jusqu'à chercher un emploi à sa place. «Je ne prends jamais les CV apportés par des parents, indique Christine Lajeunesse, propriétaire du Lala Gelato, à Pierrefonds. L'adolescent doit me le remettre lui-même. Après tout, c'est lui que j'embauche, pas le parent!»
Notre rôle est plutôt d'encadrer notre ado dans sa recherche et de le préparer à rencontrer des employeurs. «Quelques secondes suffisent pour se faire une première impression d'un candidat, insiste Julie Lachance. D'où l'importance de bien se présenter.» Quand Charles, 17 ans, s'est rendu à la journée d'entrevues organisée par un café nouvellement installé dans son quartier, il a appliqué les conseils de sa mère. «Elle m'avait dit de sourire, de donner une poignée de main franche, de regarder la personne dans les yeux et de bien articuler. Elle m'avait aussi suggéré de parler de mon intérêt pour l'alimentation et la cuisine.» Il a décroché l'un des emplois offerts.
À partir du moment où l'ado commence à faire la tournée des entreprises, il doit être prêt à passer une entrevue. Car certains employeurs lui poseront sur-le-champ des questions pour déterminer si sa candidature est intéressante. On lui propose donc de réfléchir aux réponses qu'il donnerait à certaines questions classiques. Pourquoi veux-tu travailler ici? Peux-tu me parler un peu de toi? Quels sont tes points forts? les qualités que tes amis apprécient chez toi? tes points à améliorer? Pourquoi devrais-je t'embaucher? On peut même simuler une entrevue. «S'il s'est exercé, il se sentira plus en confiance et il performera mieux», affirme Julie Lachance. Pour la même raison, la conseillère en emploi suggère qu'il visite en premier les entreprises qui l'intéressent un peu moins et qu'il garde pour la fin celles qui l'intéressent le plus.
Quand Frédérique, sa fille de 16 ans, a fait des demandes d'emploi, Suzie l'a accompagnée au centre commercial. «Je me suis souvenue de mon expérience du genre à l'adolescence. Se faire dire non, c'est dur. J'ai voulu être un point d'attache sécurisant pour ma fille. Elle avait ciblé une douzaine de boutiques dont elle aimait la marchandise et après chacune, nous nous retrouvions dans le mail. Elle me racontait comment ça s'était passé et je lui donnais des suggestions pour s'améliorer.»
Frédérique a apprécié, mais elle remercie surtout sa mère pour deux conseils précis: «Elle m'a dit de remettre mon CV aux gérantes ou à une personne en autorité. Si elles étaient absentes, je demandais à quel moment je pouvais revenir les voir. Ma mère m'a aussi suggéré de retourner voir les gérantes des boutiques une semaine après ma première visite pour faire un suivi. Ça a valu la peine, puisque l'une d'elles m'a embauchée.» Ces conseils de base, il faut les donner à notre jeune. Et s'il est peu enclin à nous écouter, on le dirige vers le Carrefour jeunesse-emploi de notre région, un organisme qui accompagne les jeunes dans leur recherche d'emploi. Car souvent, les conseils ont plus de poids quand ils sont donnés par d'autres que nous.
C'est lui qui travaille, pas nous!
Une fois l'emploi trouvé, quel est notre rôle? Encore là, on devrait agir comme un coach en aidant notre ado à s'adapter aux attentes et aux exigences du marché du travail. «Le manque de ponctualité, par exemple, est un problème fréquent, rapporte Mathilde Péloquin. Les employeurs nous disent que plusieurs employés prennent les retards à la légère ou qu'ils ne les préviennent pas de leurs absences.» On sensibilise donc notre jeune aux conséquences possibles: «As-tu pensé que tes collègues de travail seront débordés? Que les clients attendront plus longtemps pour se faire servir? Que tu risques de perdre ton emploi?» Même chose pour la tenue vestimentaire, la politesse, l'importance du travail bien fait. On lui fait comprendre que cette première expérience de travail, si elle se passe bien, lui permettra d'obtenir de bonnes références pour ses emplois futurs.
Les premiers jours, on peut s'assurer qu'il soit à l'heure et vêtu convenablement, mais on devrait l'inciter à devenir autonome le plus rapidement possible. Car après tout, un des avantages du travail à l'adolescence, c'est justement le développement de l'autonomie. «Faire ses premiers pas sur le marché du travail, c'est entrer dans un monde d'adultes, souligne Julie Lachance. On ne rendra pas service à notre enfant en le couvant ou en couvrant ses retards ou ses erreurs. On doit plutôt l'encourager à assumer ses responsabilités.»
Difficultés à l'horizon
Il vit des conflits au boulot. On intervient? «Jamais de la vie! s'emporte Frédérique. J'ai eu deux ou trois petits accrochages avec la gérante, et j'ai réglé cela moi-même. Je n'aurais pas voulu que ma mère s'en mêle. J'aurais eu l'air d'une petite fille à sa maman et j'aurais perdu de la crédibilité aux yeux de ma gérante.» Les employeurs, en effet, n'apprécient guère que les parents de leurs employés se mêlent de ce qui se passe dans leur entreprise. Christine Lajeunesse, par exemple, a déjà reçu l'appel d'une mère qui voulait savoir pourquoi le quart de travail de sa fille avait été annulé. Et d'une autre encore qui ne comprenait pas le talon de paie de son fils. «La première fois, je donne l'explication. Mais je dis aux parents qu'à l'avenir leur jeune doit me poser ses questions lui-même. Je suis très occupée avec mon commerce. Je n'ai pas le temps de gérer les parents de mes employés.» À son avis, les parents doivent encadrer leur ado qui en est à son premier emploi, mais demeurer discrets auprès de l'employeur.
C'est ce que préconise Mathilde Péloquin. «On peut aider notre jeune à connaître ses droits, en s'informant auprès de la Commission des normes du travail, à trouver les bons mots pour régler un différend, à préparer sa démarche auprès de son patron ou d'un collègue, mais pas agir à sa place.» Une exception, toutefois: s'il s'agissait d'un problème important, mettant en danger sa santé et sa sécurité par exemple, on pourrait être justifiée d'intervenir. Mais en règle générale, on le laisse se débrouiller. Car des situations difficiles, des patrons qui exagèrent et des petits conflits, ça fait aussi partie de l'apprentissage du monde du travail...
Il veut lâcher son emploi?
D'abord, on le questionne sur les raisons qui le poussent à vouloir démissionner. «S'il n'aime pas un aspect précis de son travail, on lui fait remarquer que, dans tout emploi, il y a des tâches qu'on aime moins, dit Mathilde Péloquin. Puis, on essaie de voir avec lui les côtés positifs.» Comme c'est un emploi d'été, donc temporaire, on l'encourage à persévérer, ne serait-ce que pour avoir une expérience de travail à inscrire dans son CV. On lui fait valoir que s'il obtient de bonnes références, il sera en meilleure position pour trouver un emploi qui l'intéressera davantage l'an prochain.
Par ailleurs, les moments de découragement sont normaux. Occuper un premier emploi est une transition importante dans la vie d'un ado! Peu de temps après avoir commencé à travailler, le fils de 17 ans de France lui a dit que ça ne lui tentait plus de travailler et qu'il pensait lâcher son emploi. «J'étais en désaccord, car je ne voulais pas le voir passer son été à jouer aux jeux vidéo. Mais j'ai compris qu'il avait besoin de valider ce qu'il ressentait. Je l'ai écouté, je lui ai dit que c'était normal d'avoir parfois envie de ne pas travailler.» Ce jour-là, le jeune homme est allé au travail. Et bien d'autres fois aussi, car il a conservé cet emploi pendant l'année scolaire.
Première impression: les erreurs à éviter
Tutoyer. «Quand un jeune me tutoie, c'est un mauvais point pour lui, dit Christine Lajeunesse. Je crains qu'il ne fasse la même chose avec les clients.»
Débarquer en groupe pour solliciter un emploi. C'est peut-être moins gênant, mais ça fait mauvaise impression.
Ne pas soigner son apparence. «Les jeunes n'aiment pas que leurs parents discutent leurs choix vestimentaires, mais c'est un aspect qui influence la perception des employeurs, signale Julie Lachance. Par exemple, les jeans sous les fesses, ça ne passe pas. La casquette, les lunettes de soleil, la gomme dans la bouche, il faut les enlever quand on parle à un employeur potentiel.»
Rester branché. On éteint son cellulaire!
Des ressources pour le guider
Réseau des carrefours jeunesse-emploi du Québec
Commission des normes du travail du Québec